Suivre un procès d’assises comme si on y était ? C’est le dernier projet d’ARTE. Créer un dispositif multimédia pour projeter le spectateur dans un espace fictionnel qui se cogne à la réalité. Un dispositif en deux temps : d’une part « l’affaire » sous forme d’un téléfilm diffusé vendredi dernier sur Arte. L’histoire de Paul Villers qui découvre un soir, après une dispute, le corps de sa femme qui, à première vue, s’est suicidée dans la salle de jeu des enfants. Le film débute par la découverte du corps et se conclut par la mise en examen du mari, sans preuve mais fondée uniquement sur l’intime conviction de la policière en charge de l’affaire.
Jusque là un téléfilm policier tout ce qu’il y a de plus banal….
Mais dans un second temps, la chaîne met à disposition l’ensemble des pièces constitutives de l’instruction du meurtre ou suicide de Manon Villers, sur un site entièrement dédié : intimeconviction.arte.tv.. Sous la forme d’une web série conceptuelle associant la multivision et les réseaux sociaux, l’internaute avance d’épisode en épisode vers le verdict de Paul Villers. Le projet d’ARTE est de proposer aux spectateurs d’entrer dans les rouages d’un procès. Précisément, dans la peau d’un juré : situation possible pour tout citoyen âgé de plus de 21 ans et étant inscrit sur les listes électorales, à condition d’être tiré au sort. Ainsi, le site donne accès à toutes les pièces du dossier jusqu’aux plus confidentielles, comme les photos de la scène de crime, de toutes les preuves, des auditions, bref : une mise en situation absolue. Ou plutôt, une mise en scène absolue, entre le Cluedo et 10 ème Chambre instants d’audiences de Raymond Depardon, le spectateur suit le procès afin de se forger son intime conviction. .. Le choix du casting permet la confusion entre fiction et réalité. Car à l’audience, dans le tribunal de Tours, ce sont de vrais procureurs, juges et avocats. Tandis qu’à la barre, l’acteur Philippe Torreton interprète Paul Villers. L’ensemble des protagonistes du téléfilm sont aussi présents. Le mélange entre la véracité de la cour et du décor et les interprétations – excellentes – des acteurs, immerge le spectateur à tel point qu’il puisse être affecté pour de vrai par l’affaire. L’effet « jeu de rôle » fonctionne, bien que les commentaires intempestifs des autres participants en bas du lecteur perturbent plus qu’ils ne servent la vidéo. Ce détail mis à part, c’est une idée à la fois citoyenne et divertissante qui permet peut-être d’entrevoir ce que pourrait être la télévision du futur…
Étiquettes : documentaire