Mariage pour tous : pro et anti se disent NON!

Par le 22 novembre 2012

Samedi 17 novembre 2012, les pro et anti mariage et adoption pour tous se sont confrontés dans les rues de Toulouse à l’appel de deux manifestations.

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Il est environ 21h, vendredi, quand les militantes du collectif féministe La Licorne Déviante arrivent rue Baronie à Toulouse. Lucie [[les prénoms ont été changés]], co-fondatrice du collectif, a organisé un  « atelier pancarte » chez elle pour se préparer au rassemblement du lendemain. Étudiantes pour la plupart, elles surgissent les mains chargées de cartons, marqueurs, peintures et des idées plein la tête. Quelques tâches sur le sol, on boit, on rit, mais au fond l’appréhension est là. «  J’espère qu’il y’ aura du monde «  confie Lou, co-fondatrice de La Licorne Déviante, brandissant sa pancarte. « La manif pour tous », mouvement qui rassemble différentes associations, personnalités et élus, à lancer un nouvel appel à manifester contre le mariage gay dans diverses villes de France. En réponse, plusieurs associations (Grisélidis, Mixcité, Act UP sud-ouest) et partis politique de gauche (NPA, EELV, JC) ont organisé une contre-manifestation à Toulouse le même jour. « On doit lutter pour nos droits, personne ne le fera à notre place » affirme Marie, féministe engagée. Pour l’adoption, elle ne manque pas de rappeler les chiffres « effarants » de familles divorcées, recomposées ou monoparentales, où les enfants évoluent « sans que cela ne pose problème à quiconque ». « Des familles homoparentales existent déjà et leurs enfants se portent très bien », conclue-t-elle.

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Le lendemain, les militantes se rejoignent à 13h place de la Trinité. Des membres du squat féministe « TDB » (Trou de Balle) sont déjà là. Concertation, échange de numéros à contacter en cas d’urgence, trousse à pharmacie…on ne rigole pas sur la prévention. Une passante interpellée par les affiches s’interroge :  « la manif n’est pas annulée ? ». Le préfet de Toulouse a en effet interdit la contre-manifestation. Une dizaine de CRS surveillent déjà la rue.

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Place Esquirol, point de rendez-vous des deux manifestations, les pro mariage arrivent peu à peu. Vers 14h, quelques 500 personnes se sont réunies. L’ambiance est bon enfant. Des drapeaux gays, de la CNT et du NPA flottent dans les airs. Un petit groupe d’Act Up sud-ouest se débat pour hisser une énorme banderole noire entres deux poteaux « Pour l’égalité des droits Ad vitam aeternam ». Des slogans d’un ton humoristique s’élèvent sur des pancartes colorées. Des militants qui ne manquent pas de créativité pour faire valoir leur droit.

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Devant la foule, des camions de CRS bloquent le passage. En arrière-plan, des ballons bleus, roses et blancs s’agitent au-dessus des képis. Les manifestants contre le mariage et l’adoption pour tous s’amassent de l’autre côté.

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« Ils sont nombreux » s’inquiète un manifestant qui tente de regarder entre deux policiers. Plus nombreux et apparemment mieux équipés : chars, sono, ballons. La manifestation des anti, elle, autorisée, commence sa marche sous les huées de l’autre camp:  » Homophobe dehors! », « Facho, catho, hors de nos rues! ». Beaucoup sont venus en famille. Pères, mères, enfants, comme pour refléter leur éternel slogan « un papa, une maman, on ne ment pas aux enfants ». Alice s’est vêtue de rose pour l’occasion. Elle est venue comme les autres pour dire non au mariage « entre deux personnes ayant des attirances homosexuelles ». Elle n’est pas là « contre les homosexuels » mais pour affirmer que  « naturellement, pour engendrer un enfant, il faut un papa et une maman, sinon c’est aller contre-nature ». La question de l’adoption est donc rédhibitoire et le mariage n’est pas mieux accepté : « Le Pacs existe déjà et reconnaît l’union entre deux personnes de même sexe, ils n’ont pas besoin du mariage, je pense que c’est suffisant ». Ce qui dérange surtout c’est ce qui changera dans le code civil, « parent à la place de mère et père ». « Dans le code civil, il n’y a pas une seule fois le mot amour » répond Alice à l’argument adverse de reconnaître l’union de deux personnes qui s’aiment. Si elle pense que le gouvernement ne reviendra pas sur sa décision elle ne baisse pourtant pas les bras « on espère que nos hommes politiques vont réfléchir en conscience et auront le courage de revenir sur leur décision ».

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Le long cortège, 10 000 personnes selon les organisateurs, 5000 selon la police, se déplace sans encombre vers la place du Capitole, lieu d’arrivée de la manifestation.

Au Capitole, les pro mariage sont déjà là et attendent de pied ferme leurs détracteurs. « On ne les laissera pas passer », s’insurge un militant. Une vingtaine de camions de CRS a été déployée dans les rues adjacentes. Vers 16h45, les anti sont à une rue de la place, les pro s’imposent face à eux devancés par un cordon musclé de CRS.

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On s’observe, on se provoque, quelques regards désapprobateurs et des insultes fusent. La sono des anti devient vite inaudible sous les huées et slogans chantés par les pro. « On baise pour vous, priez pour nous », « c’est au Vatican qu’on viole les enfants » ou encore « ah si Marie avait connu l’avortement, on n’aurait pas tous ces emmerdements ». Les CRS chargent et parfois matraquent les premiers rangs pour repousser les pro. A plusieurs reprises, du gaz lacrymogène est projeté dans leur direction. On tente de se réfugier dans les magasins ou hall d’immeuble les plus proches. Des gouttes de sérum et de l’eau sont distribuées aux plus touchés.

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Après un face à face tendu et des yeux bien rouges, les CRS évincent une ultime fois les pro au milieu de la place du Capitole sous les derniers jets de lacrymogène. Les anti n’auront pu atteindre qu’une petite partie de la place pour se disperser peu après. « C’est une victoire! » se réjouit Marie. « On aura résisté jusqu’au bout! ». Les défenseurs du mariage et de l’adoption pour tous ont montré aujourd’hui qu’ils étaient eux aussi mobilisés pour défendre la loi. Un prochain grand rassemblement est prévu à Paris le 16 décembre. « On y sera » assurent les manifestants.

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à propos de l'auteur

Auteur : Marion Genevois

Journaliste? C'est une autre forme de justice. Le journalisme est une arme. L'arme contre l'ignorance et l'inconnu. Lors de mes nombreux voyages je m'aperçois du décalage immense entre la perception que les gens se font du monde et la réalité. Le journalisme est la clé de la découverte et l'outil démocratique qui réveillera les consciences endormies. Apporter des réponses où le doute existe, révéler les grandes arnaques, inviter à la découverte d'autrui, donner la voix aux oubliés, tous ces éléments m'ont donné envie de me lancer dans l'aventure du Journalisme. Je suis alors une licence en Info-Com/Anglais à l'université de Lyon puis rencontre pour la première fois des journalistes lors d'un stage en Relations Presse à Barcelone. Ce sont mes premiers pas dans le métier. Débarquée par la suite à Bucarest en Roumanie pour y suivre un Master en Journalisme, j'ai l'opportunité immense de me jeter sur le terrain à l'occasion d'un climat politique agité qui pousse la rue (rarement autant mobilisée) à exclure son président du paysage politique. Sur le terrain, c'est la révélation, mon futur métier se dessinait devant moi, je serai Journaliste.