GRAND ENTRETIEN Kheiron : « L’humour est une arme redoutable face aux problèmes du quotidien »

Par le 27 octobre 2018

De retour à Cinemed pour la présentation de son second film, « Mauvaises herbes », Kheiron excelle dans l’art de parler avec légèreté de sujets sensibles.

Kheiron. Crédit : Cinemed

Quel est le fil conducteur de cette comédie dramatique ?

C’est un film qui traite du pardon et de la rédemption. L’histoire évoque six adolescents qui cherchent leur place dans le monde actuel. C’est aussi inspiré de ce que moi même j’ai vécu en tant qu’éducateur il y a quelques années. La scène où nous voyons les élèves refuser de communiquer avec moi pour leur premier jour de stage, je l’ai vraiment vécu. Ce jour là, j’ai tenté de les raisonner ou de les faire culpabiliser mais rien ne marchait alors je me suis mis à parler à des chaises vides, comme vous pouvez le voir dans le film, et cela a fonctionné.

Pourquoi cette volonté de traiter des sujets sensibles en utilisant l’humour ?

L’humour est selon moi, la meilleure arme pour toucher les spectateurs à propos d’une problématique lourde. Personnellement, je n’aime pas aller voir un film qui va me gâcher la soirée ! Aucun message ne perd de sa valeur avec une touche humoristique. Par exemple, un politicien qui sait faire des blagues sera automatiquement plus fort. Si vous vous faîtes attaquer dans la rue, essayez de faire rire votre agresseur, il n’aura plus les mêmes intentions après cela !

Au début du film, la citation qui apparaît dit qu’il n’y a pas de mauvaises herbes mais que des mauvais cultivateurs, que signifie t-elle ?

Le message que je veux transmettre est qu’il faut savoir porter un autre regard sur quelqu’un qui a échoué. Il faut se servir de la cause pour essayer de comprendre et agir sur la conséquence. Une des répliques clés du film pour moi intervient au moment où Victor (André Dussolier) s’adresse à Monique (Catherine Deneuve) et lui dit qu’en aidant quelqu’un à évoluer c’est à tout le monde qu’on rend service.

Comment avez-vous organisé le casting ?

Le casting a été compliqué car je cherchais six profils différents pour illustrer différentes problématiques. Certains ont été exclus pour des raisons lourdes comme un port d’arme mais d’autres pour des choses plus légères comme de l’absentéisme. Certains ont changé de rôle pendant le tournage car j’estimais qu’ils illustreraient mieux un autre personnage que celui qui leur avait été attribué au début. Par exemple, Adil Dehbi qui interprète le rôle de Fabrice était initialement prévu pour jouer celui de Karim. J’ai effectué les modifications en fonction du clown présent en chacun des acteurs, c’est à dire des sentiments qu’ils dégagent quand ils ne pensent à rien. J’ai aussi passé beaucoup de temps avec les jeunes hors tournage pour instaurer une relation de confiance.

Beaucoup de clichés sur la banlieue sont présent tout au long des scènes, est-ce une volonté de votre part ?

Un cliché évoque quelque chose de vrai sur lequel les gens vont tellement insister qu’il va acquérir une connotation négative. Un film sans clichés n’apporte rien et ne fait que mettre en scène un monde inversé et incohérent.

Il s’agit de votre second long-métrage en tant que réalisateur, quel est votre rapport avec le monde du septième art ?

Je n’étais pas du tout cinéphile à la base. Avant le lancement de mon premier film, Nous trois ou rien, j’ai du en voir environ trente à tout casser. C’est une passion qui m’est venue progressivement pendant les tournages, aujourd’hui je vais quatre fois par semaine au cinéma. Je me suis lancé dans la comédie française car c’est le genre le fait déplacer le plus de monde, cela montre que notre cinéma est en bonne forme.

Le stand-up a t-il une influence sur votre carrière cinématographique ?

Quand j’ai commencé dans le cinéma, mon premier objectif était de surprendre le public. Je savais déjà que je n’allais pas raconter mes blagues de scènes dans mes productions alors j’ai réfléchi à autre chose à commencer par ma propre histoire et celle de mes parents. Ce sont des choses que je n’avais jamais évoquées sur cette scène alors j’ai pensé qu’il serait intéressant de les aborder sous un autre format.

Préparez-vous un troisième projet ?

J’ai l’intention de sortir mon troisième film d’ici 2020 mais à condition que Mauvaises herbes soit un succès pour nous permettre d’avoir un budget conséquent.

Mauvaises herbes sort en salle le 21 novembre 2018.

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à propos de l'auteur

Auteur : Ludovic Clotagatide

De la Réunion à Montpellier en passant par la Belgique, l’intérêt de ce jeune créole pour le journalisme s’est renforcé tout au long de son parcours. Bercé par les voix de Thierry Roland ou encore Thierry Gilardi durant son enfance, c’est à 21 ans qu’il décide de s’envoler pour l’Europe, avec pour principal objectif, devenir journaliste sportif. C’est pourtant vers la presse écrite qu’il souhaite se diriger préférant l’écriture aux caméras et micros et après un stage concluant au JIR à Saint-Denis. C’est en intégrant la rédaction d’Haut-Courant qu’il souhaite aujourd’hui franchir un nouveau palier dans sa jeune carrière.