Comment continuer ses études malgré un contexte politique difficile et de surcroît dans des territoires occupés ? Tel est le message lancé par André Moisan, maître de conférences au Conservatoire National des Arts et Métiers à Paris et qui coordonne depuis septembre 2005 un projet de formation à distance avec des collègues palestiniens de cinq universités et des collègues européens issus de quatre universités dont celles de Bruxelles et de Bilbao. Le nom du projet : RUFO (qui signifie Réseau Inter- Universitaire pour la Formation Ouverte et à distance). Dans le cadre du projet TEMPUS-MEDA, il est soutenu et financé par la Direction Générale de l’Éducation et de la Culture de Commission Européenne.
«Fiers du projet »
Pour ces universitaires palestiniens, cet échange est surtout un moyen de communiquer autour d’un programme qu’ils souhaitent faire perdurer dans le temps. Malgré le conflit israélo-palestinien, ils ont désiré être présents pour exprimer leur gratitude face à l’aide technique apportée par les professeurs européens. Musser Arafat, l’un des professeurs rencontré s’exprime sur le sujet : « la mise en place d’un réseau inter-universitaire en Palestine permet ainsi aux étudiants de poursuivre leur enseignement malgré les nombreux check points qui empêchent de se déplacer». Emu, un professeur de Naplouse, vit sous l’occupation israélienne et espère retrouver un jour la paix avec ce peuple sans terre. « J’apprends le français depuis 1 an et les premiers mots qui me viennent sont à l’image du drapeau qui flotte devant mes yeux : « Liberté, Egalité, Fraternité » ».
La meilleure façon d’apprendre, c’est de faire
Afin d’accompagner au mieux les universités palestiniennes dans ce projet, leurs homologues européens ont développé le programme autour de 5 axes : la remédiation, les Nouvelles Technologies, la formation maintenance automobile et l’initiation informatique.
Il faut savoir que le niveau de l’éducation est très élevé dans les territoires palestiniens malgré le fait que les diplômes ne soient pas reconnus en Israël. D’où l’importance de faire vivre les universités sur place, explique André Moisan, « il ne faut pas seulement considérer les Palestiniens comme des terroristes ou des victimes ».
Ce dernier, breton d’origine et pas peu fier de cet état, assume un statut de rebelle, comme il le dit si bien lui-même. Ce dernier se rend tous les 2 mois environ sur place afin d’améliorer la coopération entre les partenaires locaux et faire vivre le projet. « Le partenariat local est fondamental afin de remédier en partie au problème palestinien de manière à ce qu’ils ne soient pas exclus et surtout qu’ils soient plus que jamais autonomes en ces temps difficiles » conclut André Moisan.
Fin 2008, la Commission Européenne a cessé le financement de ce projet prévu pour 3 ans. Un nouveau cycle s’amorce donc avec l’obligation de reconquérir de nouvelles aides financières pour que l’enseignement perdure malgré tout.