Zéro déchets : ils jettent moins, pour dépenser moins

Des marches pour le climat ont lieu dans plusieurs villes de France ce samedi 13 octobre. Parmi les initiatives, moins gaspiller est devenue une injonction, un mode de vie… qui peut faire économiser jusqu’à 40% !

Radins, malins ou nouveaux bobos, qui sont les accros du zéro déchet ? En Occitanie, chaque personne produit en moyenne 630 kg de détritus par an. C’est deux fois plus qu’en  1980 selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) pour qui, il est temps d’alléger nos poubelles. Mais comment ? Par de petits gestes. Préférer le déodorant solide ou l’oriculi en bambou, le nouveau coton-tige écologique réutilisable. Et acheter en vrac, sans emballages. Avec ces initiatives, la planète n’est pas la seule à dire merci. Le porte-feuille du consommateur aussi. Marion Fernandes, membre active de l’association Montpellier Zéro Déchet, parle de 30 à 40% de baisse du budget des courses.

« On économise presque 100 euros pour 4, à la fin du mois ! »

À l’épicerie de Cityzen Market, rue Durand, défendre le zéro déchet est un « classique ». Joséphine, la quarantaine et lunettes rondes, est une cliente invétérée du magasin, élu en 2017 « projet éthique  de l’année » par l’association Etika Mondo. Le principe est simple. « Je viens exprès avec mes bocaux vides pour les remplir des quantités dont j’ai besoin. Amandes, pois chiches, bicarbonate… peu importe, explique la cliente. Ça permet de ne plus gaspiller et quand vous faites le calcul, vous y gagnez vraiment. »

C’est d’ailleurs la raison de ses nombreuses venues. « Aider l’environnement oui, c’est inévitable… mais pas que. Ayant des revenus modestes, on économise presque 100 euros pour 4, à la fin du mois ! » Un gain qui n’est pas négligeable mais pas encore assez pour la mère de famille qui espère davantage de coopératives responsables sur Montpellier. « Les boutiques ne proposent pas encore le troc, c’est dommage. »

Le b.a.-ba des gestes écolos

Toujours est-il que chaque effort est important. Implanté depuis maintenant un an dans la ville, l’association Montpellier Zéro Déchet défend une consommation respectueuse de l’environnement facile et accessible à tous. Pour Marion Fernandes, trois gestes simples et économiques permettent de réduire considérablement le nombre de détritus. Parmi les inconditionnels, on retrouve le « Stop Pub », autocollant bien connu des boîtes aux lettres. Le « sac en vrac », fabriqué en tissu dès trois euros, qui remplace les sachets en papier ou en plastique de 20 centimes chacun. Et la gourde. Rentabilisée avec un simple pack d’eau. « C’est plus pratique qu’il n’y parait. Plus besoin de bouteilles, vous prenez votre eau aux fontaines mises en place par la Ville. Ou vous demandez gentiment dans les boulangeries, restaurants… Ils n’ont de toute manière pas le droit de vous refuser.»

À cela, d’autres actions sont possibles : acheter d’occasion ou réparer si possible les appareils qui ne fonctionnent plus, privilégier le vinaigre blanc pour les produits ménagers, vérifier les dates de péremption des aliments, ou respecter les consignes de tri des déchets. Il suffit juste de commencer.

Autre astuce : le troc ou la deuxième vie des objets

À l’occasion de la 9ème édition de Troc tes trucs dimanche 7, les habitants de Prades-Le-Lez se sont donné rendez-vous pour échanger leurs effets personnels, le temps de la journée. Livres, poussettes, casseroles, sandalettes, jeux vidéo. Tout y est. « Le concept vient de Montréal, avance Sylvie Lorrain, responsable du pôle partenariats et animation de l’association. On valorise l’objet en point virtuel que la personne pourra ensuite échanger contre d’autres biens. On interdit cependant les marques. L’idée est de sensibiliser les gens à consommer moins. » Et ça marche. Au milieu d’une cinquantaine de bénévoles, des dizaines de familles viennent déposer leurs affaires. Si Amélie Nothomb ne vaut qu’un seul point, la combinaison de ski s’échange contre trois points. Bien loin encore de la trottinette, avec ses sept points. « Grâce à l’économie circulaire, le produit a plusieurs vies puisqu’on ne crée pas le déchet.» Et pour Bertrand et sa femme, c’est l’occasion de faire des affaires « pas cher. On renouvelle notre garde-robe pour le prix d’une radio que l’on utilise plus, rit le couple. C’est parfait !»

