« Tant que je serais là, je ferais tout pour arriver le plus haut possible ». Pour sa première expérience d’entraîneur, Christian Labit, en charge de l’US Carcassonne, club amateur de Fédérale 2, espère que la montée en Fédérale 1 et le titre de champion qu’il vient de brandir ne sont qu’un début. « Depuis tout petit, je n’aime pas la défaite. C’est ma vie, je ne supporte pas de perdre ! » Guy Novès, son coach pendant huit ans au Stade Toulousain a certainement accentué ce trait de caractère. « Cette année, nous n’avons perdu qu’à trois reprise, la preuve que les garçons n’ont jamais baissé les bras. » Pourtant, Christian Labit reconnaît que la défaite peut servir car elle « engendre de la frustration et de la colère ». Aussi, il se souvient d’un match à Vendres-Lespignan, près de Béziers. Une des rares défaites de la saison, le buteur était dans un jour sans. L’USC a bien répondu à la maison avec pas loin de trente-cinq points… Depuis des années, Vendres-Lespignan refuse la montée en F1, question de moyens. Pour Christian, refuser la promotion n’était pas envisageable : « On s’est battus pour l’avoir, je suis venu pour réussir ». Il estime aussi, à juste titre sans doute, que le bouclier est plus difficile à toucher en F2 qu’en Top 14, « où tous les clubs se valent ». Au moins les demi-finalistes. L’USC a du batailler contre une centaine d’équipes et à démarré les matchs couperets en seizième de finale. Pour la première division, où les play-offs débutent en demi-finale, Christian n’ose émettre de pronostiques même si son « club de cœur est Toulouse ». « En demie, poursuit-il, Paris sera difficile à manœuvrer. Cette année, Clermont peut faire basculer la tendance mais Perpignan peut créer une surprise ».
Tournaire déjà à l’USC, bientôt Califano et Porcu !
Christian compte « une dizaine de finales » à son actif, depuis son enfance jusqu’à dimanche dernier. « Les finales, on ne s’en lasse pas. C’est de ne pas en faire qui lasse ». La culture de la gagne, il l’a bien apprise à Toulouse : deux coupes d’Europe, deux boucliers de Brennus. À Narbonne aussi avec un chalenge Yves du Manoir. Pourtant, tout commence à Lézignan-Corbières, sa ville natale, et son premier titre, le championnat cadet… de rugby à XIII. D’ailleurs, l’équipe de XIII de Carcassonne évolue au plus haut niveau national ce qui vaut à ses représentants de la qualifier d’équipe la plus importante de la Cité. Christian, lui, préfère regarder les affluences au stade et avoue « être dans une très bonne moyenne ». Ainsi, ils étaient 2 000, vêtus de jaune et noir, à s’être levé à 5 heures du mat’ pour aller à la finale de Montluçon, à près de 700 km ! Quatre fois plus que ceux d’Arras. L’US Carcassonne a même reçu la Vallée du Girou devant plus de 5 000 spectateurs. De quoi rendre jaloux certains clubs de Top 14.
Quand il est arrivé, Christian avait émis le souhait de rejoindre la Pro D2 en « trois ans » [[Rappel des niveaux du rugby français :
* Top 14 (poule unique, 14 équipes)
* Pro D2 (poule unique, 16 équipes)
* Fédérale 1 (6 poules, 48 équipes)
* Fédérale 2 (8 poules, 96 équipes)
* Fédérale 3 (20 poules, 216 équipes)]]. Il ne reste plus qu’un étage à gravir et deux saisons. « Surtout, il ne faut pas s’enflammer. On contribue à redonner du blason à la ville qui en avait besoin, d’ailleurs, au stade, les gens ne viennent que si on gagne. » En haut, il regarde une ville comme Albi, « moins riche », dont le club vient d’évoluer deux saisons au sommet. Maintenant, pour jouer « plus que le maintien », Christian choisira « sur le côté mental et psychologique », pour que le groupe prenne plaisir à jouer ensemble. Une des premières recrue est un (autre) monument du rugby français, Franck Tournaire, lui aussi ex-stadiste. Et encore, il espère enrôler Christian Califano et Christophe Porcu ! Rien que ça. Il entend créer un « mixe entre les vieux et les jeunes, une sorte de mayonnaise qui fera progresser les plus jeunes ».
Si un jour il devait partir, ce serait « en Fédérale 1 minimum ; la Fédérale 2, j’ai déjà donné » !
Toujours dans le monde du rugby, mais encore des passions plein la tête, il a regardé les matchs de la France contre les Pays-Bas et contre l’Italie. Pas le premier contre la Roumanie. « S’en prendre six en deux matchs, ça fait mal. Je dois leur porter la poisse » pense-t-il. « J’aime aussi la pêche et la chasse. Il faut prendre le temps, même à Toulouse je prenais le temps ». Faire « autre chose » lui paraît primordial, il s’agit d’un « équilibre de vie, de vie d’un homme en général ». Essentiel aussi pour un joueur de rugby. Comme la famille, pour Christian, sa femme Roxane et son fils Grégoire, 4 ans.
Christian avoue : « Maintenant, mon métier, c’est entraîneur », comme si cette justification s’imposait. Il remercie ses adjoints Thomas Clavières, Pierre Fabre et Jacques Renaud. « Cette année, j’ai réellement beaucoup appris avec Thomas, nous avons réussi à faire adhérer le groupe. » Si un jour il devait partir, ce serait « en Fédérale 1 minimum ; la Fédérale 2, j’ai déjà donné » sourit-il. Pourtant, il a récemment reçu des propositions de Pro D2. Toujours en souriant, il avoue : « pas besoin d’y aller cette année, j’y serais peut-être l’an prochain ». C’est tout le bonheur qu’on lui souhaite.
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