Greenpeace installe une piscine nucléaire sur la Comédie

Ce samedi en début d’après-midi, des militants de l’ONG de défense de l’environnement ont voulu attirer l’attention des Montpelliérains sur les enjeux sécuritaires que pose l’utilisation de l’atome. Une mobilisation nationale avec, en fil rouge, la sortie totale du nucléaire.

Greenpeace se mouille encore. Samedi après-midi, à Montpellier, des militants locaux de l’organisation de protection de l’environnement ont reproduit, place de la Comédie, une piscine nucléaire « en carton ».
Pétition en main, leur objectif était d’alerter les citoyens sur la fragilité des bassins de refroidissement des combustibles usés des centrales atomiques et des risques sécuritaires qui en découlent. Une action menée simultanément dans une vingtaine de villes du territoire national.

Une menace d’accident nucléaire

« On est dans la même configuration que Fukushima », alerte Zoé De Bonduwe. La référente nucléaire du groupe de Greenpeace Montpellier s’appuie sur un rapport établi par sept experts indépendants, sur demande de l’ONG. Ces derniers pointent la vulnérabilité des bassins d’entreposage des centrales françaises et belges face aux risques d’attaques extérieures.

« Ces piscines sont deux à trois fois plus radioactives qu’un réacteur. Et pourtant, elles sont beaucoup moins protégées. Leurs murs ne sont épais que de 30 centimètres de ciment. Parfois même de tôle. C’est largement insuffisant. On pourrait faire face à un accident nucléaire, si l’une d’entre elles était la cible d’un acte de malveillance. Or jeudi, nous avons prouvé, une fois de plus, à quel point il est facile de pénétrer sur un site nucléaire . »

En fil rouge, la sortie de l’atome

Cette mobilisation nationale est donc un nouvel acte de défiance de Greenpeace envers l’entreprise énergétique EDF « qui nous met en danger ainsi que nos voisins, renchérit Zoé De Bonduwe. Nous souhaitons qu’elle prenne ses responsabilités en renforçant ses structures ».

Si dans l’immédiat, l’ONG réclame une amélioration de la sécurité dans et autour des centrales, à terme, elle milite pour une sortie totale du nucléaire.

Nucléaire, mon amour

S’il est un homme pressé, Nicolas Sarkozy n’en oublie pas ses priorités. Au terme d’une visite officielle de 36h en Inde à but « politique » les 25 et 26 Janvier derniers, le « routard » du gouvernement français ne rentre pas les mains vides. 100 millions d’euros de contrats dans le secteur de l’eau pour Suez ainsi que la priorité du marché de la modernisation des Mirage 2000 indiens. Et la cerise : un accord « de coopération dans le secteur du nucléaire civil ».

Le Nu-clé-aire. Sujet ô combien favori du chef de l’état qui qualifiait ce dossier comme un des «enjeux essentiels» de sa visite, dans un entretien accordé vendredi au quotidien Hindustan Times. Après la Libye, l’Algérie et les Emirats Arabes Unis, les pions du lobby nucléaire français s’emparent de l’Inde. Car avec 9% de croissance annuelle, elle représente un « eldorado » pour l’industrie atomique qui est, à ce jour, la seule énergie de substitution au charbon et au pétrole développées par les pays industrialisés.

Alors la concurrence est rude. Les Etats-Unis sont déjà dans la course par un accord similaire conclu avec l’Inde en 2005. Très présente dans l’atome civil indien, la Russie y voit également un débouché pour son industrie en pleine croissance.
Mais la coopération voulue par Paris dans le secteur de l’énergie nucléaire civile reste suspendue à la signature d’un accord entre New Delhi, qui détient la bombe atomique et n’a pas signé le traité de non-prolifération (TNP), et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

Qu’importe, Sarkozy a promis que «la France serait l’avocate de l’Inde pour l’accès au nucléaire civil» . Présenté comme un transfert de technologie « propre », le modèle nucléaire français joue du réchauffement climatique pour exporter des procédés trop récents pour être maîtrisés. Qu’adviendra t’il des déchets radioactifs, thermiques et chimiques dont on reporte la responsabilité sur les générations futures ? C’est une autre conception du développement durable.