Il avait la grâce et cette poésie mélancolique dont étaient empreintes ses créations. Il était de ceux dont le talent frise parfois l’arrogance, dont l’inspiration transcende avec éclat genres et conventions. Il était l’un des créateurs de mode les plus brillants de sa génération.
Impérieusement provocateur, « l’enfant terrible de la mode », sévissait dès 16 ans, chez les tailleurs de Sevile Row, glissant dans les doublures des vestes du Prince Charles : « Je suis un con ».
Derrière l’apparence joviale, il y a pourtant une vision plus sombre, insondable. L’univers d’Alexander MC Queen était fantastique car infini, à l’extrême limite du réel, comme l’illustre Plato’s Atlantis, collection hypnotique présentée à la Fashion Week de Paris en Octobre dernier. Tout droit sorti d’arrières mondes magnétiques, les créations de Mc Queen donnaient tout son sens à la formule prophétique de Coco Chanel : « La mode c’est quelque chose au bord du suicide. »
Au fait d’un art fantasmagorique, le créateur londonien s’est donné la mort, une semaine après le décès de sa mère. Dans le Figaro, son ami David LaChapelle témoigne :
« Le suicide, ce n’est pas juste une petite pulsion irrationnelle, un mauvais jour. C’est quelque chose de profond qui vous hante, qui vous tenaille. Je le comprends. J’ai eu ce genre de doutes en tant que photographe et homme. J’ai pris mes distances à temps. Alexander venait de perdre sa mère, cela l’a dévasté. Je pense aussi qu’il a attendu que sa mère parte pour partir à son tour. Il ne lui aurait jamais fait subir un tel chagrin ».
Alexander Mc Queen s’en est donc allé, à une semaine du lancement de la Fashion Week londonienne : « Je n’y croyais pas quand j’ai entendu l’annonce de son décès. Avant hier, j’essayais des chaussures qu’il a créé. A quelques jours des défilés, il y a une atmosphère triste ici » explique Estelle, mannequin à Londres.
God save you, McQueen.
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