La vallée du Haut Douro, située dans le nord du Portugal, produit deux vins aux appellations d’origine contrôlée : le porto et le douro. Dans cette région, la vigne est essentiellement exploitée par de petits producteurs possédant leur propre domaine, appelé quinta. On dénombre pas moins de 30 000 hectares de vignes dans la région avec des caves qui vendent leur porto aux grandes compagnies mais également en vente directe. L’exportation fait partie éminente des caves coopératives portugaises.
Peu en vogue au Portugal, le vin bio est l’apanage de quelques familles qui se succèdent de génération en génération. La société Clemente Menéres, qui espère voir le secteur se développer à l’avenir, ne déroge pas à la règle. Cette société agricole, créée en 1874, est basée en marge du fleuve Douro au nord-est du pays. Elle pratique exclusivement du bio, que ce soit pour le vin ou l’huile d’olive. 36 personnes travaillent quotidiennement dans les parcelles. Et même jusqu’à 40 puisque quatre personnes s’occupent du restaurant du domaine. Les équipes effectuent des rotations pour s’occuper à tour de rôle de la production du vin, de l’huile d’olive mais aussi du liège, matériau indispensable de par son pouvoir isolant. D’autant plus que les hivers sont très froids et humides et les étés très chauds et très secs dans cette région au climat continental.
Une véritable affaire de famille en somme (cinquième génération) qui conserve le même esprit tout en essayant de perfectionner les techniques ancestrales avec soin et dévouement. «Tout est relié pour qu’on puisse travailler tous ensemble et ne pas faire de monoculture», assure João, le fils du patron du domaine qui prendra le relais dans quelques années. L’échelle humaine prédomine dans leur travail pour la préservation du terroir tout en étant à la recherche de nouveaux arômes.
La famille Menéres se vante de pouvoir produire un des meilleurs vins du Portugal en termes de qualité. Elle en veut pour preuve de son succès, son export : les cinq plus gros acheteurs étrangers proviennent des États-Unis, d’Angleterre, de Belgique, du Danemark et de la Belgique. Au salon Millésime Bio, la Quinta do Romeu espère conquérir de nouveaux marchés, trouver des acheteurs potentiels pendant ces trois jours et obtenir plus de reconnaissance pour leur travail. En effet, les vins du Porto sont souvent tombés entre les mains de grands groupes internationaux (Cruz, Fonseca, Sandeman, Graham’s, …) au détriment de société familiales 100% portugaises qui fabriquent parfois encore leur vin en foulant toujours le raisin dans les lugares, ces grandes cuves naturelles où sont stockés puis mis en sommeil les vins destinés prochainement à la consommation lorsque ceux-ci seront en bouteilles.
Dans leur domaine de 25 hectares situé à 320 mètres d’altitude, la famille Menéres obtient ses meilleurs vins avec des raisins issus de cépages noirs portugais comme la Touriga nacional. Grâce à ses faibles rendements, cette variété à petits grains et peaux épaisses joue un rôle essentiel dans les assemblages du vin de Porto ou du Douro en apportant au vin puissance et équilibre mais le domaine produit aussi des rosés et des blancs à des prix abordables situés entre dix et quinze euros pour le grand public. «Nos meilleurs vins sont de 2011 pour les rouges, de 2012 pour les blancs et de 2013 pour les rosés. Toutes nos bouteilles oscillent entre 11 et 14 degrés d’alcool», commente João.
Toujours à la recherche d’une parfaite harmonie entre les personnes, l’environnement et la culture agricole et profondément attaché aux traditions religieuses et à la terre, la famille Menéres se désigne comme «étant consciente d’avoir les pieds sur terre et d’avoir Dieu dans le ciel». Venue au tout bio depuis 1998, la Quinta do Romeu est entièrement certifiée, ce qui «valorise notre volonté de produire une culture qui respecte l’environnement et la santé de nos consommateurs », explique João. Pour le plus grand bonheur de leurs compatriotes. Les Portugais apprécient ainsi tout particulièrement la dégustation de ces vins avec du bacalhau, plat typique de la cuisine portugaise confectionné à base de morue. «Pas avec la cuisine italienne, les sushis ou la nourriture light» prévient João, de manière catégorique. Les vins du Douro semblent donc se marier à la perfection à une nourriture traditionnelle.
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