Logements vacants à Montpellier: Les impossibles solutions

A Montpellier, le parc immobilier est touché par un fort taux d’inoccupation. A quelques jours des élections municipales, les logements constituent un enjeu électoral majeur dans une ville marquée par une démographie en expansion.

Une population en hausse constante –plus de 13 500 nouveaux habitants entre 2008 et 2011. Des quartiers entiers qui sortent de terre, comme à Port Marianne, mais qui ne suffisent pas à contenir la demande. Montpellier manque de logement. Pourtant, paradoxe, la capitale du l’Hérault connait un niveau de vacance des biens immobiliers privés particulièrement élevé. Selon les chiffres de l’INSEE de 2010, 13 327 des 148 960 logements montpelliérains étaient ainsi inoccupés –plus de 8,9%– soit le deuxième plus fort taux parmi les grandes villes françaises, juste derrière Nice.

Bien qu’existants à Montpellier, les phénomènes qui expliquent d’habitude la vacance d’un logement n’y sont pas particulièrement développés. Pour la CLCV (Consommation, Logement et Cadre de Vie), ces causes sont les délais de rénovations dans les HLM, les familles qui héritent d’un bien sans pouvoir l’occuper et, principalement, la peur du mauvais payeur. A Montpellier, les logements sociaux ne restent jamais inhabités plus de quelques mois tant la demande est grande (70% de la population est éligible à l’accès au logement social ). Les héritages inoccupés sont quant à eux extrêmement difficiles à répertorier et aucun chiffre n’existe à ce sujet. Reste l’insolvabilité des locataires. Pour Florent Sernoux, de l’ADLI 34, «elle impacte encore peu sur la vacance, même si cela augmente». La ville est marquée par une forte demande de location portée par les étudiants, qui disposent souvent de garants. Le propriétaire montpelliérain est donc assuré de trouver preneur et de toucher son loyer au début du mois.

La raison pour laquelle le pourcentage de logements vacants à Montpellier est de 2,1 points supérieur à la moyenne nationale se trouve dans la vétusté d’une partie de son parc. Depuis ces sept dernières années environ, le nombre de logements neufs a grandement augmenté, bénéficiant de la loi Scellier (remplacée depuis par la loi Duflot). Les prix ont alors connus une forte hausse. Afin de rester attractifs, les propriétaires de logements anciens ont dû remettre leurs biens aux normes. Des travaux longs et chers (sur les salles d’eau ou l’électricité) que nombre d’entre eux n’ont pas osés entreprendre. Ainsi, en 2009, 3 800 logements en état de vacance dataient d’avant 1948.

De la difficulté de mettre en œuvre une action publique efficace

Pour Augustin Chomuel, directeur de l’ADLI 34, chaque propriétaire a ses propres raisons de mettre ou pas son logement sur le marché. «C’est du cas par cas. Il est très dur de recenser ces habitats et donc d’agir pour qu’ils soient disponibles à la location». Les services publics peinent ainsi à justifier un tel taux de vacance et préfèrent mettre en avant leur arsenal de dispositif. La Taxe sur les Logements Vacants (TLV ) est appliquée dans la commune, sans toutefois avoir fait les preuves de son efficacité. Les collectivités locales ne possèdent pas de droit de préemptions sur le parc privé. Les mesures sont donc principalement incitatives.
A la Mairie, on recense les logements vacants pour envoyer un courrier au propriétaire, l’appelant à le mettre sur le marché. Sur environ 1500 lettres, les services municipaux ne reçoivent qu’une dizaine de réponses. La ville organise aussi, une fois par an, un forum « Clé-propriétaire » pour «expliquer comment rénover son appartement et attirer les locataires». Des rencontres qui ont, de l’aveu même de la Mairie, peu de succès.

