Mr. Robot : hacke-moi si tu peux ! L’histoire est celle d’Elliot, un jeune programmeur qui travaille pour une société de sécurité informatique. Ce dernier souffre de phobie sociale et de dépression clinique. Il utilise ses talents de hackeur pour donner un sens à sa vie et tisser des relations : espionner la vie de son entourage ou faire chanter des personnes peu recommandables. Cette dernière action lui permet de payer la morphine qui l’aide à se maintenir dans un monde où rien n’est très réel pour lui.
Tout va s’accélérer lorsque Elliot est contacté par un mystérieux anarchiste qui se fait appelé Mr. Robot (interprété par un non moins énigmatique Christian Slater). Ce dernier l’invite à participer à la chute d’E-Corp, une compagnie multinationale, qui brime les libertés individuelles (l’entreprise est à cet effet rebaptisée EvilCorp par le héros paranoïaque). Elliot rejoint alors l’équipe d’hacktivistes de Mr. Robot, identifiée sous le nom de Fsociety, communauté d’internautes qui n’est pas sans rappeler, volontairement, les Anonymous.
Dans la tête d’un hackeur
Interprété par Rami Malek (acteur peu connu, vu notamment dans La Nuit au Musée), Elliot est un personnage qui ne tombe pas dans les clichés du geek. En ce sens, l’acteur a un physique qui sied parfaitement à son rôle de hacker paumé : ses yeux cernés grands et vides hypnotisent, sa voix monocorde envoûte.
Au premier abord, passer 10 fois 45 minutes dans la tête d’un hacker dépressif peut rebuter. C’est pourtant, au-delà des éléments conspirationnistes et paranoïaques, l’un des aspects les plus réussis de la série. Elliot se parle à lui-même, nous parle. La série débute d’ailleurs par un « Hello friend », voix off qui a aussi un rôle, celui d’impliquer le téléspectateur.
Et ça marche, dès le premier épisode, on est immergé dans la tête d’Elliot : on vit à travers lui, on se rappelle qu’il n’est pas sain d’esprit et on devient tout aussi dubitatif sur l’existence du mystérieux Mr. Robot. Au final, on est dans une sorte de folie partagée avec le héros, aliénation qui nous tient en haleine dix épisodes durant.
Un labyrinthe relationnel
Autour d’Elliot gravite une poignée de personnages, tous complexes et jamais prévisibles.C’est le cas de Tyrell Wellick joué par Martin Wallström. D’abord jeune arriviste aux dents longues, il se révélera être, au fil des épisodes, un manipulateur tout aussi intelligent et ambiguë. Un « ennemi » loin du simple faire-valoir censé s’opposer au héros.
Comme le dit Elliot qui se prend à rêver d’une vie « sans bugs », les actions des personnages se justifient pour « protéger » leur « labyrinthe parfait », sous-entendu, leurs secrets inavouables. Au téléspectateur de pénétrer ce dernier, de trouver son chemin et d’en sortir (ou pas) à chaque épisode.
Une réalisation soignée
Ce qui frappe en premier en regardant Mr. Robot, c’est sa froideur. Les images sont sombres et léchées. Les plans larges dans lesquels apparaissent des acteurs aux corps coupés aux trois quarts contribuent à l’identité visuelle de la série. Ils accentuent aussi la désorientation des personnages face à l’omniprésence d’un monde matériel, invisible et inquiétant à la fois.
Rythmée par une musique doucement techno qui lui confère une atmosphère irréelle, la série joue avec ses propres codes et s’octroie une originalité bienvenue. Sur ce point Sam Esmail son créateur, fait un travail impressionnant.
Composée de dix épisodes, Mr. Robot a été diffusée aux Etats-Unis sur la chaîne câblée USA Network. Avant même la diffusion du pilote, elle fut renouvelée pour une deuxième saison programmée pour le printemps 2016. Preuve que la chaîne croyait beaucoup en la qualité de cette série. Et force est de constatée qu’elle a été très lucide : Mr. Robot est l’une des séries les plus enthousiasmantes de l’année 2015.
Étiquettes : culture, usa