Dépaysant, le voyage proposé par Kawenga promet de l’être. Installé depuis peu au 21 boulevard Louis Blanc cet authentique havre de technologies regorge de fils et branchements incongrus, de matériel introuvable ailleurs que dans les stocks surprotégés de la Silicon Valley ou de la Nasa. Passé maître en matière d’expérimentation high tech, le collectif Dardex-mort2faim est le premier à s’emparer des lieux. Invasion montpelliéraine prévue le 27 mars prochain. Plutôt à son aise dans les locaux immaculés de Kawenga, Dardex-mort2faim ne relâchera son emprise artistique que le 11 avril.
Les yeux et les oreilles couverts par un casque estimé à quelques 10 000 euros, le tout branché sur une machinerie aussi coûteuse qu’elle est ancienne, les artistes du collectif Dardex plongent
le visiteur dans un monde entièrement virtuel, factice. Une chambre d’asile psychiatrique modélisée en trois dimensions (3D), capitonnée du sol au plafond, sans aucune issue. L’ambiance est voulue oppressante. L’immersion, totale. Dans cette expérience virtuelle, le « cobaye » n’entend rien sinon le son de ses propres battements de cœur. Mesurés en temps réel, les palpitations et le stress influent directement sur l’environnement en 3D, pliant les murs, contorsionnant les formes.
Le dispositif inventé par Quentin Destieu et de Sylvain Huguet agit à l’instar d’un miroir. Psychotik Room place l’individu dans une situation d’isolement similaire à celles du quotidien, du travail en solitaire aux rues bondées d’inconnus. Les rencontres, justement, les deux artistes s’y plient volontiers. Premiers résidents des nouveaux locaux du groupe Kawenga, les inventions du collectif Dardex sont accessibles au public du lundi au samedi de 14 à 18h, du 27 mars au 11 avril. Avec en prime, des ateliers d’initiation aux nouvelles technologies. Adeptes du recyclage en tout genre, les deux artistes et Kawenga invitent en effet les curieux à des ateliers de bricolage un brin déjantés. Changer une poubelle en platine pour DJ ou ressouder les touches de son clavier à des boutons faits maison, néophytes et informaticiens accomplis trouveront dans le blanc impeccable de la maison Kawenga de quoi s’exprimer, et pourquoi pas, de quoi apprendre.
Article paru sur midilibre.com le 20 mars 2009