SÉANCE TENANTE #6 – Dans l’attente filme des vies en suspens

Avec Dans l’attente, Sarah Limorté suit le parcours de huit afghans hébérgés dans les Cévennes. Présenté à Cinemed dans la section Regards d’Occitanie, le documentaire peint avec justesse et réalisme le poids de l’attente d’un permis de séjour.

Dans le cadre des ateliers Varan, Sarah Limorté réalise son premier documentaire sur le thème : « Est ce ainsi que les jeunes vivent ?». Elle choisit de partager le quotidien de jeunes réfugiés afghans dans le village de Lassalle. Une problématique qui lui tient à cœur : « A Marseille, je suis impliquée dans les actions du collectif soutien migrants 13». Son intérêt est renforcé par la méfiance qu’elle observe envers ces jeunes croisés dans les rues et les commerces du village. «  Il y avait souvent des discours hostiles à leur présence qui faisaient complétement contraste avec l’engagement des bénévoles». La réalisatrice marseillaise décide alors de montrer les difficultés de l’attente pour l’asile, de vivre ce processus de l’intérieur.

«Je suis allée frapper à leur porte. Je  n’en menais pas large, j’étais un peu intimidée». Mais très vite, les jeunes l’accueillent, l’invitant à manger et à boire le thé. L’échange humain s’établit de manière évidente. La communication linguistique, elle, s’avère plus complexe. Le groupe d’afghans ne comprend pas immédiatement que Sarah Limorté souhaite faire un documentaire sur leur parcours. « Je pense que je suis arrivée un peu comme un ovni, le lien s’est créé mais de là à amener une caméra…». La contrainte de temps – un mois pour réaliser le documentaire – n’a pas favorisé l’instauration d’une relation de confiance. La seule expérience que ces jeunes avaient de l’image était l’agressivité des journalistes de Calais lors du démantèlement de la jungle. Certains d’entre eux étaient terrorisés à l’idée d’être retrouvés par les talibans. D’autres craignaient que le film ait un impact sur leur demande d’asile. A force de discussions, ils acceptent d’être filmés mais à une seule condition, conserver leur anonymat.

Tout l’espace cérébral est occupé par l’incertitude de l’avenir.

Une contrainte formelle qui va peu à peu devenir un choix esthétique. Pour ne pas filmer les visages, Sarah Limorté choisit d’explorer le gros plan : les mains, les pieds, le jeu, les exercices de français, le téléphone. « J’ai beaucoup tâtonné avec ma caméra, je ne savais pas trop au début comment m’y prendre, mais très vite cela m’a ouvert une porte sur des détails, des moments de forte concentration, de focalisation sur des choses pour passer le temps». Avec ces gros plans, Sarah plonge le spectateur dans l’intensité de chaque instant. Les vies sont en pause. Tout l’espace cérébral est occupé par l’incertitude de l’avenir. Face à l’attente d’un permis de séjour, les projections dans le futur sont impossibles. Pourquoi apprendre une langue, créer de nouvelles relations, faire un effort d’intégration si c’est pour être expulsé du pays dans les mois qui suivent ? Ces jeunes sont marqués par des déchirements permanents. Les communautés qu’ils recréent volent constamment en éclat. : «Ils me parlaient beaucoup de leur colère d’être séparés. Je l’ai un peu vécu avec eux, je commençais à filmer quelqu’un et il me disait deux jours après « je m’en vais ».

Aujourd’hui, ils sont dans une toute autre dynamique. «J’ai fait ce film dans un moment de leur vie où ils étaient en suspens ». Ils ont quasiment tous obtenu une réponse positive à leur demande d’asile et sont désormais inscrits à des formations intensives de français et des formations professionnelles. Les jeunes afghans ont assisté à la projection de son documentaire avec beaucoup d’enthousiasme. La peur et la pudeur qui avaient poussé certains à dissimuler leur visage a fait place à la fierté. L’un d’entre eux confie même à la jeune réalisatrice :  « si tu refais un film je montrerai que je travaille, que je parle mieux français et là tu pourras montrer mon visage ».

