2014 annonce les élections municipales. Une échéance importante. Qu’en pensez-vous ?
Vous n’espérez tout de même pas que je vous dise si je suis candidat. (Rires)
Vous êtes souvent qualifié de professionnel de la langue de bois. Comment vous défendez-vous par rapport à cela ?
Moi mon problème, c’est que je ne dis jamais « je suis candidat, je suis candidat, je veux ceci ou je veux cela ». Cela énerve les journalistes de ne pas leur donner la petite phrase méchante et assassine. Revenir à une argumentation en trois parties, défendre une idée, cela ne plaît pas à la presse qui veut surfer sur quelque chose. Le regard des journalistes reste tout de même légitime, c’est un contre-pouvoir.
En 2008, vous avez été nommé à la culture. Aujourd’hui vous êtes chargé de l’urbanisme. Eprouvez-vous une certaine nostalgie ?
Vous n’allez pas vous y mettre ! (rires)… Quand j’ai été élu en 2008, c’était ma première expérience d’élu politique. Lorsque vous devenez élu à la culture et que vous avez des moyens pour faire dans une ville qui a déjà tant fait pour la culture, alors vous lancez des pistes comme l’agora des savoirs, les ZAT (Zones Artistiques Temporaires, ndlr), vous créez un cinéma municipal, vous faites venir José Garcia, vous défendez la gratuité de la culture (…). Vous mettez en œuvre vos convictions que vous avez bâties en tant que militant. J’ai l’impression d’avoir fait beaucoup de choses, fidèles à mes valeurs de gauche, fidèle à ce que doit être Montpellier : une ville innovante, une ville en mouvement, ouverte aux artistes, à la pensée (…). On m’a dit qu’il fallait faire autre chose, j’ai fait autre chose. J’ai été malheureux. Bien sûr que cela représentait une promotion, c’était un choix du maire, pas une punition. Mais je n’avais pas envie d’être promu. J’ai tiré la tête, j’avais des états d’âmes, je ne les ai pas cachés.
Quel regard portez-vous sur le travail de celui qui vous a remplacé, Philippe Saurel ?
J’ai un principe. Je ne dis jamais de mal de mes collègues. C’est une délégation importante, difficile parce que l’on est jugé. Je ne dirai pas de mal de Monsieur Saurel, j’espère qu’il fera bien son travail et je lui souhaite bonne chance pour y arriver. Nous faisons partie de la même équipe.
Parlons-en. Philippe Saurel a déjà annoncé sa candidature pour 2014, est-ce trop tôt ?
Je ne sais pas si c’est tôt, chacun fait comme il veut. Ce que je crois nécessaire dans cette affaire c’est que les élections municipales sont importantes à plusieurs égards. Je pense qu’avant de parler du jeu, il faut parler de ce que nous voulons faire, comment et où devons-nous aller, quelles convictions allons-nous défendre pour cette ville. Bien sûr les gens de gauche veulent porter des choses. Mais peut-être que l’on peut rassembler au-delà, sur l’idée que Montpellier doit être en mouvement, doit continuer à innover, à être une référence en Europe sur les politiques publiques, la culture, l’urbanisme, le sport (…). Il se passe quelque chose dans cette ville, qui est capable d’accueillir 4000 nouveaux habitants chaque année. Ce sont des choix et des discussions que l’on doit avoir, sur la base de projets, d’options qu’il faudra tanger. Ensuite, quelles stratégies d’alliance ? Avec qui porte-t-on les combats électoraux ? Rassemblement de la gauche : oui ! Aujourd’hui nos partenaires d’Europe Ecologie ne sont pas avec nous. Je crois qu’il faudra rassembler au-delà même. Dans une ville, il y a aussi une société civile, des forces qui ont envie de participer au développement de Montpellier. Et puis, il y a des forces conservatrices qui disent qu’il faut arrêter de la développer…
Justement, Montpellier ne grandit-elle pas trop vite ?
Pour moi, Montpellier grandit parce qu’il y a un mouvement migratoire de fait. Les gens veulent s’installer dans le midi et le Sud-Ouest, pour leur retraite ou parce qu’ils ont envie de fonder une famille, un projet de vie. C’est une ville où le taux de chômage est élevé mais c’est aussi là où l’on crée le plus d’emplois, une des villes où l’on voit beaucoup d’entreprises innovantes. L’enjeu est de maîtriser sa croissance et que cette dernière n’altère pas la qualité de vie.
Pour vous, cette candidature est-elle recevable deux ans avant l’échéance ?
Philippe Saurel a fait sa déclaration de candidature, on le savait tous au moment des élections régionales. Il a réitéré récemment. Ça lui appartient, c’est son rythme. Ce qui est sûr, c’est que les adhérents du Parti socialiste choisiront dans des conditions qui devront être transparentes, exemplaires, parce qu’on ne peut pas faire des primaires telles que nous les avons faites et on ne peut pas avoir de processus de désignation de notre leader aux municipales insatisfaisant. Moi je serai très présent dans cette discussion là parce que j’estime qu’il y a des choses à dire et à défendre. Il y a un beau débat sur l’avenir de Montpellier, effectivement la question de l’emploi, effectivement la question de son attractivité, de nos universités, où avons-nous échoué sur idex. Il ne s’agit pas de jeter la pierre au monde de la recherche ou aux universitaires mais comment pouvons-nous réussir cela ? Nous avons encore de belles choses à écrire en matière de culture, des grands défis en matière d’infrastructures de transports, un immense défi en matière de logement et en particulier sur l’accession sociale à la propriété.
Soutenez-vous Philippe Saurel ?
Non, je prône le débat d’idée. Il y a un débat d’idée et à un moment, on tranche et on se rassemble. Je ne vais vous dire que je le soutiens. Pour l’instant ce n’est qu’un candidat. Sur quelle base ? Sur quel programme ? Sur quelle dynamique ? Sur quelles convictions ? Sur quelles exigences ? Sur quel niveau d’ambition pour la ville ? Ce sont des questions que je pose et que les militants socialistes se posent et plus globalement les Montpelliérains. Ce sera la première municipale sans Georges Frêche. En 2014, on va faire sans et on va voir comment on engage cela. Je pense que ce débat peut être passionnant.
Quelles sont vos idées pour ce débat ?
Personnellement fort de ma première expérience, je souhaite par exemple que l’opposition est une place plus importante pour la qualité du débat démocratique, que l’on approfondisse les modalités d’une démocratie dite participative. Je vois bien qu’il faut répondre à des demandes de la société. A nous d’être dignes, à nous le débat d’idées pour que le programme soit le plus en phase avec ce que doit être Montpellier entre 2014 et 2020. Le débat des personnes est secondaire et celui des idées est primordial. Si ce n’est pas le cas, les électeurs auront raison d’aller se tourner vers autre chose.
Pourquoi pas vous alors ?
Je suis très tranquille. Si l’on pense que je suis le plus crédible, le plus sincère, je me lancerai dans la bataille. Pour 2014, certains le pensent…
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