Mancha Chevalier Errant

Pour sa deuxième Bande Déssinée, le jeune auteur s’attaque au mythe maudit de Don Quichotte

titecouvman.jpg
Paru en novembre 2007, à l’occasion du 22ème anniversaire de CMax, « Mancha Chevalier Errant » propose une variation sur le thème de l’ouvrage de Cervantes.

L’ambition peut paraître colossale. Le livre d’origine est dense. Les tentatives d’adaptation cinématographique par les géants Orson Welles puis Terry Gilliam furent des echecs.

Le jeune auteur a donc décidé de prendre a rebours l’univers incompressible de l’oeuvre originelle. Il tire partie de l’aspect universel et intemporel de l’histoire de Don Quichotte, pour la calquer à une douloureuse actualité.

Ici le héro, prénommé « Mancha », est une jeune Rwandais Tutsie réfugié au Mali qui ne fait rien de sa vie. Il peint comme Jean-Michel Basquiat, cite Brel, écoute Noir Desir. Ce ne sont pas les excés de littérature picaresque qui altère sa perception de la réalité, mais ses absortions de substances hallucinogènes. Sancho est un sympathique garagiste glouton, Dulcinée une michetonneuse sans classe de Pigalle.

Au delà de la quête, de l’errance, CMax pose également le problème des migrations internationales, et du choc des civilisations.

C’est de ce point de vue là que l’opus pèche un peu par naïveté. Ces questions complexes y sont traitées de façon trop manichéenne, trop simpliste.

Peu importe. Ce livre n’a pas la prétention d’être un traité de politique internationale.

Le dessin de CMax est original, et pour le coup, tout à fait mature. Alternant aquarelle et applâts, traits sobres et abstractions psychédéliques, Il crée une atmosphère chaude et vivante, et n’ennuie jamais le lecteur.

Un défi assez brillament relevé donc, et un jeune auteur à suivre dans les années à venir.