Ecoute Dopage, un service encore marginalisé

Eté 1998 « L’affaire Festina » déchirait à jamais l’image du cyclisme. Créé la même année par le Professeur Jean Bilard à Montpellier, Ecoute Dopage vise à prévenir et mieux comprendre le fléau du dopage. Son numéro vert (0 800 152 000) permet aux sportifs de s’informer sur les dangers d’une telle pratique.

Dix ans plus tard, le terme « dopage » est ancré dans les mœurs mais le travail en matière de prévention est loin d’avoir atteint le niveau escompté.
Durant les périodes sensibles du Tour ou des JO, le service ne reçoit pas plus d’appels qu’a l’accoutumée. «Cela fait dix ans que l’affaire Festina est passée. Il y a des générations d’athlètes qui auraient mérité d’être plus « éduqués » sur les pratiques dopantes. On a perdu assez de temps comme ça» déplore Dorian Martinez, chef du service Ecoute Dopage.
Pour autant, l’évolution du comportement des sportifs est notable. « Au début, ils avaient l’impression d’être un peu traqués. Maintenant, ils parlent beaucoup plus librement, c’est moins tabou » Le traitement médiatique est pour beaucoup dans l’intégration du « phénomène dopage » dans l’inconscient collectif.

Hypocrisie chez les dirigeants

Moins tabou chez les sportifs et le grand public, une part d’hypocrisie subsiste chez les dirigeants: « J’ai demandé à Christian Prud’homme (directeur du Tour de France ) de mettre un lien vers ecoutedopage.com sur le site du Tour. Il m’a répondu que ce n’était pas possible car notre nom faisait trop directement référence au dopage. C’est scandaleux de se voiler la face de la sorte. » Mais la Dorian Martinez, psychologue du sportfédération cycliste est loin d’être en queue de peloton en matière de prévention. «Ce qui rebute certaines fédérations comme celle du foot, c’est qu’ils se disent que faire de la prévention, ce serait avouer que le dopage est également présent dans leur sport. »

Beaucoup d’athlètes ne savent pas ce qu’est le dopage

En France, les fédérations ne jouent pas leur rôle en terme de prévention. «C’est dommage qu’avant d’envoyer nos athlètes au JO, il n’y ait pas eu de campagne de prévention. Les fédérations devraient plus collaborer avec les structures de lutte contre le dopage.» Il y a également toute une croyance sur le dopage qui reste à travailler, sur la connaissance des produits notamment. Beaucoup d’athlètes souhaitent se renseigner sur les médicaments licites ou non. «Il y a un gros manque d’information. »
La bataille contre le dopage se gagnera sur le terrain de l’éducation des plus jeunes. Reste à savoir si chacun est prêt à assumer la mission qui est la sienne.