Frédérique Touraine, pour l’Agglo, détaille quant à elle les subventions versées conjointement par la communauté urbaine et l’Agence National de l’Habitat (ANAH). Le programme « Rénover pour un habitat durable et solidaire » prévoit le financement de la remise aux normes de 456 logements anciens sur cinq ans, à hauteur d’entre 30% et 80% du montant hors-taxe des travaux. L’ANAH participe ainsi par un montant de plus de 1 786 000 jusqu’en 2017. «Les aides aux propriétaires privés peuvent permettre d’éviter qu’un logement ne devienne insalubre et ainsi pouvoir le remettre sur le marché». Intermédiaire de l’Etat, l’Agglo reverse aussi des aides aux bailleurs sociaux (OPH-ACM) pour les même raisons. En contrepartie, les loyers doivent être maintenus plus bas que la moyenne. Un système jugé efficace par les associations.

La troublante gestion de l’immobilier public

Les pouvoirs locaux affichent leur bonne volonté. Mais donnent-ils l’exemple avec les logements publics? Christelle Tomatis, des services du Patrimoine à la Mairie, ne ment pas concernant les HLM: «Les logements sont quasiment tous occupés, sinon ça ne serait pas rentable. Les autres sont en rénovation». En effet, seul 1% du parc public est vacant, soit 200 logements sur l’Agglomération.
Pourtant, une enquête de Lyon Capitale sur les logements d’instituteurs évalue à 38% à Montpellier le nombre de ces biens publics inoccupés en Janvier 2013. C’est sans compter les autres bâtiments appartenant à la Ville, Région, Département, à la SNCF ou au CHU qui restent vacants pendant des années. Florent Sernoux explique: «Il existe des contraintes techniques pour parvenir à mettre aux normes un bâtiment laissé longtemps à l’abandon. Les coûts pour les faire accéder au marché du logement sont prohibitifs».

Fréderic est membre du Collectif des Mal-logés. Eux, à leur échelle, ne voient rien des politiques pour le logement menées par les collectivités. Mais ils sont bien au fait des maisons ou logements individuels publics habitables et inoccupés. «Le Public se comporte comme le Privé. Il spécule. La Ville, l’Agglo et les Finances Publiques sont les plus gros propriétaires de Montpellier. Sur le long terme, il est plus cher de louer un logement, avec les charges que cela comporte, que d’attendre qu’il prenne de la valeur». Il serait donc plus rentable de vendre les bâtiments en profitant de l’augmentation des prix de l’immobilier, que d’investir dans une remise aux normes des logements existants. La vacance serait donc entretenue artificiellement à des fins comptables. Pour Augustin Chomuel, on n’assiste pas tant à de la spéculation qu’à une volonté de renflouer les finances publiques en période de rigueur budgétaire. Une rapide visite sur le site internet des cessions immobilières de l’Etat permet de trouver une vingtaine de bâtiments ou bureaux sur Montpellier appartenant à des ministères. Ils sont mis en vente plutôt que rénovés ou convertis en logements.

C’est du côté des citoyens montpelliérains eux-mêmes qu’il faut regarder pour trouver des volontés de se réapproprier le patrimoine. L’exemple de l’association des riverains de Haut-Boutonnet s’emparant de la destinée de l’ancienne maternité est significatif. Cette clinique, située au nord-est du centre historique de Montpellier, va devenir sous l’impulsion de ses voisins une maison des associations et accueillera des commerces et des logements. De même au Parc Montcalm, où la Mairie a racheté les terrains de l’ancienne caserne de l’Ecole d’Application d’Infanterie (EAI) pour les transformer en 16,2 ha d’espaces verts et 3000 logements. Qui se souvient qu’avant cet ambitieux projet, un mouvement syndical et associatif s’était formé pour réclamer la transformation de l’EAI en logements étudiants ?

Marchand de sommeil : emploi d’avenir au Pré-Saint-Gervais

Le 19 janvier dernier, une mère célibataire avait été expulsée de son logement de 4 m² où elle vivait avec son enfant, en Île-de-France Les cas de mal logement sont encore fréquents. Au Pré-Saint-Gervais en Seine-Saint-Denis, une résidence miteuse est habitée par des personnes dont le propriétaire, peu scrupuleux, fait payer des loyers faramineux. Malgré de nombreuses plaintes, la mairie ne fait rien pour remédier à cette situation.