Mais cette situation est loin d’être une généralité. De nombreux «dublinés » vivent dans la terreur d’être rattrapés par la police et expulsés rappelle Sarah Limorté. Elle dénonce l’arbitraire des décisions de l’Office Français des réfugiés et apatrides mais surtout la procédure Dublin qui impose de demander l’asile dans le premier pays franchi en Europe. «Se retrouver à renvoyer des francophones en Italie pour des questions d’empreintes, je trouve cela scandaleux».

VIDEO CINEMED #8 Haut Courant à la rencontre de Guillaume Giovanetti et Çagla Zencirci

Entretien avec Guillaume Giovanetti et Çagla Zencirci, les réalisateurs du long métrage Sibel. Au cours du Festival du cinéma méditerranéen, le site HautCourant vous propose une série de vidéos sur l’évolution du phénomène #metoo. Qu’en est-il un an après ?

GRAND ENTRETIEN Kheiron : « L’humour est une arme redoutable face aux problèmes du quotidien »

De retour à Cinemed pour la présentation de son second film, « Mauvaises herbes », Kheiron excelle dans l’art de parler avec légèreté de sujets sensibles.

Quel est le fil conducteur de cette comédie dramatique ?

C’est un film qui traite du pardon et de la rédemption. L’histoire évoque six adolescents qui cherchent leur place dans le monde actuel. C’est aussi inspiré de ce que moi même j’ai vécu en tant qu’éducateur il y a quelques années. La scène où nous voyons les élèves refuser de communiquer avec moi pour leur premier jour de stage, je l’ai vraiment vécu. Ce jour là, j’ai tenté de les raisonner ou de les faire culpabiliser mais rien ne marchait alors je me suis mis à parler à des chaises vides, comme vous pouvez le voir dans le film, et cela a fonctionné.

Pourquoi cette volonté de traiter des sujets sensibles en utilisant l’humour ?

L’humour est selon moi, la meilleure arme pour toucher les spectateurs à propos d’une problématique lourde. Personnellement, je n’aime pas aller voir un film qui va me gâcher la soirée ! Aucun message ne perd de sa valeur avec une touche humoristique. Par exemple, un politicien qui sait faire des blagues sera automatiquement plus fort. Si vous vous faîtes attaquer dans la rue, essayez de faire rire votre agresseur, il n’aura plus les mêmes intentions après cela !

Au début du film, la citation qui apparaît dit qu’il n’y a pas de mauvaises herbes mais que des mauvais cultivateurs, que signifie t-elle ?

Le message que je veux transmettre est qu’il faut savoir porter un autre regard sur quelqu’un qui a échoué. Il faut se servir de la cause pour essayer de comprendre et agir sur la conséquence. Une des répliques clés du film pour moi intervient au moment où Victor (André Dussolier) s’adresse à Monique (Catherine Deneuve) et lui dit qu’en aidant quelqu’un à évoluer c’est à tout le monde qu’on rend service.

Comment avez-vous organisé le casting ?

Le casting a été compliqué car je cherchais six profils différents pour illustrer différentes problématiques. Certains ont été exclus pour des raisons lourdes comme un port d’arme mais d’autres pour des choses plus légères comme de l’absentéisme. Certains ont changé de rôle pendant le tournage car j’estimais qu’ils illustreraient mieux un autre personnage que celui qui leur avait été attribué au début. Par exemple, Adil Dehbi qui interprète le rôle de Fabrice était initialement prévu pour jouer celui de Karim. J’ai effectué les modifications en fonction du clown présent en chacun des acteurs, c’est à dire des sentiments qu’ils dégagent quand ils ne pensent à rien. J’ai aussi passé beaucoup de temps avec les jeunes hors tournage pour instaurer une relation de confiance.

Beaucoup de clichés sur la banlieue sont présent tout au long des scènes, est-ce une volonté de votre part ?

Un cliché évoque quelque chose de vrai sur lequel les gens vont tellement insister qu’il va acquérir une connotation négative. Un film sans clichés n’apporte rien et ne fait que mettre en scène un monde inversé et incohérent.

Il s’agit de votre second long-métrage en tant que réalisateur, quel est votre rapport avec le monde du septième art ?

