NBA : les premiers enseignements de la saison

Le championnat américain de basket-ball a repris le 28 octobre. Après un peu plus de deux semaines de compétition, les premières tendances se dégagent dans la lutte pour le titre tant convoité. Voici un tour d’horizon des forces et des faiblesses en présence cette année.

Memphis et Toronto, leaders surprises

C’est bien simple, avec un bilan actuel de sept victoires pour une seule défaite, Memphis et Toronto réalisent le meilleur départ de l’histoire de leur franchise. Si les Grizzlies et les Raptors, respectivement premiers à l’Ouest et à l’Est, confirment les promesses entrevues lors de ce début de saison, on peut compter sur eux pour être de sérieux outsiders dans la course au trophée Larry O’Brien.
La force de ces deux équipes tient avant tout sur une force collective impressionnante. Memphis repose depuis des années sur un cinq majeur qui change peu, ou prou. Au poste de pivot, on retrouve l’indéboulonnable Marc Gasol (17,8 points et 7,5 rebonds de moyenne). L’Espagnol, véritable couteau suisse, a depuis longtemps trouvé son pendant dans la raquette en la personne de Zach Randolph (16,6 pts – 10,8 rbds), travailleur de l’ombre infatigable. A l’arrière, Tony Allen et Mike Conley sont des joueurs pétris de talent, qu’ils n’hésitent pas à mettre au service de leurs partenaires. Si les Grizzlies en sont là, c’est surtout grâce à leur défense, qui est devenue l’ADN de la franchise. Les statistiques parlent d’elles-mêmes : Memphis est premier au classement des points concédés aux opposants (89,4 points).
Pour les Raptors, l’équation est toute autre. Ils « lâchent » en moyenne 96,4 points à leurs adversaires mais ces derniers ne peuvent pas faire grand-chose face à la puissance de feu de leur attaque (au premier rang avec 107 points). La figure de proue de Toronto s’appelle DeMar De Rozan. Première apparition en playoffs et première sélection au All-Star Game l’an dernier, l’arrière shooteur a franchi un palier décisif dans sa progression et est surtout très bien encadré : Kyle Lowry, le meneur, est dans la fleur de l’âge, Jonas Valanciunas est une machine à double-double sous le panier et Terrence Ross tout comme Amir Johnson dunkent à tout-va quand l’occasion se présente.

Kobe Bryant pensif devant le début de saison des Lakers (Oliver Petalver / TheDailySportsHerald)

Les franchises historiques à la peine

On considère les Grizzlies et les Raptors comme des franchises jeunes : elles ont été créées en 1995, les Grizzlies étant localisés à Vancouver au Canada avant de déménager dans le Tennessee en 2001. Ce n’est pas le cas des Los Angeles Lakers, des Boston Celtics ou des New York Knicks. Les fans de longue date de ces équipes font grise mine à la lecture du classement.
Pour les Lakers, la descente aux enfers est effective depuis deux saisons. L’échec du « Big Three » made in Hollywood, composé de Kobe Bryant, Dwight Howard et Steve Nash, n’est toujours pas digéré. Le premier refoule les parquets après une année quasi-blanche marquée par une blessure au genou, le second a quitté le navire l’an dernier pour rejoindre Houston, et le dernier jongle entre des bouts de match et des douleurs au dos insurmontables. Plus encore, ce sont les contrats mirobolants accordés à Kobe et Nash qui font grincer des dents : le « Black Mamba » accapare à lui tout seul 23,5 millions de dollars cette saison, tandis que le Canadien est un boulet à 9,7 millions ! Conséquence de la gestion catastrophique de la famille Buss, les Lakers réalisent leur plus mauvais départ de l’histoire depuis qu’ils ont atterri dans la cité des anges (une victoire pour sept défaites). Seule satisfaction, le retour en grâce de Kobe Bryant, meilleur marqueur de la ligue avec 27,5 points de moyenne. Mais une propension à croquer la balle comme jamais : il tente 24,5 tirs par match pour un faible pourcentage de réussite à 38,8%. De plus, L.A. est la pire défense (111,5 points encaissés !) de la NBA. Un numéro de soliste au milieu d’un naufrage collectif.
Autre monument du basket outre-Atlantique, les New York Knicks s’attendent à un exercice 2014-2015 difficile. L’intersaison a été synonyme de bouleversements profonds. Phil Jackson, l’homme qui a mené Michael Jordan et Kobe Bryant au sacre suprême, est devenu président des Knickerbockers. Le coach aux onze titres a décidé de confier les manettes de l’équipe au tout jeune retraité Derek Fisher. Le but affiché est clair : gagner le titre grâce au système qui a fait la renommée de l’entraîneur Jackson, l’attaque en triangle. Cependant, ce dernier a prévenu que cela mettra du temps à fonctionner… Toujours est-il que le bilan de D-Fish est pour l’instant peu reluisant : deux succès pour sept revers, et une série en cours de six matches sans victoire. Même la superstar Carmelo Anthony semble bien loin de ses standards habituels en termes de scoring (21 points de moyenne pour les neuf premiers matches contre 27,4 et 28,7 les deux années précédentes).
Enfin, il faudra aussi s’armer de patience pour revoir Boston jouer de nouveau les premiers rôles. En pleine période de reconstruction, les Celtics, dix-sept fois champions NBA, doivent composer avec un effectif très jeune (24,9 ans de moyenne d’âge) et, par conséquent, un manque d’expérience. La seule lueur d’espoir vient toujours du génial meneur Rajon Rondo, qui frôle le triple-double à chaque match (en moyenne : 10,8 points, 8,2 rebonds, 11,3 passes). Si les Celtics parviennent presque à l’équilibre (3v.-4d.), ils le doivent en grande partie à lui.

