Chacun son chemin. C’est l’histoire de trois mousquetaires. D’une vie sur rails, d’un frère aîné sans peur, d’un Jamal innocent et de cette fille qui l’attend sur le quai d’une gare. C’est l’histoire d’une destinée. Celle d’un gamin des bidonvilles indiens venu empocher le pactole à l’émission « Qui veut gagner des millions ? ». La rue, la saleté, la misère, ses expériences, vont conduire Jamal à répondre correctement, dans une atmosphère d’ébullition nationale. Chaque réponse est une tranche d’existence, une histoire à raconter, une épopée à romancer.
Danny Boyle est grand. Chaque film est une occasion pour lui de se réinventer. Du film noir (Petits meurtres entre amis), au fantastique (28 jours plus tard, Sunshine), en passant par le film existentiel (Trainspotting, La Plage), le réalisateur anglais transpire un amour inconsidéré pour le cinéma de genre. Sur chaque film une approche différente, mais un je-ne-sais-quoi qui ne change jamais, une patte de l’auteur – une exception dans le cinéma mondial – la beauté de ses images. Un film de Danny Boyle, c’est un peu un spectacle de sons et lumières. Visuellement, le metteur en scène « so british » nous envoie un uppercut des plus violents. Servi par une bande-son moitié electro, moitié musique bollywoodienne, son Slumdog Millionaire est une succession dynamique de photographies superbes de l’Inde et de sa population. Il ne pleut pas de la même façon dans un film de Danny Boyle que dans toute autre rafale cinématographique.
Sa mise en scène est adéquate à l’objet filmé : en faisant le pari de l’Inde, la deuxième croissance mondiale après la Chine, Danny Boyle veut montrer une population vivante, bouillonnante, presque imprévisible. En vivant un an en Inde, l’anglais s’est approprié une culture, une jeunesse, qui électrise chaque plan de ce Slumdog Millionaire.
Chacun son destin. Une histoire d’amour. Un drame. Une comédie. Un documentaire. Slumdog Millionaire, c’est tout ça. Croisant la force incroyable que représente la destinée dans la culture traditionnelle indienne, à tout ce que cela peut représenter de naïf dans nos cultures occidentales, Danny Boyle délivre un très grand film sur la faculté, la force, le courage d’accomplir l’impossible. Récompensé récemment de quatre Golden Globes, dont celui du meilleur film et du meilleur réalisateur, Slumdog Millionaire sera un concurrent sérieux dans la course aux Oscars. Sait-on jamais ce que la destinée lui réserve.
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