Je n’étais pas du tout cinéphile à la base. Avant le lancement de mon premier film, Nous trois ou rien, j’ai du en voir environ trente à tout casser. C’est une passion qui m’est venue progressivement pendant les tournages, aujourd’hui je vais quatre fois par semaine au cinéma. Je me suis lancé dans la comédie française car c’est le genre le fait déplacer le plus de monde, cela montre que notre cinéma est en bonne forme.

Le stand-up a t-il une influence sur votre carrière cinématographique ?

Quand j’ai commencé dans le cinéma, mon premier objectif était de surprendre le public. Je savais déjà que je n’allais pas raconter mes blagues de scènes dans mes productions alors j’ai réfléchi à autre chose à commencer par ma propre histoire et celle de mes parents. Ce sont des choses que je n’avais jamais évoquées sur cette scène alors j’ai pensé qu’il serait intéressant de les aborder sous un autre format.

Préparez-vous un troisième projet ?

J’ai l’intention de sortir mon troisième film d’ici 2020 mais à condition que Mauvaises herbes soit un succès pour nous permettre d’avoir un budget conséquent.

Mauvaises herbes sort en salle le 21 novembre 2018.

VIDÉO CINEMED #7 : Haut Courant à la rencontre de Kheiron

Entretien avec Kheiron, réalisateur, acteur et humoriste. Il répond à nos questions sur Catherine Deneuve qui interprète le personnage de Monique dans son dernier film « Mauvaises herbes ».

 

SÉANCE TENANTE #5 – Berlinguer ou le compromis politique à l’italienne

Enrico Berlinguer, leader du parti communiste en Italie dans les années 1970, a su toucher tout un pan de la société italienne grâce à sa manière humaniste de diriger. Walter Veltroni retrace ces années mémorables dans le documentaire Quando c’era Berlinguer.

Lénine, Marx, Marchais… des noms que l’on associe instinctivement au communisme. En Italie, le leader, celui qui a réussi à faire voter un tiers de la population italienne pour le parti communiste italien (PCI) dans les années 1970 est Enrico Berlinguer. Loin des standards du leader à l’italienne, il réussit à insuffler un changement radical dans le paysage politique transalpin. Au travers du documentaire Quando C’era Berlinguer (Quand il y avait Berlinguer), son réalisateur, Walter Veltroni, ancien maire de Rome et ministre de la Culture, retrace en 50 minutes la vie du leader populaire et charismatique du PCI adulés de ses partisans.

L’air timide, portant « des vêtements toujours trois fois trop grand pour lui », comme s’amuse à le dire le musicien Lorenzo Cherubini, Berlinguer a réussi à conquérir aussi bien les cœurs que les esprits de la classe ouvrière et des pans entiers de la société italienne.

L’ascension politique du jeune Berlinguer démarre en 1949 lorsque Palmiro Togliatti, fondateur du PCI, lui confie le poste de secrétaire général des jeunesses communistes italiennes. Ses premières décisions sont particulièrement audacieuses dans le contexte très stalinien de l’époque : en 1957, Berlinguer supprime, par exemple, l’obligation pour les membres du parti de se rendre en URSS. Sa popularité et sa critique ouverte du communisme soviétique lui permettent vite d’obtenir des mandats électoraux : il sera ainsi député de Rome en 1968. Il condamne à l’époque l’invasion de la Tchécoslovaquie et l’écrasement du Printemps de Prague par le régime soviétique et continue d’imposer sa vision humaniste du communisme en Occident.

En 1972, il devient secrétaire du PCI. Dans son documentaire, Veltroni prend le soin de montrer dans avec les images de sa caméra, remportée lors d’un loto sportif à l’âge de 15 ans, les mouvements de liesse suscitée par le leader du PCI sur la place Saint-Jean de Latran à Rome. On y voit un Berlinguer parlant posément, mais « capable de taper du poing ! » comme le décrit le fondateur du quotidien Repubblica Eugenio Scalfari.

