De quelle manière vous êtes vous impliqué dans les États Généraux de la presse ?
Quand les États Généraux de la presse ont été mis en place, c’est naturellement que nous avons participé aux débats.
Certains étudiants de première année participent aux États Généraux, dans le pôle « Industrie de la presse » et sont chargés de réfléchir sur ce projet avorté.
Les États généraux ont été organisés par Nicolas Sarkozy, ce qui provoque la colère de certains journalistes. Qu’en pensez-vous ?
Les États généraux portent surtout sur la situation financière des médias français. La question est de savoir comment on peut faire baisser les coûts de production de la presse française, qui sont les plus forts d’Europe. Je trouve intéressant de se poser cette question, qui est au centre des débats.
En revanche, il serait très étrange que le président s’immisce dans les débats concernant le contenu des journaux (Il y a pourtant une commission, « contenu » au sein des États Généraux. ndlr) Ça, c’est aux journalistes d’en débattre entre eux. Mais je pense vraiment qu’il est bon de se rassembler et de parler ensemble.
Il faut dire que les gens qui participent aux débats sont des gens qui se parlaient déjà auparavant…
Les États généraux peuvent-ils apporter une réponse à la crise que traverse la presse française ?
La crise est double : crise financière, crise de l’offre. J’ai trop entendu à la conférence de Lyon mercredi dernier (mercredi 19 novembre) que la crise était une crise de demande : « c’est la faute de ces méchants Français qui ne lisent pas les journaux !»
Je pense qu’il y a un manque d’originalité de la part des journalistes, on n’ose pas se démarquer, créer d’autres choses.
Comment sont formés les étudiants du CFJ face à ces enjeux?
Je sais qu’on accuse souvent les écoles de journalisme d’être des lieux de formatage mais je ne suis pas d’accord. On apprend à nos étudiants à penser par eux-mêmes, à être indépendants, à avoir l’esprit critique.
Le CFJ est en partenariat avec une école de commerce et de management…
Oui mais ça n’est pas un partenariat économique. Au CFJ, nous pensons que les futurs journalistes doivent connaître le milieu économique dans lequel ils vont s’inscrire. Un journal est aussi une entreprise qui doit faire de l’argent, il faut savoir vendre son produit.
Nos étudiants vont donc prendre des cours de management et de commerce ( sur la base du volontariat) à l’ESCP (Ecole Supérieure de Commerce de Paris) et les étudiants de l’ESCP viennent prendre des cours de journalisme chez nous.
On sait que les grands industriels de la presse participent aux États généraux, est-ce qu’ils peuvent apporter une solution à la crise financière que traverse la presse ?
On ne sait pas encore sur quoi vont déboucher les États généraux, mais je pense qu’on peut trouver des solutions pour améliorer la situation financière de la presse française. Il faudrait que les groupes de presse se rassemblent pour être plus forts économiquement.
Il faut aussi que le public soit pris en compte dans ces débats.
Vous parlez du public, des citoyens, comment expliquez-vous que les Français s’intéressent si peu aux États généraux ?
C’est normal qu’ils ne s’y intéressent pas, c’est une actualité interprofessionnelle, qui ne concerne que les journalistes. S’il y avait des événements à la Poste, ça serait pareil.
Pourtant les citoyens sont les premiers à lire les journaux, donc les premiers concernés, c’est le cas aussi pour la Poste, les gens s’intéressent à ce qui compose leur vie quotidienne…
Oui mais je pense que c’est normal que les gens ne se passionnent pas pour les États généraux, je pense vraiment que cela concerne le milieu professionnel et pas le public.
Je ne m’étonne pas du manque d’intérêt du public.