Le musée de l’histoire de la France en Algérie patauge en eaux troubles

Par le 22 mars 2014

Initié par Georges Frêche en 2002, le projet du musée de l’histoire de la France en Algérie à Montpellier n’en finit pas de diviser. En effet, 50 ans après la guerre d’Algérie, militaires français, pieds noirs, harkis, combattants du FLN n’arrivent toujours pas à se mettre d’accord sur une histoire collective. À l’approche des municipales, certains politiques montpelliérains se sont exprimés sur ce musée au cœur de toutes les tensions électorales.

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Au pied de l’hôtel Montcalm une pancarte sur une barrière accueille les visiteurs. Permis de construire obtenu le 2 décembre 2009, l’écrito annonce une durée des travaux de 18 mois. En février 2014, les travaux sont loin d’être terminés. Sur le site de l’agglo, il est écrit que «le musée doit ouvrir ses portes durant l’été 2014 ». Jean Pierre Moure, président de l’agglomération et candidat aux municipales de Montpellier qui préside ce projet épineux n’a pas souhaité se prononcer. Ce sujet absent de la campagne électorale fait-il toujours débat, ou est-il sur la bonne voie ?

Des réticences exprimées dès le départ

Dès les prémices du projet, universitaires, associations franco-algériennes, partis politiques et comités scientifiques n’ont cessé d’exprimer leur réticence. Élus communistes et Verts avaient fait connaître dès 2003 leur refus d’un musée à la gloire du colonialisme. En 2005 c’est le conseil scientifique du musée qui démissionne. Le feuilleton ne s’arrêtera pas là puisque quatre ans plus tard, Hélène Mandroux, maire socialiste de Montpellier, se désengagera à son tour du projet. Face à ce désaccord, en 2005 Georges Frêche décide que l’agglo qu’il dirige reprendra les clefs du projet… Et depuis ? Rien.

Un contexte électoral favorable ?

Monique Sérot Chaïbi, membre de l’association « Coup de soleil », qui aspire à rassembler les gens originaires du Maghreb, et militante Europe Ecologie Les Verts éligible sur la liste de Jean-Pierre Moure, a toujours manifesté à l’encontre du projet qu’elle déclarait dans le passé comme « un musée à la gloire du colonialisme ». Mais depuis qu’elle a rejoint les rangs du PS, Monique Sérot Chaïbi a cessé de manifester et est désormais une fervente défenseuse du dossier et assure que le musée sera « une réussite ». Madame Chaïbi confie : « nous avons été reçu par la nouvelle conservatrice du musée Florence Hudowicz, qui a su répondre à toutes nos inquiétudes. De plus, avec l’arrivée de Benjamin Stora, historien et professeur des universités, dans le comité scientifique, je suis convaincue que sa vision impartiale et apaisée sera une réussite pour le projet ».

Les candidats aux municipales divisés

Mais cette vision ne fait pas l’unanimité au sein de la gauche montpelliéraine. Selon la tête de liste du Front de Gauche, Muriel Ressiguier, « la démarche reste ambigüe et ne se détache pas des valeurs coloniales ». Pour elle le projet n’est pas assez « fraternel » puisque« les cultures et les peuples ne sont pas assez respectés ». Philippe Saurel, dissident socialiste en lice pour la mairie, reste quant à lui mitigé en disant que « si le projet évoque les bons côtés et les mauvais, ça peut être intéressant, mais si c’est dans une logique unique alors ça pose problème». Tout en rappelant qu’« il s’agit d’argent public et donc qu’il faut être extrêmement vigilant… En effet, pas moins de 22 millions d’euros sont prévus à la réalisation du musée.
À droite Jacques Domergue et son camp l’UMP s’accordent à dire que « dans une ville comme Montpellier, où l’on dénombre plus de 42000 rapatriés, il est normal de relater ce qu’il s’est passé », en concluant « c’est donc une bonne chose, si je suis élu, je n’interromprais pas le projet ».

« Le projet n’est pas prêt d’aboutir étant donné le manque d’investisseurs »

En plus d’un débat qui divise, les cartes sont brouillées par une adjointe au maire membre de la commission d’appels d’offre qui certifie que« de toute façon, le projet n’est pas prêt d’aboutir étant donné le manque d’investisseurs ». Pour elle qui souhaite rester anonyme, le débat est clos : « je pense que le musée ne se fera pas. » Comme certains l’avait reproché à Georges Frêche à l’époque, cette même adjointe à la mairie lance un autre débat en clamant « si Moure est élu et qu’il réalise le projet, ce sera seulement dans un but clientéliste envers les pieds noirs. »

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à propos de l'auteur

Auteur : Lucy Moreau

Collectionneuse d’instants présents, poète rêveuse aux temps perdus, journaliste des temps modernes, étudiante consciencieuse aux heures restantes. Premier pas dans la presse écrite au sein du Midi Libre en tant que stagiaire secrétaire, j’y ai appris la polyvalence et l’exigence de l’immédiateté. Passionnée par la verve affutée et les écrits originaux, je considère la plume comme étant aussi dévastatrice que la chair à canon. Mener la révolution, dans les tranchées numériques, tel est mon destin. Hasta la victoria, SIEMPRE.