500 euros par mois pour un taudis

De la rue on ne voit rien ou presque. La façade laisse présager une petite résidence tranquille de banlieue parisienne. Mais une fois franchi le premier bâtiment, c’est un spectacle effarant qui s’offre aux yeux. Les murs de l’immeuble sont d’un autre âge, les portes des logements ne ferment pas, des fils pendent de ce qu’on ne peut pas vraiment appeler un  »plafond », puisqu’il s’agit d’un enchevêtrement de poutres. À l’intérieur de l’appartement du rez-de-chaussée, quatre hommes, Bangladais d’origine, se partagent les quelques 25 m² mis à leur disposition. La cuisine et la salle de bain sont retranchées dans une seule pièce. On trouve dans la chambre cinq lits superposés. Le loyer ? 500 euros par mois pour chaque « locataire ». Le tout payé en espèce. Le propriétaire ne réglant pas ses charges, il est fréquent d’avoir des coupures d’eau voire d’électricité, qui peuvent durer jusqu’à deux semaines selon certains locataires. Il y a de ça un mois, l’un des appartements s’est même effondré sur celui de l’étage du dessous. Rien n’est déclaré et les personnes habitant les lieux n’osent pas aller se plaindre souvent par peur de représailles (physiques) selon une source anonyme. Bienvenue dans le monde des marchands de sommeil, ces personnes qui exploitent leurs locataires en faisant payer des loyers exorbitants pour les faire vivre dans des conditions sanitaires déplorables.

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Aucune action de la part de la mairie

L’histoire commence il y a maintenant dix ans. Un propriétaire rachète une partie de l’immeuble et y fait s’installer des personnes, d’origine étrangère, pour la plupart sans-papiers. À cette époque, tous les appartements de l’immeuble étaient déjà inhabitables. Après de nombreuses plaintes des autres propriétaires et du syndic, la mairie, qui n’a pas souhaité répondre à nos questions, s’est déplacée en 2010 pour constater les faits. Des arrêtés ont certes été placardés au rez-de-chaussée de l’immeuble mais aucune sanction ni réparation n’a suivi. Aujourd’hui, un acheteur potentiel a été trouvé mais la mairie n’est pas en mesure d’accepter la vente car la résidence manque… d’une place de parking. Cela fait donc dix ans que rien n’est mis en place pour remédier à cette situation alors que les autorités municipales étaient en parfaite connaissance des faits. Il a fallu l’effondrement d’un des appartements pour que la mairie réagisse. Et la seule réaction fut de se plaindre au syndic que les travaux étaient toujours au point mort. La préfecture a également été alertée et malgré la condamnation du propriétaire, il reste impuni. N’étant pas déclaré, il ne perçoit aucun revenu officiel et n’est donc sur le papier pas en mesure de payer son amende qui s’élèverait à plus de 40 000 euros. Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale a été pendant longtemps maire puis adjoint au maire du Pré-Saint-Gervais. Il s’agit là d’une affaire peu reluisante pour le tenant du perchoir de l’Assemblée.

Handicap : les étudiants en quête de logements adaptés

Le logement, une préoccupation pour tout étudiant. À Montpellier, ceux en situation de handicap ont deux possibilités : le foyer d’accueil médicalisé du Groupement pour l’Insertion des Personnes Handicapées Physiques (GIHP), ou encore les logements adaptés du centre régional des œuvres universitaires et scolaires (Crous).

Le logement adapté : deux solutions

Andis, 24 ans, étudiant en licence administration économique et social (AES) est paraplégique. Il a trouvé une place au foyer du GIHP à Montpellier : « Une assistante sociale m’a parlé de ce centre-là. Il vient aussi en aide à des jeunes qui ont un projet d’étude ». Selon Andis, qui sort tout juste d’un centre de rééducation, les commodités sont nombreuses : « Ici tout est aménagé pour nous et il y a du personnel vingt-quatre heures sur vingt-quatre ». Comme lui, six étudiants y vivent. Toutefois, le foyer ne dispose que de treize places.

