Le feuilleton des vicissitudes des deux journaux économiques français touche à sa fin. Bien triste dénouement en vérité. Cinq mois d’âpres négociations, de grèves et de unes spectaculaires n’auront pas suffi à faire plier le tout puissant Bernard Arnault, patron du groupe LVMH. Celui-ci s’est finalement offert Les Echos en déboursant pas moins de 240 millions d’euros. C’était sans compter la division par deux des bénéfices du groupe en 2007. Les rédacteurs du premier quotidien économique ont participé à un dernier baroud d’honneur en décidant de la non-parution du journal pendant deux jours les six et sept novembre dernier. La grève a touché plus de fois Les Echos ces cinq derniers mois qu’en pratiquement un siècle d’existence. C’est dire la gravité de la situation. Pour reprendre un des slogans des grévistes, « l’indépendance n’est pas un luxe », surtout en ces temps difficiles où la presse quotidienne tombe progressivement entre les mains des industriels du pays. Un titre de plus, un de moins… Et Bernard Arnault, proche de Sarkozy, a déjà démontré ses capacités de nuisance en intervenant durant la campagne présidentielle sur l’indépendance éditoriale de La Tribune dont on connaît maintenant le nom du repreneur. Il s’agit d’Alain Weil, patron de NextRadioTV. En mettant les rédacteurs devant le fait accompli, le patron de LVMH n’a manifestement pas été sensible à la récente interpellation des salariés du journal en manchette de une : « M. Arnault, divorçons dignement ». Au mépris des propositions des journalistes, Bernard Arnault s’est finalement mis en position de choisir son futur concurrent. L’indépendance de la presse en prend un sacré coup. Notre démocratie aussi au passage…
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