Intègre, honnête et sobre, il va devenir la grande figure de la gauche italienne et le leader du parti communiste le plus puissant d’Occident. Tout au long de ce qu’il décrit comme sa « mission », il va lutter pour que la démocratie italienne, menacée par le terrorisme d’extrême gauche et d’extrême droite, perdure. Mais il sera freiné à de multiples reprises. Des agents soviétiques tenteront de l’assassiner lors d’un voyage en Bulgarie en 1973. Les Brigades rouges mettront fin à ses espoirs de compromis en tuant Aldo Moro, chef de la démocratie chrétienne et partisan de ce compromis, et cinq de ses gardes du corps à Rome.

De l’émancipation soviétique à l’eurocommunisme (tentative de regrouper les partis communistes français, espagnol et italien), Berlinguer a toujours recherché le compromis dans son action politique. Homme du renouveau politique italien, il a su dépasser les limites de son propre parti. S’appuyant sur les témoignages de responsables politiques de l’époque, de la fille de Berlinguer et des images d’archives, Veltroni dépeint avec force celui qui était « bien plus qu’un homme politique ».

 

Cinemed, jamais à court de talents !

En partenariat avec l’association Les Ami(e)s du Comédy Club, présidée par Jamel Debbouze, et Cinebanlieue, Cinemed lance son troisième appel à projet « Talents en court ». Une initiative destinée à favoriser l’éclosion de jeunes réalisateurs pour qui l’accès au milieu professionnel est difficile.

« L’idée de départ est de donner une chance aux talents qui n’ont pas encore certains codes ». Avec « Talents en court », Christophe Leparc, directeur du Cinemed et son équipe espèrent favoriser une mixité culturelle et sociale dans le milieu du court métrage. L’opération a été montée en partenariat avec l’association les Ami(e)s du Comedy Club, présidée par Jamel Debbouze.

« Assurer un suivi ! »

Cette année encore, 43 projets ont été soumis au dispositif « Talents en court ». Cinq ont été retenus. Pas encore réalisés, ces projets de courts métrages sont présentés aujourd’hui par leurs auteurs à des pros du secteur.

Le cinéma est une histoire de moyens, de confiance… et de réseaux aussi. Pour certaines jeunes, l’accès au milieu professionnel est parfois difficile, voire impossible, faute de formations, d’expériences significatives ou de coups de pouce pour démarrer. Avec une aide au développement des projets, Cinemed offre l’occasion de présenter sa création.

En favorisant la rencontre entre les producteurs et les jeunes talents, Sylvie Suire, administratrice des journées professionnelles, et Christian Leparc veulent « assurer un suivi » « Nous leur donnons quelques indications pour les aider à trouver des producteurs et à présenter leur projet », explique Christophe Leparc. « C’est une manière de se confronter aux professionnels du métier » poursuit l’administratrice des journées professionnelles. Ainsi, sur 43 projets proposés, cinq ont été sélectionnés.

« J’attends un peu de reconnaissance »

Parmi eux, celui d’Ahmed-Yassine Drissi. Ce féru de culture générale attend beaucoup de cette 40ème édition. Déjà présent à Cinemed pour un projet qu’il a depuis mis de côté, ce jeune cinéphile espère convaincre avec Hélène Kowalski. Un nouveau « court » sur la vie d’une ancienne gymnaste qui souffre d’un manque de reconnaissance. Entre sa folie, sa quête de l’amour et les regrets d’une carrière terminée prématurément, Hélène décide de se venger et se crée un amour artificiel. « J’ai plaisir à montrer mon travail, j’attends un peu de reconnaissance » confie celui qui rêve de réaliser un Western.

Lucie Anton vient elle aussi présenter son projet et espère trouver l’aide financière pour le produire. Avec La sœur de Dicaprio, une histoire de taureaux et de courses camarguaises, la native d’Occitanie souhaite montrer sa région où « traditions et modernité se confrontent ».

Trois autres projets seront présentés durant l’après-midi. Aurore de Pierre Le Meut, Le cimetière marin de Lewis Chambard, L’enfant du métro de Nathan le Graciet. Des idées à l’état projets, mais de grandes ambitions.

Enfin, pour cette 40ème édition, cinq courts métrages qui ont bénéficié de ce soutien sont projetés, certains en compagnie de leurs réalisateurs.

