Pas d’agitation. Devant la mairie d’Acoua, quelques dizaines de Mahorais attendent. Les résultats ne tomberont pas avant deux bonnes heures. Le dépouillement a commencé. 57,66% de participants. Sur le tableau blanc, la colonne de « oui » déborde, celle réservée au « non » peine à se remplir, les votes blancs se comptent sur les doigts d’une main. L’ambiance est détendue, on parie sur le contenu des enveloppes violettes. Les « non » sonnent comme des fausses notes.
« Nous sommes prêts »
M. Koutoubou Abal-Hassani, le maire UMP de la commune, arbore un large sourire. Satisfait et confiant, il explique « On a besoin de changement, dans tous les domaines. Des infrastructures en passant par le développement. Nous n’avons pas peur des bouleversements qui vont suivre. Nous ne sommes pas encore conscients de ce qui nous attend mais nous sommes prêts ».
Le combat de la « beauté »
À l’extérieur du bâtiment, certains se pressent contre les fenêtres, tentent d’apercevoir les tendances du dépouillement. Daniel Naoioui, 26 ans, qui travaille sur l’île de la Réunion a voté oui. Il nous parle de la « galère » des Mahorais. Manque de moyens et problèmes d’alcool. Il se dit « tranquille ». « Si le oui l’emporte, tant mieux, sinon la situation restera la même. Nous y sommes habitués ». Maoulana el-Mainchawi, étudiant en BEP de 19 ans, est très enthousiaste. Pour lui, c’est un «combat pour la beauté ». « La beauté, des routes, des bâtiments, des voitures... » Son rêve ? Voir rouler des 407 sur les routes mahoraises. Mais cela ne va pas sans des améliorations sociales. Il nous explique les difficultés que traversent ses parents, le barrage d’une langue qu’il n’est pas sûr lui-même de maîtriser. « La finalité c’est de nous donner les moyens de vouloir s’intégrer ».
Contradictions comoriennes ?
Sur toutes les lèvres, l’attente qui dure, « depuis cinquante ans ».
Daniel Naoioui soulève une autre facette de ce changement de statut, les relations avec les Comores. Beaucoup de Comoriens tentent en effet de gagner l’île française. Mais les Comores conservent un discours unitaire, l’île aurait été illégalement récupérée par la France. Pour l’ONU d’ailleurs, Mayotte est comorienne. Daniel relève dans cette position une forte contradiction. « Pourquoi venir en masse à Mayotte, et rejeter politiquement la France qui la fait vivre ? »