« Nous sommes là pour apporter un soutien patriotique » à Colonna

Par le 9 mars 2009

Le procès en appel de Yvan Colonna défraie la chronique au quotidien. Le 8 février 2009, veille de la réouverture de l’affaire, la Commission Anti-Répression (C.A.R.) du mouvement Corsica Libera s’est mobilisée devant le tribunal d’Ajaccio. Elle demande la relaxe du berger de Cargèse. Le 1er février 2009, en Corse, le mouvement Corsica Libera voyait officiellement le jour. Ce congrès a regroupé les principaux partis indépendantistes de l’île : Corsica Nazione Independente, Rinnovu Naziunale, ANC-PSI et Strada Diritta. Aujourd’hui, ils se sont réunis autour d’un seul et même mouvement souverainiste. Souhaitant se baser sur des revendications claires, Corsica Libera s’appuie sur des fondamentaux. Le mouvement lutte pour la création d’une citoyenneté territoriale corse, contre la mainmise des multinationales sur les ressources de l’île, pour un véritable projet de développement durable, pour une officialisation de la langue Corse, et enfin, il lutte pour la libération des prisonniers politiques. Dominique Tafani, l’un des responsables et porte parole du C.A.R., lui même ancien maquisard, puis « prisonnier politique », nous éclaire sur ce procès. Opinion d’un nationaliste corse.

Selon vous, Yvan Colonna est-il coupable ?

Nous, en tant que nationalistes corses, nous ne nous posons pas la question de savoir si Colonna est coupable ou non. Nous sommes là pour lui apporter un soutien patriotique.

Lors de l’assassinat du Préfet Erignac, Colonna était-il impliqué dans les milieux nationalistes ?

Non, Yvan ne militait plus depuis le début des années 1990.

C’est pourtant ce qu’avançait la justice pour le mettre en cause…

Au niveau de cette justice d’exception, nous savons que toutes les accusations sont faites à charge. A partir de là, tout est bon pour rendre les gens coupables, lorsqu’il faut trouver des coupables.

Au sein des mouvements nationalistes, y a-t-il un sentiment commun vis à vis de ce procès ?

Chez les nationalistes corses, il y a une solidarité qui se fait tout naturellement, comme dans tout procès où les nationalistes corses sont mis en cause. Mais pour Yvan Colonna, je crois que ça dépasse le mouvement nationaliste. Je pense que tous les corses se sentent impliqués. Parce que l’on sait bien que ce procès est instrumentalisé et que depuis le début, l’instruction s’est faite seulement à charge.

A chaque fois que la défense de Yvan Colonna a essayé de faire avancer les choses… A chaque fois qu’elle a demandé des actes de procédures pour démontrer son innocence, elles ont été refusées. Comme par exemple, la reconstitution ! Il est quand même extraordinaire qu’on ait refusé une reconstitution à une personne inculpée pour meurtre.

Donc c’était le coupable idéal…

Ce n’était peut être pas le coupable idéal… Mais il fallait le mettre dans un schéma comme aux débuts de l’enquête, lorsqu’ils étaient sur ce qu’ils appelaient « la piste agricole ». Des dizaines de personnes se sont retrouvées emprisonnées parce que c’était des profils qu’il fallait intégrer dans « la piste agricole ».

Qui aurait pu avoir un quelconque intérêt à tuer le préfet Erignac ? Vous pensez peut être aussi qu’on a oublié des pistes, comme le croit Didier Vinolas, l’ancien secrétaire général adjoint de la préfecture de Corse…

Je ne veux surtout pas rentrer dans ce genre de débat qui ne nous intéresse pas et qui ne nous concerne pas. Le problème c’est qu’il faut sortir la Corse de l’ornière dans laquelle elle se trouve. Le Préfet Erignac est une victime du conflit qui existe entre la Corse et la France. Et cela ne passera pas par une solution judiciaire. Cela ne pourra passer que par une solution politique et négociée. Sinon je pense que l’on va aller de drame en drame et de victime en victime. Il faut éviter que cela ne se reproduise.

Je pense qu’il faut une prise de conscience de la part de Paris. A un moment donné, il faudra négocier.

Si Colonna est finalement condamné, y aura-t-il des manifestations de soutien ?

Oui naturellement, il y aura des mobilisations. Même lors de la première condamnation il a eu des mobilisations spontanées. Certains lycées étaient en grèves, des jeunes sont descendus dans la rue… Et ce n’était même pas organisé par un quelconque mouvement nationaliste. Il y a un sentiment d’injustice, ressenti pas l’ensemble de la population corse.

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