Bonjasky sacré roi du K-1

6 décembre 2008 à la Yokohama Arena. L’hollandais Remy Bonjasky remporte pour la troisième fois le K-1 World Grand prix en battant en finale le marocain Badr Hari. Le seul Français engagé et favori de la compétition, Jerôme Le banner, est éliminé dès les quarts de finale par le futur vainqueur, par arrêt de l’arbitre dû à une blessure à son bras gauche au début de la seconde reprise. Retour sur cette soirée au subtil mélange de surprise, de confusion et de déception.

Une belle soirée, une finale décevante

Elle était très attendue. Elle se voulait comme un passage de sceptre entre la nouvelle et l’ancienne génération des poids lourd de la boxe pieds poings. Au finale, cette édition du K-1 World Grand Prix n’a vu que la confirmation d’un grand champion, la domination de l’école hollandaise, la suprématie de la technique sur la puissance, du respect sur la fougue.

L’Hollandais Remy Bonjasky a rayonné de sa classe, de sa maîtrise et de son style aérien, la 15eme édition de l’évènement. Battant d’entrée Jerôme LeBanner contraint à l’abandon à l’entrée du troisième round sur blessure, le flying gentleman ne fit qu’une bouchée du modeste combattant turc Gothan Saki en demi finale. Après une minute de combat dans le second round, le hollandais originaire du Surinam envoie à Saki un high kick surpuissant au niveau du flan. Les côtes vraisemblablement brisées, Saki est dans l’incapacité de reprendre le combat, Bonjasky est en route pour son troisième titre.

Face à lui en finale, se dressait la nouvelle école, un marocain élevé à la sauce hollandaise, qui a dès le début de l’évènement montré tout son talent. Badr Hari rencontrait pour son premier combat de la soirée le triple champion de la compétition, le hollandais Peter Aerts. Le « golden boy » administra une sévère correction à celui qu’il considère lui-même comme son idole, en l’envoyant trois fois au tapis avant que l’arbitre mette fin au calvaire du bûcheron batave dans le second round. En guise de passage de témoin, à la fin de la rencontre, le marocain embrassa le sol devant Aerts, l’image est belle, le flambeau est transmis, respect.
En demi finale, Hari affrontait le combattant du Surinam Eroll Zimmerman. Badr Hari se fera peur à la suite d’un crochet du droit terrible de Zimmerman, qui l’enverra quelques secondes dans les cordes. Bien décidé à ne pas passer à côté d’une finale qui lui était accessible, il remonta en selle et rendit à Zimmerman la pareille dans l’ultime round. Le Surinamien, lui, ne se relèvera pas.
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32 ans d’un côté, 23 ans de l’autre, l’envie face à l’expérience, du talent de part et d’autre, la finale se voulait être une des plus ouvertes depuis l’existence du K-1. Elle ne décevra pas… pendant un round. Au début de la seconde reprise, alors que le combat semblait équilibré, que les deux boxeurs se déchiraient avec classe, Badr Hari profite d’une chute de Remy Bonjasky pour lui administrer au sol une droite suivi d’un coup de pied au visage. Consternation dans la Yokohama Arena, suivi de la confusion. Dans un premier temps, l’arbitre de la rencontre ne lui administra qu’un carton jaune. Voyant que le hollandais peinait à reprendre ses esprits, les juges décidèrent de transformer le jaune en rouge signe de disqualification.

Chaos, confusion, une finale amère, terne, bien loin des valeurs de respect et de courage qui régnaient jusqu’alors dans cette soirée.
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Le Banner vers la retraite ?

Certains diront que c’est un mauvais remake de 2002, d’autres diront que malgré son mental hors norme, le physique ne suit plus. « Jeronimo » sort une nouvelle fois de cette édition du K-1 par la petite porte. Le « roi sans couronne » a dû une nouvelle fois laisser filé le sceptre pour cause de blessure. Déjà en 2002, en finale face à Ernesto Hoost, une fracture de fatigue au bras gauche dans l’ultime round l’avait privé de la récompense ultime.
Le 6 décembre 2008 en quart de finale face à Remy Bonjasky, une douleur à ce même bras le contraint à l’abandon.
Des inquiétudes avaient déjà éveillés les soupçons à son entrée sur le ring. Toujours affûté, le regard froid, seul un strap couleur chair à son bras pouvait présager le pire. Ce détail n’échappa pas au hollandais volant qui dès le début du match lui administra de nombreux coups à cet endroit. Jusqu’à la rupture. Troisième round, Jérôme Le Banner tente de contrer un violent coup de pied à l’aide de son avant bras. Il secoue son bras, visage marqué par la douleur, le staff médical est dépêché. Un des médecins prend le micro et préconise, pour la santé du boxeur, d’interrompre la rencontre. A l’issue de la conférence de presse, on apprendra que le Havrais souffre en fait d’un surplus d’eau dû à la succession des entraînements intensifs.
A 36 ans, il se peut que ce soit la dernière fois que l’on voyait le français monté sur un ring de K-1.

