Anciennement grand reporter puis directeur des rédactions print et numériques de l’Équipe, Claude Droussent est aujourd’hui consultant pour l’IFRA [[http://www.ifra.com/]], une unité de recherche et de formation pour les éditeurs sur la mise en place des médias d’aujourd’hui mais surtout de demain. Haut Courant l’a rencontré à l’occasion du Congrès de la Presse à Lyon le 21 novembre 2008.
De votre point de vue, comment sortir de la crise que la presse connaît aujourd’hui ?
Il faut que le monde de la presse écrite fasse sa révolution. Bien au-delà de ce qu’il se passe dans les États Généraux de la presse écrite aujourd’hui, qui montrent seulement que c’est un petit monde très cloisonné qui a besoin de prendre l’air et il lui faut surtout regarder ce que la jeune génération développe. Il faut que le monde de la presse écrite observe comment les moins de 35 ans vont vers l’information, comment ils l’utilisent, comment ils jouent avec, comment ils ont envie d’y participer… Tout cela lui permettra d’imaginer de nouveaux modèles pour aller se déployer sur les nouveaux supports et aller beaucoup plus à la rencontre des publics, aller plus vers ce qu’ils veulent et ce dont ils ont besoin, choses qui ne sont pas trop considérées dans les journaux actuellement.
Le monde de la presse écrite doit donc se remettre en question…
Aujourd’hui, on va livrer de l’information en pensant que c’est de la bonne information à livrer aux gens. Mais en fait ça ne l’est pas puisque les gens nous consultent de moins en moins. Il faut avoir une réflexion tout en gardant les fondamentaux qui sont la qualité éditoriale, le fait de savoir hiérarchiser l’information, la vérifier, parce que la déferlante des médias numériques a aussi un inconvénient, c’est de livrer beaucoup d’informations un peu bancales. Donc il faut aller vers le monde en restant sur ces fondamentaux, l’éthique et la qualité de son métier.
Les États Généraux de la Presse Écrite vont-ils produire de vraies solutions ?
Ils sont utiles, mais c’est une demi-déception dans le sens où nous avons l’impression, vu de l’extérieur, que ce sont les problèmes d’un monde vraiment très fermé. Il n’y a qu’un des quatre pôles des États Généraux qui est vraiment très intéressant, celui qui est dirigé par Bruno Patino versé vers les nouvelles technologies. Sinon j’ai vraiment l’impression qu’on a donné cet os à ronger à ceux qui sont passionnés pour les occuper un petit peu pour faire croire que… Quand on se promène ici (ndlr : dans les allées du XIe Congrès de la Presse Française à Lyon), on a l’impression de visiter un musée.