La course au titre de MVP voit l’émergence de nouvelles superstars

Le basket est un sport collectif où les performances individuelles sont régulièrement mises en exergue. Ainsi, chaque année, la course au titre de MVP (Most Valuable Player) passionne les observateurs et déchaîne les foules. Alors que les années précédentes ont vu un duo se dégager très clairement, cette saison pourrait couronner un tout autre visage.
LeBron James, quadruple lauréat, espère secrètement conquérir un cinquième sacre qui le placera au même niveau que « Sa Majesté » Jordan dans les livres d’histoire. Néanmoins, le retour sur ses terres de l’Ohio, à Cleveland, risque de reporter cette consécration. Ses débuts ratés à domicile le confirment, le « King » devra se montrer patient. Le tenant du titre, Kevin Durant, est quant à lui, sur le flanc suite à une fracture du pied droit.
En l’absence des deux « monstres » que sont James et Durant, certains joueurs s’affirment comme des joueurs phares de leurs équipes (qu’on appelle franchise players). Ainsi, Anthony Davis prend une dimension de plus en plus grande à New Orleans. L’intérieur, longtemps rallié pour son mono-sourcil, met aujourd’hui tout le monde d’accord avec des moyennes hallucinantes : 24,9 points, 12,9 rebonds, 4,4 contres ! L’autre révélation de ces premières semaines est DeMarcus Cousins. Longtemps irrégulier, le pivot de Sacramento semble enfin prendre conscience de son potentiel. La médaille de champion du monde en poche, Cousins a également mûri. Leader des fautes techniques (16) la saison passée, DMC rend pour le moment un bilan vierge. Un calme bienvenu qui profite aux Kings dont le départ encourageant (5v.-3d.) satisfait toute une ville, après des saisons de galère.
Enfin, Stephen Curry et Klay Thompson, confirment leur éclosion. Les « Splash brothers » de San Francisco éclaboussent leurs opposants avec notamment leur insolente propension à rentrer leurs tirs à trois points. A eux deux, ils représentent près de 50 points de moyenne par match !

Malgré tout, une saison NBA est très longue. La vérité du jour n’est pas forcément celle du lendemain et ce premier bilan ne déroge pas à la règle. Memphis et Toronto vont-ils marcher sur l’eau jusqu’à la fin de la saison régulière ? La lutte pour le trophée de MVP va-t-elle voir de nouveaux noms apparaître, d’autres disparaître ? Seul le temps nous le dira…

« J’ai toujours plaisir à venir jouer en équipe de France »

Interview de Boris Diaw. Capitaine de l’équipe de France de basket et joueur des Phoenix Suns, éliminés au premier tour des plays-offs NBA par l’équipe de Tony Parker, Boris Diaw a répondu aux questions d’Hautcourant. Il revient sur son amour du maillot bleu, les chances tricolores en vue des qualifications à l’Euro 2009 et l’avenir de son club.