Jeudi 25 octobre, 14h au Corum, salle Einstein :

  • Présentation des cinq projets sélectionnés en présence de leur auteur.
  • Projection des cinq films courts métrages (dont trois en présence des réalisateurs : Le Jour de ton jour, Deglet Nour et l’Enfant Chameau).
  • Lecture de La Veillée de Riad Bouchoucha, produit par Adrien Bretet (Pictor Production). Projet sélectionné par La Ruche à Gindou en 2016, lu par Quentin Gratias, ancien élève de l’ENSAD.

SEANCE TENANTE #4 – Jean Lassalle, un héros atypique

On connait de lui son béret. Pierre Carles et Philippe Lespinasse ont suivi Jean Lassalle lors de sa campagne électorale de 2017. Un berger et deux perchés à l’Elysée ? raconte leur chemin au jour le jour, sans langue de bois.

4 avril 2017, au soir. Les onze candidats à l’Elysée sont présents au débat télévisé qui les oppose avant le premier tour de la présidentielle. Focus sur Jean Lassalle. Le Béarnais s’organise à sa manière dans les toilettes du studio. « Je n’ai rien préparé. Vous savez ma mère a mis huit jours à me mettre au monde. […] Je n’ai jamais pu rattraper le retard. » L’homme politique fait sourire. Voire carrément rire quand il compare la moralisation de la vie publique au toilettage d’un patient en maison de retraite. Le personnage est « un loser magnifique » s’amuse Pierre Carles, l’un des réalisateurs.

Alors pourquoi en faire le héros du documentaire ? Déprimés par le paysage politique français et assoiffés de révolution, Philippe Lespinasse et Pierre Carles se tournent vers les chefs d’Etat progressistes latino-américains. Dans le lot, Rafael Correa, Hugo Chávez… et Jean Lassalle, maire à 22 ans, qui n’a rien de sud-américain. Ni de Président. Mais les deux journalistes sont séduits. Ils voient en le berger de Lourdios-Ichère, un humaniste anti-libéral capable de gravir les échelons du pouvoir. Un pacifiste « le moins à droite des députés de droite », capable de remporter le « Château ». Il est difficile de les prendre au sérieux. Pourtant, les deux réalisateurs, « perchés » comme ils disent, en sont convaincus : le gardien de troupeaux sera à l’Elysée.

Pendant une année, ils décident de le suivre dans sa campagne électorale. Chargés aussi de l’aider à trouver les 500 parrainages nécessaires pour participer à la course folle vers la présidence. Une difficile chasse aux signatures où s’enchaînent les témoignages de soutien de ses proches et moins proches. Il faut dire que le petit candidat « libre, indépendant et populaire » rassemble tous les bords, du communiste au monarchiste qu’il charme par sa gouaille et son naturel. Quand il s’agit de chanter ou de monter sur les tables, Jean Lassalle est le premier volontaire. Le premier aussi à se cogner contre les meubles, renverser du vin et à ne pas reconnaître Philippe Poutou après deux minutes de conversation. Mais le berger n’en oublie pas une certaine part d’auto-dérision. « Vous savez, je suis une caricature ambulante », résume-t-il. Et cette caricature, quoique maladroite, croit en son pif.

Mais c’est sans compter sur ses faux pas. Comme le malheureux jour où le Béarnais rencontre Bachar el-Assad, jugé responsable de crimes de guerre. Le regard des réalisateurs change. Premières inquiétudes, les préludes à d’autres tracas. Ses brebis verront-elles l’herbe verte de l’Elysée ? Les résultats tombent. Malgré plus de 700 parrainages soit plus que Marine Le Pen, le candidat arrive en septième position avec 1.21% des voix. La réalité a refait surface.

En clôture de l’avant-première ce lundi à Cinemed, les deux journalistes, tantôt enthousiastes, tantôt désillusionnés, expriment leur joie d’avoir pu suivre le quotidien du berger le plus connu de France. Et comptent bien la partager avec leur reportage, dans les salles de cinéma en janvier 2019.

VIDÉO CINEMED #6 : Haut Courant à la rencontre de José Luis Guérin

Entretien avec le réalisateur José luis Guérin. Au cours du Festival du cinéma méditerranéen, le site HautCourant vous propose une série de vidéos sur l’évolution du phénomène #metoo. Qu’en est-il un an après ?