Théâtre Pierre Tabard: « C’est l’imaginaire qui fait le flic à ta place. »

Par le 19 novembre 2012

Mercredi, c’est le jour des enfants. Au coin d’une rue, une devanture sobre : « Théâtre Pierre Tabard ». Une troupe d’enfants, accompagnés de leurs parents, se masse devant l’entrée. Une fois passée la porte, c’est un autre univers : crêpes, coloriages, lecture pour tous âges. En fond sonore, des artistes accordent leur voix avant le spectacle. Damiane Goudet, la nouvelle directrice, se charge de vendre les places à l’entrée. Le public s’installe dans la salle, les enfants aux premiers rangs, les strapontins s’abaissent, la lumière s’éteint : le spectacle commence.

Spectacle

Un homme, une femme, une caisse en bois, il n’en faut pas plus pour interpréter « C’est comme ça ». Une femme attend désespérément son prince charmant. Un homme l’épaule dans sa quête en compagnie de son chien « Pull ». Les enfants rient…les adultes aussi. « Si je fais du spectacle pour enfants, c’est parce que j’ai du mal à grandir. » nous confie Benjamin, l’un des protagonistes de la pièce. « Le vrai théâtre pour enfants ne se fait pas sur scène mais dans la salle. » ajoute-t-il. La troupe cherche à développer un imaginaire à partir de rien tout en refusant d’infantiliser les plus jeunes. « Pour nous, l’enfant fait partie du même monde, a les mêmes problèmes que l’adulte. Quand il voit notre spectacle, il le voit au travers du prisme du parent. » affirme Myrtille (« la femme » de la pièce). « La télé et le cinéma n’ont pas leur place dans un théâtre. Le spectateur est actif dans une salle. » conclut Benjamin.

Benjamin, Myrtille et leur chien

C’est aussi l’avis de Kevin, l’un des parents ayant assisté au spectacle de l’après-midi : « Aujourd’hui, les enfants ont l’habitude de passer leur temps, passifs, devant un écran, que ce soit les jeux vidéo ou les films ». Le théâtre Pierre Tabard a préféré miser sur l’interactivité : « L‘enfant est un grand philosophe qui a beaucoup à nous apprendre. Le partage avec celui-ci est plus intéressant qu’avec les adultes. » assure Dagory, l’acteur couteau-suisse du « Petit chaperon rouge en…chanté ». Ce dernier y campe successivement un loup « crooner », une mère-grand momifiée et un chaperon rouge benêt, sur fond de débat littéraire entre la version de Perrault et celle des frères Grimm. « J’ai rigolé, j’ai chanté. Il y avait des chansons que j’ai apprises. » s’enthousiasme Céleste, six ans et demi.

Dagori en loup dans

Franchir le « quatrième mur », celui entre l’artiste et son public, voilà le leitmotiv de l’équipe du 17 rue Ferdinand Fabre. C’est ainsi qu’ils entendent nouer un dialogue avec l’enfant, et, par la même, développer leur créativité et leur sensibilité. « Développer l’imaginaire, la sensibilité, la réactivité, voilà ce qu’on essaye de faire. » conclut Damiane Goudet. Un théâtre atypique qui s’adresse volontairement aux adultes comme aux enfants en vue d’élever leur regard. À en voir la réaction des intéressés, la mayonnaise prend. Les bavards se taisent, les agités se calment, les rêveurs sont entraînés. François Di Carlo, résident du théâtre, résume : «T’as plus à faire le flic, parce que c’est l’imaginaire qui le fait à ta place. »

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à propos de l'auteur

Auteur : Marion Genevois

Journaliste? C'est une autre forme de justice. Le journalisme est une arme. L'arme contre l'ignorance et l'inconnu. Lors de mes nombreux voyages je m'aperçois du décalage immense entre la perception que les gens se font du monde et la réalité. Le journalisme est la clé de la découverte et l'outil démocratique qui réveillera les consciences endormies. Apporter des réponses où le doute existe, révéler les grandes arnaques, inviter à la découverte d'autrui, donner la voix aux oubliés, tous ces éléments m'ont donné envie de me lancer dans l'aventure du Journalisme. Je suis alors une licence en Info-Com/Anglais à l'université de Lyon puis rencontre pour la première fois des journalistes lors d'un stage en Relations Presse à Barcelone. Ce sont mes premiers pas dans le métier. Débarquée par la suite à Bucarest en Roumanie pour y suivre un Master en Journalisme, j'ai l'opportunité immense de me jeter sur le terrain à l'occasion d'un climat politique agité qui pousse la rue (rarement autant mobilisée) à exclure son président du paysage politique. Sur le terrain, c'est la révélation, mon futur métier se dessinait devant moi, je serai Journaliste.