Alors pour d’autres, il reste les chambres adaptées du Crous. Des aménagements particuliers sont possibles. Teddy, 30 ans, est atteint d’une forme de myopathie[[Maladie neuromusculaire qui touche les tissus musculaires]]. Il a notamment pu y faire installer un lit médicalisé et une téléalarme[[Dispositif qui se branche à une prise téléphonique et qui permet de se mettre en contact avec les secours]]. Pour les handicapés sensoriels, la structure prévoit également des systèmes de guidage ou de flash.

« Plus d’offre que de demande » au Crous

Jacques Duchamps, assistant social au Crous, explique qu’il existe soixante-treize logements adaptés. Dix-neuf d’entre eux sont vacants. L’organisme n’établit pas de critères sélectifs, ni d’âge, ni de revenus. L’étudiant en situation de handicap, physique ou psychique, souhaitant s’y loger, doit suivre trois démarches : faire reconnaître son handicap auprès de la maison départementale des personnes handicapées (MDPH); remplir le dossier de demande de logement adapté via le site du Crous et présenter un certificat scolaire pour l’année en cours. Yannick, 34 ans, est également paraplégique. Il a intégré en septembre un master d’histoire médiévale. Malgré son retard, il a pu bénéficier d’une chambre rapidement. Teddy a aussi profité d’un traitement rapide en 2006 : « Ca faisait un souci en moins ! ». Cet étudiant en master de sciences du langage, insiste sur l’aspect « pratique » et la serviabilité du personnel du Crous.

L’accessibilité : éternel talon d’Achille

Si ces résidents trouvent leur chambre assez bien aménagées, Yannick mentionne un obstacle de taille : les portes d’entrée, bien trop lourdes. « Elles sont infranchissables. Pour un handicapé comme moi c’est impossible ! Alors j’attends que quelqu’un passe ». Une entrave pour ceux qui manquent de force musculaire, comme pour ceux qui ne peuvent se servir de leurs mains. Jacques Duchamps garantit que le nécessaire est fait pour « trouver des financements afin de faire des aménagements ». Mais, « quand ce sont des aménagements lourds de structures, comme les portes d’entrées, c’est vrai que c’est compliqué ». Teddy souligne que les bureaux administratifs de sa cité « ne sont pas du tout accessibles ». De même, si dans sa chambre les « volets sont électriques, la fenêtre elle, est difficile d’accès ».
Autant d’éléments qui doivent encore être repensés et travaillés.

Des étudiants logent au couvent

Au 8 rue Fabre, à quelques encablures de la place de la Comédie à Montpellier, étudiants et frères cohabitent au couvent des dominicains.

Le couvent est habité par des frères dominicains depuis 1954. Ceux-ci proposent à des étudiants – exclusivement des garçons – huit chambres. Le loyer mensuel s’élève à 268€ pour six d’entre elles et 290€ pour les autres. Trois studios (dont un est partagé) sont également proposés à la location. Situés dans le bâtiment Lacordaire, dans la partie Est du couvent, ces studios peuvent être loués sans distinction de sexe.

On entre dans le bâtiment par la porterie. Derrière les deux grands battants rouges de l’entrée, un escalier mène aux différentes parties du couvent. Au rez-de-chaussée, un réfectoire est réservé aux treize frères de la congrégation qui y partagent leur repas chaque jour. Les grandes fenêtres de la cuisine laissent filtrer la lumière de la cour arborée, située au centre du couvent. Au premier et deuxième étage, deux couloirs desservent les chambres. A droite, celle des frères, plus spacieuses, et à gauche, celles des étudiants. Étudiants et frères partagent les sanitaires. Ils se croisent, discutent parfois. Chaque mois, un repas est organisé entre les étudiants et les frères. On dresse une table, autour de laquelle ces colocataires atypiques se placent en quinconce. Frère Éric, responsable des étudiants locataires, explique que les relations sont cordiales. L’important est de respecter quelques règles de savoir vivre et le silence imposé à partir de 22h30. Il doit parfois faire des remontrances à certains locataires bruyants ou peu soucieux du ménage. Mais dans l’ensemble, la cohabitation se fait dans le respect. « La sélection se fait en amont, nos locataires sont en général sérieux. Il n’y a pas de contraintes confessionnelles, les jeunes sont invités à participer aux offices mais peu d’entre eux le font » ajoute frère Éric.
Libres d’aller et venir, les étudiants disposent de leur propre cuisine, unique espace où ils sont autorisés à convier leurs invités. Les chambres sont quant à elles interdites à toute personne extérieure. Florian Énaud, étudiant en classe préparatoire au lycée Joffre et locataire au couvent des dominicains, apprécie de pouvoir étudier au calme au couvent tout en disposant d’une liberté totale : « c’est un logement comme un autre » conclut-il.

