500 euros par mois pour un taudis
De la rue on ne voit rien ou presque. La façade laisse présager une petite résidence tranquille de banlieue parisienne. Mais une fois franchi le premier bâtiment, c’est un spectacle effarant qui s’offre aux yeux. Les murs de l’immeuble sont d’un autre âge, les portes des logements ne ferment pas, des fils pendent de ce qu’on ne peut pas vraiment appeler un »plafond », puisqu’il s’agit d’un enchevêtrement de poutres. À l’intérieur de l’appartement du rez-de-chaussée, quatre hommes, Bangladais d’origine, se partagent les quelques 25 m² mis à leur disposition. La cuisine et la salle de bain sont retranchées dans une seule pièce. On trouve dans la chambre cinq lits superposés. Le loyer ? 500 euros par mois pour chaque « locataire ». Le tout payé en espèce. Le propriétaire ne réglant pas ses charges, il est fréquent d’avoir des coupures d’eau voire d’électricité, qui peuvent durer jusqu’à deux semaines selon certains locataires. Il y a de ça un mois, l’un des appartements s’est même effondré sur celui de l’étage du dessous. Rien n’est déclaré et les personnes habitant les lieux n’osent pas aller se plaindre souvent par peur de représailles (physiques) selon une source anonyme. Bienvenue dans le monde des marchands de sommeil, ces personnes qui exploitent leurs locataires en faisant payer des loyers exorbitants pour les faire vivre dans des conditions sanitaires déplorables.
Aucune action de la part de la mairie
L’histoire commence il y a maintenant dix ans. Un propriétaire rachète une partie de l’immeuble et y fait s’installer des personnes, d’origine étrangère, pour la plupart sans-papiers. À cette époque, tous les appartements de l’immeuble étaient déjà inhabitables. Après de nombreuses plaintes des autres propriétaires et du syndic, la mairie, qui n’a pas souhaité répondre à nos questions, s’est déplacée en 2010 pour constater les faits. Des arrêtés ont certes été placardés au rez-de-chaussée de l’immeuble mais aucune sanction ni réparation n’a suivi. Aujourd’hui, un acheteur potentiel a été trouvé mais la mairie n’est pas en mesure d’accepter la vente car la résidence manque… d’une place de parking. Cela fait donc dix ans que rien n’est mis en place pour remédier à cette situation alors que les autorités municipales étaient en parfaite connaissance des faits. Il a fallu l’effondrement d’un des appartements pour que la mairie réagisse. Et la seule réaction fut de se plaindre au syndic que les travaux étaient toujours au point mort. La préfecture a également été alertée et malgré la condamnation du propriétaire, il reste impuni. N’étant pas déclaré, il ne perçoit aucun revenu officiel et n’est donc sur le papier pas en mesure de payer son amende qui s’élèverait à plus de 40 000 euros. Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale a été pendant longtemps maire puis adjoint au maire du Pré-Saint-Gervais. Il s’agit là d’une affaire peu reluisante pour le tenant du perchoir de l’Assemblée.
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