Petit papa noël, que faire du déchet ?

Le froid hivernal ne frêne pas les 5 000 personnes de passage sur l’Esplanade Charles-De-Gaulle, qui accueille cette année le marché de Noël montpelliérain. Ils seraient même 10 000 en fin de semaine, selon la mairie. Une affluence à l’origine de déchets. Et au bout du compte, la gestion de ces résidus est plutôt banale pour une ville qui communique intensivement sur un Montpellier propre et écologique.

Au travers des chalets et des festivités : des déchets

Samedi 15 heures. Foule et transactions. La centaine de commerçants et d’artisans du marché de Noël déballe et installe de nouvelles marchandises. Les passants eux, concluent leur achat de Noël. Beaucoup en profitent pour se balader et se divertir. On peut alors entendre : « Une crêpe mamaann ! » ou bien « Plutôt sandwich ou paëlla chéri ? ». Ainsi, gobelets, canettes, bouteilles et autres déchets, s’envolent au milieu des feuilles de platanes, en plus de multiples prospectus.

Des corbeilles municipales sont disposées tout au long du village. Peu esthétiques devant un étalage, « on les déplace à l’arrière » confie une créatrice de bijoux. Derrière son stand de champagnes, une commerçante indique : « En fin de journée, je mets mes sachets devant le chalet et ils le ramassent le soir. » Mais le tiers des commerçants stocke ses ordures derrière les chalets.
Une aire de jeux longe l’arrière des chalets. Des mamans comme Sophia, 36 ans, n’apprécient pas qu’il y ait « des verres au sol, à portée des petits ». Le verre. Deux petits conteneurs lui sont précisément réservés. En les ouvrant, on constate que seules quelques bouteilles cohabitent confortablement. D’autres jonchent le sol ou sont dans la mauvaise poubelle. Même scénario pour les cartons et autres matières destinées au recyclage.

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Communication défectueuse

Une vendeuse de bijoux donne son avis : « C’est pas pratique du tout. Y’a même pas de tri, ça m’horripile un peu. Avec le vent c’est vite sale. Je mets mes ordures dans les corbeilles mais c’est petit et vite plein. On sait pas trop où mettre, du coup on met tout ensemble. » Un reflet du manque de communication entre la mairie et ceux qui font vivre le marché de Noël. Luis Marquez, responsable du service propreté et incivilité, avoue qu’il ne communique pas avec les commerçants « mais ceux qui organisent le marché oui ». Le service organisateur lui, dit alerter les commerçants comme la brigade de propreté. Parole contre parole, le discours du commerçant est souvent le même : « Aucune consigne ! Je sais juste qu’il y a des poubelles à l’entrée parce que j’ai vu. »

Luis Marquez estime qu’il « y a peu de déchets sur ces marchés-là. C’est beaucoup de petits emballages. On a plus de travail sur les estivales. » Une appréciation en contradiction avec la réalité du terrain. Seulement, il « ne chiffre pas la quantité de déchets produits » car la mairie ne lui a pas demandé pour cette manifestation-ci.

Une brigade inspecte les lieux. Son rôle ? Informer, éduquer et en dernier recours, sanctionner (jusqu’à 450 euros d’amende). Force est de constater que pédagogie n’est pas faite. Pour autant, l’équipe de Luis Marquez n’a encore attribué aucune amende, « parce que c’est un moment de fête », il ne faut pas trop les « embêter, la manifestation se passe bien. » Après tout, les déchets se fondent presque dans les scintillants décors de noël. •