Quelle meilleure publicité pour le quatrième long métrage de Sabina Guzzanti que les dernières déclarations du président du conseil italien, Silvio Berlusconi? Il Cavaliere s’est une nouvelle fois illustré cette semaine. Récemment mis en cause dans un nouveau scandale sexuel, il a déclaré qu’« il vaut mieux avoir la passion des belles femmes qu’être gay ».
Ce documentaire, présenté au dernier festival de Cannes, avait fait parler de lui suite au refus du ministre des Biens et des Activités culturels, Sandro Bondi, de venir au festival car il estimait que le film était une offense à l’Italie.
Il faut dire que Sabina Guzzanti n’épargne pas le chef du gouvernement italien. La réalisatrice dénonce la mauvaise gestion du tremblement de terre qui a eu lieu à L’Aquila, capitale des Abruzzes, en avril 2009. Par ce tragique événement, Silvio Berlusconi a vu une formidable occasion de redorer son image alors qu’il chutait dans les sondages. Cette ville, dans laquelle de nombreux monuments ont été endommagés par le séisme, est laissée à l’abandon. Il Cavaliere se présente en sauveur et charge la protection civile (un organisme de secours) de construire de nouvelles habitations dans la campagne environnante. Mais à quel prix? Il écarte les autorités locales et les habitants des décisions concernant la reconstruction. Et profite de ce qu’il définit comme une urgence pour contourner les lois, notamment en matière d’urbanisme. On découvre aussi le sort réservé aux sinistrés pendant la durée des travaux. Ils se retrouvent pendant des mois dans des hôtels loin de leur ville ou dans des campements de fortune. A l’arrivée, si certains seront relogés, se sont quelques 30000 habitants qui se sont retrouvés sans abris.
La Mickael Moore italienne
Sabina Guzzanti n’en est pas à son coup d’essai. En 2005, le documentaire « Viva Zapatero! » présentait l’enquête qu’elle avait mené suite à la déprogrammation de son show Raiot de la télévision publique. Elle dénonçait le non-respect de la liberté d’expression dans une Italie où Silvio Berlusconi contrôle la quasi-totalité des médias. « Draquila, l’Italie qui tremble » a reçu un franc succès en Italie. Plus dramatique que « Viva Zapatero » selon la réalisatrice, le documentaire mêle tout de même sérieux des témoignages et ton humoristique. Et ça fonctionne!
Dans sa démonstration elle montre comment Il Cavaliere utilise l’État pour servir ses propres intérêts. Il arrange les lois à sa manière, place des personnes de son entourage (ses liens avec la mafia sont aussi abordés), contrôle les télévisions et réussi ainsi à manipuler l’opinion publique. Tout cela sans réaction d’une opposition quasi inexistante.
Ce film présente tout de même un espoir pour les italiens. Si l’Italie est derrière la France au classement de la liberté de la presse (les deux pays sont respectivement à la 49ème et 44ème place), il est encore possible de critiquer ouvertement le pouvoir en place.
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