Avez vous pris connaissance de la liste élargie annoncée par Michel Gomez (entraîneur de l’Equipe de France) en vue des qualifications à l’Euro 2009 ?

Boris Diaw : Non je n’ai pas encore vu la liste qu’il avait annoncé.

Que pensez vous du jeune Nicolas Batum (ailier du Mans), sélectionné mais qui risque de ne pas être présent pour cause de draft NBA ?

Je ne l’ai jamais vu jouer mais ce que je peux en dire, c’est que j’ai entendu beaucoup de bien de lui et de son jeu.

Quelles sont pour vous les chances de l’équipe de France pour ces qualifications ?

On a même de très bonnes chances de se qualifier. En même temps, on ne sait pas vraiment comment cette équipe sera constituée (ndlr : la liste comportera 13 des 28 joueurs appelés), on sait très bien qu’il y a toujours des problèmes de blessures, etc… Quoiqu’il arrive, on sait qu’on aura de bonnes chances.

«Le match 4 des finales NBA sera décisif»

C’est toujours un plaisir de revenir jouer avec les bleus ?

Oui bien sûr, c’est pour cela que je reviens chaque été. C’est toujours un grand plaisir de se retrouver.

N’est-ce pas difficile de négocier du temps pour l’équipe nationale avec les franchises NBA ?

diaw.jpgCa dépend, ils comprennent aussi le désir de représenter son pays. Parfois il y a des blocages avec les contrats d’assurance (ndlr : la préparation de Boris Diaw à l’été 2007 avait été perturbée par l’exigence de son club de souscrire une assurance pour ses problèmes de dos) mais dans l’ensemble on fait en sorte que tout se passe au mieux.

Quelles sont vos impressions sur les finales NBA entre deux franchises mythiques, les Los Angeles Lakers et les Boston Celtics ?

C’est effectivement une finale mythique. Pour l’instant, ça joue bien. Le prochain match sera décisif (4ème match), soit Boston mène 3-1, soit les Lakers égalisent à 2 partout. Ce match sera le plus important de la série.

«Shaq, le joueur le plus impressionnant»

A titre personnel, un nouveau coach, Terry Porter, débarque à la tête des Phoenix Suns, cela va-t-il modifier le jeu de l’équipe ?

Le coach vient seulement d’arriver. On va voir ce qu’il va mettre en place.
De toute manière, on gardera l’aspect rapide et offensif de notre jeu car c’est quelque chose que l’on fait bien. Et on va surement renforcer notre défense.
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Pensez vous que le jeu sera plus adapté à Shaquille O’Neal ?

Il va falloir alterner jeu placé sur demi-terrain et contre-attaque. On ne va pas enlever la contre-attaque de notre jeu. Le fait d’avoir « Shaq » est une grosse force offensive dans la raquette.

Vous sentez-vous bien dans cette équipe ?

Je m’y sens très bien. J’y suis depuis trois ans maintenant et c’est un système de jeu qui est parfait pour moi. Je compte y rester encore longtemps.

Vous viserez encore le titre NBA l’an prochain ?

Bien sûr. C’est notre objectif depuis plusieurs années. On sait qu’on en a le potentiel, il faut juste le réaliser.

Quels joueurs vous ont le plus impressionné en NBA ?

Shaquille O’Neal pour la taille et Steve Nash pour le sens du jeu.

Un fauteuil pour deux frenchies

Sous des airs d’une finale de la conférence Ouest, San Antonio et Phoenix s’affrontent au premier tour des play-offs NBA. Une affiche alléchante qui voit s’opposer les deux frenchies Tony Parker et Boris Diaw. Une confrontation qui, à l’image de la saison régulière, tourne à l’avantage du meneur des Spurs.