Le cadre est agréable et les loyers attractifs pour ces jeunes qui subissent de plein fouet la crise du logement. Les spéculations immobilières ont tendu le marché au point de transformer la location en véritable parcours du combattant. Garanties de plus en plus contraignantes, loyers de plus en plus chers, ces logements alternatifs s’avèrent être une solution. Mais comme le souligne frère Eric, les étudiants prêt à adopter ce mode de logement sont encore rares.

Opération « Grand Coeur » malade

Le 26 janvier dernier, une équipe du GIPN* a expulsé au petit matin la vingtaine d’occupants d’un immeuble du quartier Figuerolles. Leur crime? Vivre illégalement dans une structure rachetée par la SERM** dans le cardre de l’opération « Grand Coeur », dont la mission est de réhabiliter le centre-ville de Montpellier. Or, ce logement a été vidé et laissé à l’abandon en attente de travaux qui n’ont pas été effectués en 5 ans. Un phénomène loin d’être isolé et qui gangrène la politique d’accès au logement dans ce quartier populaire.

Ce samedi après-midi était organisé sur la place Roger Salengro un rassemblement militant pour débattre et informer des dérives qu’implique l’Opération Grand Coeur à Figuerolles. Si l’intention initiale de la SERM (rénover et remettre aux normes certains immeubles vétustes) apparait salutaire, son application ne fait pas l’unanimité auprès des habitants du quartier. Ce rendez-vous a permis de parler de la récente expulsion des squatteurs de l’immeuble situé au 31 rue du Père Fabre. L’occasion d’entendre et comprendre leurs revendications.

Une politique d’embourgeoisement au détriment de la mixité sociale

La SERM est l’instance qui mène les actions de renouvellement du tissu urbain prévues par l’opération Grand Coeur, impulsée par la mairie de Montpellier dès 2003. Aujourd’hui, elle s’est déja emparée de plus de 200 logements. Des dizaines d’immeubles ont été rachetés et vidés à Figuerolles sans que les travaux n’aient débuté. Certains permis de construire datent même de 2008, comme c’est le cas du rez de chaussée du logement d’où on été expulsés le 26 janvier les squatteurs, dont Thierry[[Son prénom a volontairement été modifié]] faisait partie.

Pour cet ancien étudiant en science politique à l’université de Montpellier 1, laisser ces immeubles vides est un moyen de contribuer à la hausse des loyers en limitant l’offre de logements par rapport à la demande. Une enquête publiée dans la Gazette en décembre dernier (« Plan Cabanne, fin du quartier arabe? »[[https://montpellier.squat.net/?p=321#more-321]]) explique que la mairie a pour ambition de « déghettoiser » le quartier de Figuerolles afin d’élargir la mixité sociale de ses habitants. A l’image de Thierry, les gens présents ce samedi accusent au contraire la mairie de vouloir supprimer une mixité déja établie, en écartant la partie pauvre du quartier.

« Quand on vante sa ville comme belle, performante, dynamique, dans l’air du temps à l’aide de campagnes publicitaires comme « Montpellier, la ville où le soleil ne se couche jamais »… ce discours finit par se retourner contre la population. La ville veut tellement que tout soit beau et propre qu’elle commence par prendre des arrétés anti-mendicité [[cet arrêt a été acté en 1996 surtout lors des périodes estivales]], puis éloigne les populations les plus pauvres, les plus gênantes, et, il faut bien le dire, les plus arabes. Pourtant tout le monde adore ce quartier tel qu’il est aujourd’hui. »

Cette politique de rachat massif de logements par la SERM s’étend également aux commerces. Actuellement, dès qu’un commercant ferme boutique, la mairie préempte le local si le projet de reprise ne lui convient pas. Pendant ce temps aucune enseigne ne peut s’y établir et les lieux sont laissés en jachère. Selon la Gazette, ce procédé aurait dors et déjà touché une vingtaine de commerces arabes.

