Luna c’est le film de toutes les premières fois : premier long métrage pour la réalisatrice, première mondiale du film et première fois qu’un film tourné à Montpellier est en compétition officielle du Cinemed. L’équipe est presque au complet sur scène et l’émotion est palpable. Laetitia Clément, interprète de Luna, se montre aussi naturelle et lumineuse que dans le film. Issue d’un casting sauvage au sein de son lycée, elle raconte être passée « du délire de potes au rêve ». Elsa Diringer a trouvé en Laetitia « une femme de caractère, qui vibre à l’intérieur » et n’a pas hésité une seconde à la choisir. Ces personnages ne constituent en rien des caricatures. Ils apportent un réalisme et une vérité au film.
La première scène de Luna montre deux amies qui clament sur un scooter « Montpellier, Montpellier, à tout jamais ». Luna est belle, drôle et elle dévore la vie. Elle est amoureuse de Ruben et serait prête à tout pour lui. Jusqu’au jour où tout bascule, l’alcool, l’ivresse d’une jeunesse incontrôlable, en proie à une liberté dangereuse. Ces jeunes vont victimiser un homme « pour rire ». La force du nombre va jouer contre lui, impuissant et désarmé. Luna n’est pas insouciante, elle travaille dans une coopérative et vient d’obtenir son CAP. Tous ces jeunes représentent le miroir d’une jeunesse intermédiaire, ni des beaux quartiers, ni des banlieues, mais de la périphérie. Ils sont confrontés à des réalités difficiles mais les abordent sur un ton léger. Luna est intransigeante envers elle-même, elle ne doit jamais perdre la face. Elle incarne une génération de femmes partagées entre désir de plaire et émancipation. Elle n’assume pas tout ce qu’elle fait mais s’assume telle qu’elle est.
Luna c’est une ode à la liberté, à la vie et à l’amour. Les paysages montpelliérains se révèlent au son entêtant des fanfares. Luna grandit et change d’apparence pour aller à la rencontre d’elle-même. Elle accepte l’amour simple, s’ouvre à la musique et abandonne sa méfiance. Ces jeunes ne sont finalement pas si durs, ils ont besoin de se sentir libres et d’échapper à leur quotidien.
À la fin du film, l’humiliation change de camp, le rire se transforme en larmes et la haine en amour, la boucle se referme.
Après la projection, Elsa Diringer revient sur cette violence, thème principal du film. Elle en a fait l’expérience lorsqu’elle travaillait en collège et voulait témoigner sur « comment la violence peut-elle éclore de manière inexplicable et comment y faire face ». Mais la légèreté reprend le dessus quand le Coco Fanfare Club, présent dans le film, inonde la salle de ses costumes colorés et de son rythme entraînant. La jeunesse battante laisse place à la « battle » de fanfares.