K-1 World Grand Prix 2008 : Les japonais en sont fous

Le 6 décembre aura lieu à la Yokohama Arena, la finale 2008 du K-1 World Grand Prix. Cette compétition inconnue en France voit s’affronter lors d’une folle soirée les meilleurs combattants de la planète. Huit guerriers, de l’adrénaline, du spectacle, 70 000 japonais surexcités, regard au cœur de l’évènement sportif de l’année au pays du soleil levant.

Les Gladiateurs des temps modernes

Hawaï, Budapest, Amsterdam, ils ont foulés les rings de la planète durant une année. Ils ont combattu tous les spécialistes de la boxe pieds poings, afin d’obtenir un billet pour la phase finale, qui aura lieu début décembre dans l’arène gigantesque de la Yokohama Arena. Il en reste huit aujourd’hui. Huit combattants dépassant allégrement les 100 kilos. Huit monstres de puissance et de technique qui vont, le temps d’une soirée, s’affronter dans le but de remporter la consécration suprême, le titre de champion du K-1.
Cette compétition crée en 1993 par le professeur de karaté japonais Kazuyoshi Ishii, est née d’une volonté de voir s’affronter sur un même ring, des sportifs pratiquant des techniques de combat différentes. Karaté, Kick Boxing, Kung Fu, Tae Kwon Do, Ishii prônait la maîtrise de ces quatre disciplines, la combinaison des quatre « K », pour devenir « The One », le meilleur combattant de la planète.
En plus de la technique, il faudra aux boxeurs une condition physique irréprochable. Trois matchs en trois rounds de trois minutes à disputer dans la soirée, en évitant les K.O, les blessures, en faisant abstraction des ecchymoses et de la douleur, pour avoir l’honneur d’arborer la couronne dorée dévolue au vainqueur.

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Les néerlandais et les autres

Depuis sa création, le K-1 est dominé sans partage par l’école néerlandaise, qui a formé 11 des 14 vainqueurs de la compétition. Dotés d’infrastructures adaptées, d’aides financières publiques importantes et d’une bonne image de marque, les boxeurs bataves remportent la plupart des compétitions de boxe pieds/poings/genoux chez les poids lourds depuis une vingtaine d’année. La France, elle, souffre encore de l’image négative de ces sports décriés et considérés dans l’opinion publique comme violents et dangereux. Pourtant, la France a donné naissance à la star du tournoi, l’idole des nippons, le favori de cette édition, Jerôme Le Banner.

«Le roi sans couronne»

Ses surnoms, «Jeronimo» ou encore « le roi sans couronne » lui ont été donnés par ses nombreux fans japonais. Star sur l’archipel, Jérôme Le Banner, est plus connu en France pour ses petits rôles de brute dans des grosses productions (Astérix et Obélix aux Jeux Olympiques, Scorpion). Pourtant, le havrais est un des meilleurs boxeurs pieds poings de la planète. Champion du monde de boxe Thaï, sa notoriété asiatique K1osaka03.jpgest née de son physique hors du commun (1m90 pour 120 kilos), de son engagement total sur le ring et surtout de sa capacité à participer à de nombreuses phases finales du K-1, sans jamais parvenir à en remporter une. Finale perdue en 1995, troisième en 1999, il est à deux doigts d’être sacré en 2002, quand son bras droit casse dans l’ultime round face à Ernesto Hoost. Après un retour mitigé à sa sortie de blessure, il revient cette année pour tenter enfin de remporter le titre. Pour cela, il lui faudra battre dès les quarts de finale, « le hollandais volant » Remy Bonjasky, double vainqueur du tournoi. Et surtout, souhaiter que le jeune marocain Badr Hari, autre grand favori de l’évènement, chute dès le premier tour face au triple champion de la compétition, Peter Aerts. Un plateau final relevé, indécis, qui contentera sans aucun doute les attentes des milliers de japonais qui feront le déplacement.

Le Japon et ses princes

Au Japon, le sumo fait fureur. A une longueur derrière, il y a le K-1. La Yokohama Arena sera à nouveau pleine comme un œuf le 6 décembre, forte des 70 000 spectateurs qui s’amassent chaque année pour soutenir ces champions. Les japonais en sont fous, les produits dérivés, les T-shirts, les figurines à l’effigie des boxeurs partent comme des petits pains. On les voit partout. Ils alimentent les spots publicitaires, ils possèdent leurs images en 10 par 10 sur les immeubles de la capitale. Fidèles à leur tradition de combattants, de berceau des arts martiaux, de garant des valeurs de courage et de respect, les japonais ont adopté de manière naturelle cette compétition devenue l’évènement majeur de l’année sportive. Ils possèdent peu de représentants de leur pays, peu importe, ils s’approprient les combattants, en font leur chouchou, une récompense pour ces guerriers qui souffrent généralement d’un manque de reconnaissance. Là bas, ils sont stars. Et comme des stars, les récompenses financières frôlent l’extravagance. Le vainqueur du tournoi remporte plus de 300 000 euros, alors que par comparaison le cycliste arborant le maillot jaune sur les Champs Elysées empoche 450 000 euros.
De la folie à la japonaise, un évènement démesuré, une récompense superbe pour devenir l’empereur japonais des sports de combat.