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Le refus de la mairie d’accorder des conventions d’occupation précaire :

Avant d’être assigné en justice puis expulsé, le goupe de squatteurs du 35 rue du Père Fabre avait soumis quelques propositions à la mairie. Des projets à chaque fois refusés. Ce groupe réclame notamment l’ouverture d’un espace par le biais d’une convention d’occupation accordée à un collectif. Dans ce lieu vivrait une communauté militante et politique qui proposerait des activités gratuites, alternatives et ouvertes à tous. Cette revendication est latente depuis une vingtaine d’années à Montpellier, mais aucune action n’a encore légalement abouti. Pourtant ce genre de structures existe dans certaines villes (notamment à Toulouse, Dijon ou encore Grenoble).

La possibilité d’établir une convention d’occupation est d’ailleurs prévue par le projet « Grand Coeur ». En théorie, la SERM n’a pas le droit de laisser ces batiments occupés sauf si la mairie lui en fait la demande. Le texte en question permet d’autoriser une occupation provisoire des logements laissés vides par une convention d’occupation précaire. C’est ce que Thierry et ses confrères avaient demandé d’appliquer. En vain.

« Je trouve ça dégueulasse qu’il y ait tout cet espace inoccupé alors qu’on peut y loger des gens. La mairie pourrait établir des conventions d’occupation en lien avec des associations comme la Maison des chômeurs ou Emmaus par exemple. Cela premettrait à des SDF d’y habiter pendant l’hiver. Il y a de la place pour les gens à la rue. Pour moi ce devrait être une évidence! Quand on me dit « montpellier: ville socialiste », je tousse! ».

Depuis leur expulsion, le groupe de squatteurs s’organise comme il peut. Soutenus par des amis et connaissant d’autres squats, ils disposent heureusement de suffisamment de ressources pour ne pas passer ces nuits glaciales dehors.

Ce qui choque le plus dans cette décision d’expulsion en urgence, c’est qu’elle intervient en plein hiver, alors qu’en ce moment le froid est particulièrement vif. Elle pousse des gens dehors et ne leur propose aucune solution d’hébergement. Cette action a soulevé la colère et l’incompréhension de nombreux habitants du quartier. A ce sujet, Julien del Litto, artisan et propriétaire de la rue du Père Fabre s’emporte: « C’est scandaleux d’expulser des gens en janvier. Si l’un d’entre eux meurt de froid, ce sera entièrement la faute de la SERM! ».

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* Groupe d’intervention de la police nationale

** Société d’équipement de la Région montpeliéraine

Des Montpelliérains s’opposent à Loppsi 2

Samedi 18 décembre, environ 300 manifestants étaient réunis devant la préfecture de Montpellier. Voici un reportage vidéo sur la protestation contre le Projet de loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure, porté par le député UMP Éric Ciotti.

«Un projet de loi qui stigmatise une partie de la population» est à l’origine de ce rassemblement. Une partie du texte prévoit de détruire tout logement construit sans autorisation, ce qui inclut les habitats de fortune et autres roulottes et yourtes. Les associations et partis politiques étaient présents pour dénoncer une loi qui exproprie sans reloger.

Selon Marie-Hélène, militante au NPA, «il va bien falloir un jour que tout le monde se réveille, toutes nos libertés sont visées.» Les collectifs annoncent de nombreux rassemblements dans les semaines à venir contre ce projet de loi. Il est examiné depuis le 14 décembre dernier en deuxième lecture à l’Assemblée Nationale et fait encore l’objet de débats parlementaires.

Manifestation contre la loi Loppsi 2

2004-2010 : Quel bilan pour Georges Frêche ?

Alors que la campagne pour les régionales de mars prochain a commencé, Hautcourant fait le bilan de la présidence Frêche. Retour sur différentes réalisations de la Région, avec les commentaires d’Alain Nenoff, journaliste à L’Agglorieuse, hebdomadaire satirique de Montpellier.

