Confortablement installé dans son canapé, la cigarette aux lèvres, Tim nous parle de son père. Comme tous ses super-héros préférés (Harry Potter, Luke Skywalker, Batman…), il ne l’a pas connu. Il ne sait que ce que sa mère, une juive omniprésente, a bien voulu lui dire : c’est un réfugié irakien, musulman, qui se prénomme Jaffar. Dès lors, pendant son enfance, il associe son géniteur au méchant du film d’Aladdin qui a effrayé toute sa génération et au djihadiste Oussama ben Laden. Entre les deux religions de ses parents, Tim est perdu. Comment trouver sa place dans la société? Une fois adulte, il rencontre son père. Une étape importante pour le jeune homme.
Avec ce court métrage, il est difficile de rester insensible à la beauté des dessins. La salle est plongée dans l’univers coloré et complexe de Tim. L’animation 2D et 3D très réussie permet aux spectateurs d’intégrer le monde intérieur du protagoniste, avec ses interrogations et ses doutes. La performance des deux acteurs Timothée Dray et Jaffar Abdalla qui interprètent respectivement, Tim et son père, Jaffar, est réussie. Ce film est également le fruit du travail collaboratif de trois réalisateurs de talent.
Martin Wiklund, membre du collectif Quart Avant Poing, est connu pour avoir signé en 2015 la musique de Décibels de Léo Vernier pour la collection Dessine toujours ! de Canal +. Ulysse Lefort, réalise actuellement Toutoutoutou, une animation courte. Quant à Samuel Albaric, réalisateur et scénariste, il travaille actuellement sur une adaptation de l’Odyssée avec des migrants.
Ils réussissent, à travers le personnage de Tim, à transcrire les bouleversements culturels de la société. Avec simplicité et humour, les spectateurs saisissent toute la difficulté du raisonnement du jeune homme pendant les seize minutes que dure le film.
Cinq ans après la guerre a déjà reçu le Prix Unifrance au Festival Off-Courts de Trouville 2017 et le Grand Prix au Festival International de Lille 2017. Et ce n’est qu’un début. Ce film n’a pas fini de récolter tous les lauriers.
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