Beaucoup de puristes auraient préféré voir ces deux équipes s’affronter plus tard dans le tableau final. La lutte acharnée auxquelles s’adonnent les grosses cylindrées de la conférence Ouest en a décidé autrement. Pour l’instant, les San Antonio Spurs mènent la danse (2 victoires à 0) face à une équipe de Phoenix décevante. L’équipe arrivant la première à quatre victoires gagne un ticket pour le second tour. Pour passer, les Suns se voient donc obligés de remporter 4 des 5 prochaines rencontres. Face à une jeune formation, l’exploit serait à la portée de la bande à Diaw, mais face à une équipe qui vient de remporter trois titres de champion en cinq ans, les carottes semblent presque cuites.

TP en roue libre

Fort d’un titre de meilleur joueur des finales 2007, Tony Parker , seul joueur non-américain à avoir décroché ce trophée, a commencé les playoff 2008 comme il les avait terminés l’an passé. Avec 29 points et 6 passes de moyenne sur les deux premiers matchs, TP a littéralement surclassé son adversaire direct qui n’est autre que Steve Nash, meilleur joueur des saisons 2005 et 2006. Le Canadien éprouve toute les peines du monde à contenir le Français qui possède, avec Allen Iverson, le premier pas le plus rapide de la ligue Nord-Américaine. A la moindre accélération Nash reste impuissant, se contentant d’essayer de le stopper sur jeu placé.
Cette saison, Parker a terminé la saison régulière avec près 19 points par match assortis de 6 passes décisives (sa plus haute moyenne en carrière). Depuis deux ans, le Français fait preuve d’une grande régularité et d’un shoot à six mètres d’une grande fiabilité, ce qui lui faisait défaut par le passé.
TP, meilleur joueur des finales 2007

Un Parker sans étoiles

Seul ombre au tableau, sa non-sélection au All- Star Game qui regroupe chaque année les meilleurs éléments de la ligue et auquel Tony avait participé les deux saisons précédentes. La raison officielle, une blessure à la cheville. Officieusement, même en pleine possession de ses moyens, le jeune meneur n’était vraiment pas assuré d’être appelé par les coachs. La faute à une conférence Ouest où pléthore de meneurs plus talentueux les uns que les autres sont en concurrence, avec notamment la monté en puissance de jeunes tel que Chris Paul de la Nouvelle Orléans . Ce pseudo revers de médaille, TP n’en a que faire, ce qui compte pour lui, ce sont les bagues de champion.

Le fantôme de Boris Diaw

Le meilleur ami de Tony Parker se nomme Boris Diaw. Malheureusement, ce dernier n’est que l’ombre de lui-même depuis maintenant deux saisons. 10,5 points, 3 rebonds, 1,5 passes pour ses deux premières sorties en playoffs et des stats en saison régulière en baisse. Il est loin le temps où l’ancien Palois alignait les triples-double en NBA. Pourquoi cette baisse de régime ?

Première explication. L’absence d’Amaré Stoudemire sur blessure en 2005/2006 avait laissé beaucoup de place à « Bobo » qui était devenu le Tony Micelli des Suns. Mike d’Antoni, son coach n’hésitant pas à l’aligner aussi bien à l’intérieur qu’à la mène.

Un capitaine tricolore aux abonnés absents

Diaw loin de son niveau
Seconde raison. Une perte de confiance qui s’est ressentie lors du Championnat d’Europe l’été dernier en Espagne. Alors même que Claude Bergaud, l’ancien sélectionneur des bleus, l’avait propulsé capitaine tricolore, Diaw a énormément déçu, incapable de porter les siens à la victoire. Il est depuis retombé dans ses anciens travers : trop vouloir faire briller ses partenaires au détriment de son jeu offensif. Un manque d’agressivité en attaque qui a le don d’excéder d’Antoni qui connait parfaitement tout le potentiel du Français.

Troisième explication. La venue de Grant Hill en Arizona a réduit le temps de jeu à Boris Diaw. Enfin épargné par les blessures, l’ancien « futur Michaël Jordan », à presque 36 printemps est aussi performant au rebond et à la passe que son coéquipier, auquel il rajoute plus de 15 pts par match. Il est ainsi préféré au Français pour son meilleur rendement offensif. Il reste à espérer que le Magic Johnson français parvienne à retrouver son basket car, du talent, il en a à revendre.
Coéquipiers en équipe de France