Fiscalité

En pleine pré-campagne, sur le plateau de 7L TV en septembre dernier, Georges Frêche se félicitait d’un point : « Les impôts n’ont pas augmenté entre 2005 et 2010 ». Mais le mandat, lui, avait commencé en 2004, et avec une augmentation importante de la fiscalité. Les impôts régionaux avaient alors enregistré une hausse de plus de 52%, le record national à l’époque. Le président de la Région en avait imputé la responsabilité à la réforme de 2003, qui attribuait davantage de compétences aux collectivités. La manne financière générée par ces impôts a cependant été suffisante pour absorber les dépenses du mandat. De même, l’endettement de la région s’est stabilisé autour de 4% des dépenses depuis trois ans.

Emploi

« De tous les domaines de compétences, c’est sûrement l’emploi qui a été le plus oublié », annonce Alain Nenoff. « Aucun plan pour la relance de l’emploi n’a été mis en place en six ans de présidence Frêche ». Au troisième trimestre 2009, avec un [taux de 12,7%, le Languedoc-Roussillon est devenue la région métropolitaine la plus touchée par le chômage. Pour le journaliste, il y a sur ce point un décalage flagrant entre la communication régionale et la réalité : « On nous dit que la région est la meilleure, mais on n’oublie que nous avons un produit intérieur brut qui est l’un des plus faibles du pays ». Dans un contexte global peu propice à la création d’emplois, Georges Frêche réaffirmait, il y a quelques mois sur 7L TV, agir pour l’embauche des jeunes. Une enveloppe de 6 millions d’euros a été destinée, dans le dernier budget, à la relance de l’emploi.

Lire aussi : Le chômage au cœur des régionales

Education

La formation professionnelle (23,1%), et la gestion des lycées (24,6%) représentent les deux plus gros postes de dépenses prévus dans le budget 2010 de la Région. Mesure phare de la campagne de 2004, la gratuité des livres scolaires a été l’une des premières mesures mise en place. Le Président Frêche continue en ce sens en 2010, puisqu’il a annoncé dans sa course à la Région vouloir fournir un ordinateur à tous les élèves. La formation professionnelle a quant à elle profité des écoles de la deuxième chance. Des initiatives critiquées par Alain Nenoff. Le site de campagne de Frêche annonce la réalisation de 9 nouveaux lycées et la rénovation de 72 autres. Alain Nenoff rappelle cependant que « dans les premières décisions prises pour les lycées, il a changé leurs noms tout comme il l’a fait avec le nom des salles du Conseil Régional. Il imprime sa marque. »

Ecologie

En 2007, la Région a lancé le programme « Lycée 21 ». Ce programme promeut « un comportement citoyen et responsable » en faveur de l’environnement. L’agriculture biologique est également soutenue et le Conseil Régional mise sur le Salon international des énergies renouvelables et de l’éco-construction Energaïa pour montrer ses actions écologistes. La gestion de l’eau semble avoir été une priorité notamment avec Aqua Domitia, plan de sécurisation d’accès à l’eau. La dernière action en date est le lancement d’un plan de production d’énergie photovoltaïque sur les lycées publics régionaux. En 2010, 5,1% du budget du conseil régional sera consacré à l’environnement.

Lire aussi : L’écologie au sein de la politique du Conseil Régional

Transports

Georges Frêche avait comme bras droit, dans ce domaine, l’ancien ministre des Transports Jean-Claude Gayssot. En investissant près de 270 millions d’euros pour le contournement de Montpellier et de Nîmes, l’administration sortante a permis l’aboutissement du projet de ligne à grande vitesse. Elle profitera aussi à terme à Perpignan. Le mandat a aussi vu la rénovation du réseau de trains express régionaux, recolorés dans un rouge jugé criard par certains. De nouvelles dessertes ont été crées, et les tarifs ont été globalement revus à la baisse. L’offre ferroviaire a été augmentée de près de 20% depuis 2008. Pour le transport aérien, le bilan est moins réjouissant. La région annonce une maigre augmentation du trafic, autour de 200 000 voyageurs en cinq ans.

