René Feret dit se demander s’il fait «réellement partie du cinéma français». Alors certes, on ne parle pas du même cinéma que celui qu’incarnait feu Claude Berri, mais assurément oui. Et depuis longtemps. Depuis 1975 exactement, année de la sortie de son autobiographique Histoire de Paul, film pour lequel il remportera le prix Jean Vigo. Viendront La communion solennelle, Mystère Alexina, Baptême, Rue du retrait… Son précédent film est sorti en 2006: Il a suffi que maman s’en aille… s’inspire de ses relations avec sa fille Marie, qu’il met également en scène, son propre rôle étant interprété par Jean- François Stévenin.
Dans Comme une étoile dans la nuit, on retrouve Jean-François Stévenin dans le rôle du père, celui d’une jeune femme de 25 ans cette fois, Anne, interprétée par sa propre fille, Salomé Stevenin, sublime.
Ici encore, René Feret s’inspire d’une histoire vraie, celle qu’une de ses nièces a vraiment vécue. Cette histoire, c’est celle d’un jeune couple dont on ne voit pas la rencontre, mais la première nuit. « Je crois que c’est réellement le plus beau jour de ma vie » dira-t-il au réveil. Très vite, Marc et Anne s’aimeront, emménageront ensemble et désireront un enfant, parlant même de mariage. Et puis, très rapidement aussi, un événement viendra tout bouleverser. Marc apprend qu’il est atteint d’un lymphome. La maladie est détectée à un stade avancé, les soins doivent débuter au plus vite.
Commence alors une bataille, celle de l’amour contre la mort. Le couple se trouve encore renforcé par la maladie. Anne ne craquera qu’une fois, au début, avant de devenir forte comme un roc auquel pourra se raccrocher Marc.
Il n’y aura pas de happy end, on le sent bien. Là est tout le sens et le message du film qui se clôt sur la lecture d’une lettre que le réalisateur lui-même aura écrit à sa nièce au jour du départ de son compagnon.
Le savoir donne plus encore de profondeur au film qui n’en avait pourtant pas besoin. Anne et Marc s’aiment comme on aimerait tous aimer et être aimé. Le film fait croire en l’amour, espérer en la vie, malgré le drame qu’il raconte. Il aborde aussi le thème d’un couple qui se suffit à lui-même, et doit pourtant se confronter à la détresse et à la pitié des autres. Celui aussi de la vie qui continue, de la sagesse de cette jeune femme résolue à être heureuse, après, pour deux. Les acteurs, flamboyants, incarnent leur personnage à merveille. La bande originale composée par Guillaume Dumay s’accorde parfaitement à la partition que René Féret a écrit pour eux.
Le résultat à l’écran est lumineux, comme l’amour de Anne et Marc, qui le restera à travers la mort. Comme une étoile dans la nuit.