Un traitement pour ne plus oublier son traitement. Voilà ce qu’a inventé la start-up MedinCell, installée à Jacou près de Montpellier. Exit comprimés et autres gélules à avaler : on pourra désormais, par injection sous-cutanée d’un gel à longue durée d’action, remplacer les médicaments classiques. Et cette découverte n’est pas passée inaperçue : le 18 octobre dernier à Paris, la PME montpelliéraine remportait le Trophée PME Bougeons-nous RMC-BFMTV de l’entreprise « Créative ».
Le gel Bepo de MedinCell pourrait bien se faire une place de choix parmi les dispositifs innovants dans un futur proche. Pour le patient, une meilleure tolérance et une injection unique qui évite les prises répétées. Les avantages sont clairs : ne pas respecter le traitement prescrit par le médecin, phénomène appelé la non-observance, peut être dangereux et a un coût. Un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) paru en 2015 l’estime à 9 milliards d’euros par an en France et 290 milliards de dollars aux Etats-Unis.
L’idée du gel Bepo émane au départ d’une recherche menée par le CHU de Montpellier et le CNRS. Le cahier des charges : « faire des traitements médicaux plus efficaces, plus confortables, plus abordables et respectueux de l’environnement », explique David Heuzé, responsable de la communication chez MedinCell. Mais aussi réinventer le modèle économique de l’industrie du médicament qui présente « des problèmes dans l’innovation » et génère « une inégalité grandissante dans l’accès aux soins ».
Telle est l’ambition, à la fois très ambitieuse et un peu naïve, mais pourtant.… Dix ans de recherche et développement aboutissent en 2010 au dépôt d’un brevet dans 70 pays. MedinCell tisse un réseau international et met en place des partenariats avec des grands laboratoires pharmaceutiques, dont des « génériqueurs », et des médecins. Sa stratégie économique se veut innovante et garante de son indépendance : une vision long-terme, pas de vente de sa technologie pendant le développement. Les gains se feront sur les produits finalisés. Le mode de management est novateur aussi : chacun des employés – 20 il y a trois ans, 100 aujourd’hui – est actionnaire et prend part à l’évolution de l’entreprise.
Aujourd’hui MedinCell gère sept produits en développement dont un est proche de la commercialisation. Les pays émergents sont ciblés. Le mot d’ordre : « de meilleurs médicaments pour tous ».