« Ce serait l’histoire d’un dictateur agoraphobe qui se ferait remplacer par un sosie.
Ce serait l’histoire de ce sosie qui se ferait à son tour remplacer par un sosie.
Mais c’est surtout l’histoire de l’auteur rêvant à cela dans son hamac.
Et c’est l’éloge du hamac: ce rectangle de temps suspendu dans le ciel. »
Quelques mots au dos d’un livre: « Le dictateur et le hamac », les mots d’un éternel rêveur: Daniel Pennac.
Fruits de ses nombreux songes: Cabot-caboche, L’œil du loup, la saga des Malaussène et des Kamo pour ne citer que les plus connu. Paru en 2003, l’auteur se dévoile dans Le dictateur et le hamac et nous invite dans les coulisses de son imagination. Subtil mélange, le livre propose aux lecteurs une rencontre entre une histoire loufoque et les étapes de sa construction. Une étrange comédie qui prend vie petit à petit dans le fameux hamac suspendu au Nordest du Brésil, à Maraponga, où l’auteur passe, à l’époque, ses journées à s’évader.
« Je songe à cette question qu’on pose parfois aux romanciers : Comment naissent vos personnages ?
Comme ça. De l’imprévisible et nécessaire combinaison entre les exigences d’un thème, les besoins du récit, les sédiments de la vie, les hasards de la rêverie, les arcanes d’une mémoire capricieuse, les évènements, les lectures, les images, les gens. »
Ainsi vogue le récit. Agrémenté de bribes de vécu, d’informations échangées, entendues, qui peu à peu prennent forme dans une histoire faite de clins d’œil à la vie.
L’auteur se questionne ouvertement et convie le lecteur dans les cheminements de sa pensée. Les « ce serait » et autres verbes au conditionnel rythmes les différentes fenêtres de création par lesquelles il nous invite à renter. Après avoir introduit une ouvreuse de cinéma pour les besoins du personnage principal, il pense tout haut. « Cette histoire manque de femmes, comme j’aimerais profiter de cette pause, dans mon hamac pour raconter ton histoire a toi par exemple, petite ouvreuse… » Et l’histoire repart vers des sentiers inconnus.
Le roman est un régal d’écriture et une réflexion sur l’étrange comédie de la vie, un jeu de dupe et de sosies où la recherche de soit, la passion, l’ennui, le rêve pousse les personnages à avancer vers l’infini.
L’histoire d’un dictateur qui se fait remplacer par un sosie ? Cela ressemble étrangement à un film… Mais alors, qui imite qui ? Ce livre nous invite à rencontrer celui à qui s’est vraiment arrivé…après tout, « il suffit d’imaginer… » suggèrent les pages avant de se refermer.