Quelle est la position du Nouvel Observateur vis-à-vis des États Généraux de la presse ?
Denis Olivennes, le directeur de la publication, a refusé de participer aux groupes de travail. L’Élysée lui avait proposé mais pour lui ces États Généraux sont une manipulation dont les résultats sont connus d’avance. Toutefois, certains journalistes du groupe comme Vincent Beaufils, le directeur de la rédaction de Challenges, contribuent aux travaux. Il n’y a donc pas de consensus au sein des journalistes du groupe.
Les controverses au sujet de l’organisation sont-elles justifiées ?
On est dans le pragmatisme sarkozien. Une fois de plus, le président est à l’initiative de ce projet. Je vous avoue que le jour de l’ouverture des États Généraux j’étais mal à l’aise quand j’ai vu tous les journalistes à l’Élysée écouter le chef de l’État s’exprimer au sujet de la crise de la presse. Est-ce vraiment le rôle du pouvoir présidentiel de la sauver ? Je ne crois pas. J’aurai été moins sceptique si cela avait été organisé par les directeurs de journaux. Si ces travaux contribuent seulement à déréguler davantage comme le voudraient certains groupes, par exemple Lagardère, il n’y aura pas de réponses aux problèmes de la presse. Si par contre des solutions émergent, tant mieux. C’est peut-être le seul moyen de la réformer.
Quand on parle de la crise de la presse, on pense à l’aspect économique. La presse française ne souffre-t-elle pas aussi d’autres maux ?
La connivence est un des problèmes de la presse dans notre pays. Elle a été évoquée pendant les États Généraux mais ce n’est pas une des problématiques essentielles. Néanmoins, il est vrai qu’Alain Minc, conseiller de grands patrons et de Nicolas Sarkozy], tout comme Serge Dassault ou bien Arnaud Lagardère sont proches du pouvoir et savent faire passer leurs idées. Le but de ces États Généraux c’est de constituer des grands groupes de presse. La loi anticoncentration est au centre de toutes les discussions. Elle a été créée à l’époque où il n’y avait que cinq chaînes et où le risque qu’un seul groupe détienne tous les marchés était possible. Mais aujourd’hui est-elle aussi importante ? Sur le fond, la concentration fait moins peur quand on voit que des millions de sites ne sont pas contrôlés. Il n’empêche que le poids excessif de ces grands groupes multimédias pèse sur la presse française.