Logement

2,3% du budget 2010 sera consacré au logement. Si ce secteur ne fait pas partie intégrante des compétences du Conseil Régional, 25 millions d’euros ont été investis depuis 5 ans pour le logement. Georges Frêche annonçait en septembre sur 7L TV qu’il avait l’intention de doubler le financement en favorisant le logement étudiant.

Viticulture

En 2004, Georges Frêche s’était engagé notamment à développer la voie de l’oenotourisme. Créée en 2006, la marque « Sud de France » a amélioré la visibilité des viticulteurs et des producteurs régionaux. Ils sont près d’un millier à s’être associés à la démarche. La branche export du label accompagne, quant à elle, les entreprises régionales qui souhaitent se tourner vers le marché international. Cinq maisons du Languedoc-Roussillon ont même été installées de New-York à Shanghaï en passant par Londres. L’idée étant d’y vendre les produits de la région, mais aussi de promouvoir le tourisme vers ses contrées. Pour Alain Nenoff, cette démarche onéreuse « n’a pas fait ses preuves. On avait déjà une promotion avant, qui n’était pas si exubérante, mais pas moins efficace. » La région annonce que la marque « Sud de France » aurait coûté près de 35 millions d’euros depuis son lancement. Les retombées, plus difficiles à estimer, n’ont en tout cas pas convaincu tous les exploitants.

Sports

La Région subventionne les clubs de sport, notamment de 1ère division mais participe aussi au financement des équipements sportifs. Prévue en 2011, une Maison régionale des sports regroupant les sièges sociaux et les équipes administratives de certaines Ligues et Comités du Languedoc-Roussillon devrait ouvrir. Le Comité régional olympique et sportif (CROS) y siégera aussi. En 2009, 15,3 millions d’euros ont été investis pour le domaine sportif. Pour 2010, 1,4% du budget sera consacré à la politique sportive.

Culture

Durant son mandat, Georges Frêche a plus fortement soutenu financièrement l’Opéra, l’Orchestre philharmonique et le festival Radio France. Rappelons néanmoins que peu de temps après son élection en 2004, le nouveau président n’avait pas hésité à fermer le Centre Régional des Lettres de Languedoc-Roussillon. La culture représente pour 2010 4,1% du budget du Conseil régional.

Dérapages

Impossible de revenir sur le mandat de Georges Frêche sans aborder les polémiques dont il a été la source. Des harkis aux joueurs Noirs de l’équipe de France, le président de la Région s’est illustré par des propos plus que douteux sur un ensemble de sujets. Dernier dérapage en date : l’affaire Fabius. Dans « L’Express » cette semaine, Frêche, répondant à une attaque de l’ancien premier ministre, estime que Laurent Fabius « a une tronche, pas catholique ». Des mots qui, comme ceux vociférés à l’égard des harkis, suscitent de vives réactions. Toujours mis en danger par ses sorties tonitruantes, Georges Frêche réussit pourtant à les mettre au crédit de sa sincérité, se targuant d’être un homme politique authentique, opposé au discours formaté de l’élite parisienne. Pour Alain Nenoff, ces dérapages seraient en partie contrôlés : « Le Front National était présent au second tour des régionales de 2004. On ne peut pas exclure que les propos xénophobes de Georges Frêche, tout au long de son mandat, servent à siphonner les voix de l’extrême-droite aux prochaines élections ».

Retour au dossier spécial Régionales 2010 en Languedoc-Roussillon

Mis à jour le 30 janvier à 18h30

Les Enfants de Don Quichotte, des images et des maux.

Dans le cadre de la journée mondiale du refus de la misère, le 13 octobre, et des 25 ans de la Banque Alimentaire, la Mairie de Montpellier a souhaité sensibiliser ses riverains par le biais d’une exposition des photos de Daniel Bodin consacrées aux Enfants de Don Quichotte. Des clichés tirés des quelques jours qu’il a partagé avec les plus démunis : des visages abimés par la vie, des moments d’intimité, des instants de solitude et de solidarité…