Vin bios : les sentiers de l’export

Par le 23 janvier 2015

Environ 40 % du vin bio est exporté. Qui sont les principaux pays acheteurs et quels sont les particularismes à prendre en compte ? Éléments de reponse avec Pascal Barbe de Sud France Export.

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En 2012 le chiffre d’affaire des vins bio en France a progressé de 15 % pour atteindre 413 millions d’euros. Mais qu’en est-il dans d’autres pays de l’UE aux États-Unis ou sur les marchés des pays émergents? Et surtout, où en est la consommation du vin bio chez eux ?

L’enquête réalisée en 2012 par l’Agence Bio établit le classement suivant : le vin bio français s’exporte en grande majorité dans la zone Europe, suivie par l’Asie et l’Amérique du Nord. Des chiffres assez proches de ceux des exportations de vins conventionnels.

vinbiosexportes.png Selon Pascal Barbe, responsable adjoint filière vin chez Sud de France Export, le plus gros client des vins du Languedoc-Roussillon (bios et conventionnels confondus) est l’Allemagne. Hors Europe, il s’agit de la Chine et l’Amérique du Nord. Côté vins bio, Pascal Barbe assure qu’au-delà de l’Allemagne « les pays scandinaves sont de bons clients car ils sont plus sensibilisés à l’écologie ». Autre constat selon lui : aux Etats-Unis le vin bio se vend mieux « sur les côtes, à l’Est comme à l’Ouest », avec un marché « assez ouvert contrairement au Brésil ou à la Russie où les taxes douanières sont très élevées ». Enfin, le Japon dont le marché est depuis longtemps « mature » est aussi un important consommateur de bio.

La Chine : futur eldorado du vin bio français ?

La Chine est un cas à part. Les acheteurs sont obsédés par le prix qu’ils souhaitent toujours le plus bas possible. Mais dans le même temps d’autres parmi eux développent un marché très haut de gamme à destination des nouveaux riches. Pascal Barbe et Sud de France export ont été les premiers à réaliser une prospection bio en Chine. Objectif : comprendre si les produits bios pouvaient y trouver des débouchés. L’agriculture biologique en est là-bas à ses balbutiements, même si le pays commence à s’y intéresser en raison « des scandales alimentaires récents qu’ils ont connus comme ceux des porcs repêchés ou du lait maternel contaminé ». De plus, une classe moyenne a émergé en Chine, dotée d’un pouvoir d’achat conséquent. Ce qui est une niche aujourd’hui pourrait s’avérer être un marché très lucratif. Aux producteurs bio de savoir en profiter…

Pour en revenir à l’Europe, l’Allemagne est le deuxième plus gros consommateur de produits issus de l’agriculture biologique en général (après les Etats-Unis au niveau mondial). Et l’attachement des Allemands aux vins français – particulièrement les vins du Languedoc-Roussillon – est réel. Pascal Barbe explique surtout cela par « le rapport qualité/prix de ces derniers, et le fait que de nombreux Allemands passent leurs vacances ici et sont attachés à cette région ».
L’Espagne est le premier producteur mondial de vin bio (voir graphique), et les pays scandinaves ainsi que la Grande Bretagne sont traditionnellement de grands consommateurs de produits issus de l’agriculture biologique. productionbiomonde.png

Une différence de goût en fonction des marchés

Outre-Atlantique les différences ne sont pas seulement marchandes, mais aussi culturelles. Face à ces contraintes, les vignerons français savent adapter leur savoir-faire pour que leurs offres correspondent à ces demandes. Pascal Barbe remarque que les vins rouges dégustés en Amérique du nord possèdent un sucre résiduel plus élevé d’un point que ceux bus en France. Cela ne veut pas dire qu’ils sont forcément plus sucrés, mais qu’ils possèdent un goût plus sucré. Une tendance confirmée par Amaury Jourjon, titulaire du diplôme national d’œnologie de l’ENSAT (université Paul Sabatier de Toulouse), qui vit aujourd’hui en Californie et travaille pour le site de vente en ligne « nakedwines » proposant des vins du monde entier. Selon lui « le vin est plus consommé au verre et en apéritif aux Etats-Unis contrairement à la France ou le vin accompagne bien souvent un repas, cela se place globalement dans une tendance classe, branchée dite « trendy » ».

En effet, il n’est pas inhabituel de commander un verre de vin rouge dans un bar, mais le vin, assure Amaury Jourjon, sera « plus sucré, plus fort en alcool mais plus facile à boire ». Le vin rouge y possède une image positive et luxueuse comme le champagne. Mais coté prix, « l’équivalent qualitatif d’un vin à 5€ en France, peut se retrouver dans les 20$ aux USA ». Lorsque l’on vend des vins français à l’étranger il est soit obligatoire, soit très fortement conseillé d’inclure une contre étiquette à la bouteille dans la langue du pays. Et gare aux particularités locales ! Aux Etats-Unis, pas de logo de femme enceinte barrée sur les étiquettes, cela représente pour les autorités américaines une image sexuelle.

Finalement selon Pascal Barbe, le vin bio n’est plus une niche sur les marchés installés, il s’est généralisé. De plus, chaque pays possède plusieurs marchés avec des comportements différents. Donc, aucune n’est généralisation possible mais une certitude : le vin biologique est en train de trouver sa clientèle. En France comme ailleurs dans le monde.

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