Isabelle Stoehr a commencé très tôt le squash. A l’âge de 5 ans, elle était déjà sur les cours. A 7 ans et demi, elle devient championne de France benjamine chez les moins de douze ans, puis
elle enchaîne tournois et victoires en Europe et dans le monde. Elle vit depuis deux ans à Montpellier. C’est avec une tendresse non dissimulée qu’elle parle de celui qui fut son
entraineur Paul Sciberras : « contrairement à d’autres entraineurs qui ne privilégient que la performance, Paul nous incite à faire travailler notre mental, à toujours nous remettre en
question ». « Le squash nous apprend à faire des choix, c’est une capacité très utile dans la vie de tous les jours », poursuit-elle. Isabelle Stoehr, fait partie des 350 femmes qui pratiquent
ce sport en tant que professionnelles dans le monde ; « un bien grand mot en fait, on ne peut pas vivre exclusivement du squash. J’ai passé 7ou 8 ans à ne faire que ça, au
bout d’un moment on stagne dans le top 20, et on ne comprend pas pourquoi on a perdu le niveau ». Isabelle Stoehr confie : « j’avais besoin de retrouver une certaine ouverture, j’ai
repris mes études de Staps, j’espère ainsi devenir kinésithérapeute puis ostéopathe ».
Thierry Lincou et Renan Lavigne s’accordent avec elle pour reconnaître que l’on vit difficilement du statut de professionnel au squash.
Un sport qui ne prend pas soin de ses champions
L’un comme l’autre ont
réellement débuté leur carrière à 18 ans, après un parcours classique de lycéen, jalonné d’entraînements depuis l’âge de 8 et 10 ans. Selon eux, beaucoup de choses sont à revoir dans
les modes de financement de leur sport. « Il n’y a pas beaucoup de moyens et le peu qu’il y a, on le place dans des considérations administratives, et non pas à la recherche de
sponsors » note Thierry Lincou. « Pas de partenaires, pas d’évènements, pas d’attractivité, pas de sponsors, c’est un cercle vicieux » renchérit Renan Lavigne. A 32 et 33 ans, les deux
champions pensent à leur reconversion. Ils sont étudiants en Master management du sport à Marseille. « J’ai eu la chance de ne pas rencontrer de graves blessures, j’espère continuer
encore 2 ou 3 ans à ce niveau » déclare Renan Lavigne « je persévère tant que j’ai du plaisir à le faire » poursuit-il . Thierry Lincou explicite ce que signifie être « à leur niveau » aujourd’hui : « c’est se retrouver dans le même petit groupe de quarante joueurs qui s’affrontent au
cours des douze tournois qui ponctuent l’année autour du monde ». Une situation qui leur a fallu atteindre au prix d’un gros travail. « Au moment où nous avons commencé notre carrière
il n‘existait pas de pôles de compétition, on a du se débrouiller pour atteindre un bon niveau. »
explique Renan Lavigne.
Une occasion de spectacle samedi 22 mars à Montpellier
Isabelle, Thierry et Renan ont, avec une vingtaine d’autres champions, croisé le chemin de l’entraineur Paul Sciberras. Celui-ci tire sa révérence cette année. A cette occasion, il a décidé
de réunir à Montpellier (où il vit depuis quelques temps), quelques uns des ses « élèves ». Il leur offre ainsi, le temps d’un stage d’une semaine, la possibilité de se retrouver tout en s’entraînant . Si tous s’accordent sur
les qualités requises pour être un bon joueur : rapidité, endurance et adresse, leur définition de ce sport varie entre les références au « billard tri dimensionnel »
pour Paul Sciberras, et « au jeu d’échec » pour Renan Lavigne. Le squash est un sport complexe et exigeant, un sport «cognitif» rappelle Paul Sciberras. Un sport qui demande une implication totale des joueurs. 4 heures quotidiennes d’entraînement sont nécessaires pour obtenir un bon niveau.