Le musée de l’histoire de la France en Algérie patauge en eaux troubles

Initié par Georges Frêche en 2002, le projet du musée de l’histoire de la France en Algérie à Montpellier n’en finit pas de diviser. En effet, 50 ans après la guerre d’Algérie, militaires français, pieds noirs, harkis, combattants du FLN n’arrivent toujours pas à se mettre d’accord sur une histoire collective. À l’approche des municipales, certains politiques montpelliérains se sont exprimés sur ce musée au cœur de toutes les tensions électorales.

Au pied de l’hôtel Montcalm une pancarte sur une barrière accueille les visiteurs. Permis de construire obtenu le 2 décembre 2009, l’écrito annonce une durée des travaux de 18 mois. En février 2014, les travaux sont loin d’être terminés. Sur le site de l’agglo, il est écrit que «le musée doit ouvrir ses portes durant l’été 2014 ». Jean Pierre Moure, président de l’agglomération et candidat aux municipales de Montpellier qui préside ce projet épineux n’a pas souhaité se prononcer. Ce sujet absent de la campagne électorale fait-il toujours débat, ou est-il sur la bonne voie ?

Des réticences exprimées dès le départ

Dès les prémices du projet, universitaires, associations franco-algériennes, partis politiques et comités scientifiques n’ont cessé d’exprimer leur réticence. Élus communistes et Verts avaient fait connaître dès 2003 leur refus d’un musée à la gloire du colonialisme. En 2005 c’est le conseil scientifique du musée qui démissionne. Le feuilleton ne s’arrêtera pas là puisque quatre ans plus tard, Hélène Mandroux, maire socialiste de Montpellier, se désengagera à son tour du projet. Face à ce désaccord, en 2005 Georges Frêche décide que l’agglo qu’il dirige reprendra les clefs du projet… Et depuis ? Rien.

Un contexte électoral favorable ?

Monique Sérot Chaïbi, membre de l’association « Coup de soleil », qui aspire à rassembler les gens originaires du Maghreb, et militante Europe Ecologie Les Verts éligible sur la liste de Jean-Pierre Moure, a toujours manifesté à l’encontre du projet qu’elle déclarait dans le passé comme « un musée à la gloire du colonialisme ». Mais depuis qu’elle a rejoint les rangs du PS, Monique Sérot Chaïbi a cessé de manifester et est désormais une fervente défenseuse du dossier et assure que le musée sera « une réussite ». Madame Chaïbi confie : « nous avons été reçu par la nouvelle conservatrice du musée Florence Hudowicz, qui a su répondre à toutes nos inquiétudes. De plus, avec l’arrivée de Benjamin Stora, historien et professeur des universités, dans le comité scientifique, je suis convaincue que sa vision impartiale et apaisée sera une réussite pour le projet ».

Les candidats aux municipales divisés

Mais cette vision ne fait pas l’unanimité au sein de la gauche montpelliéraine. Selon la tête de liste du Front de Gauche, Muriel Ressiguier, « la démarche reste ambigüe et ne se détache pas des valeurs coloniales ». Pour elle le projet n’est pas assez « fraternel » puisque« les cultures et les peuples ne sont pas assez respectés ». Philippe Saurel, dissident socialiste en lice pour la mairie, reste quant à lui mitigé en disant que « si le projet évoque les bons côtés et les mauvais, ça peut être intéressant, mais si c’est dans une logique unique alors ça pose problème». Tout en rappelant qu’« il s’agit d’argent public et donc qu’il faut être extrêmement vigilant… En effet, pas moins de 22 millions d’euros sont prévus à la réalisation du musée.
À droite Jacques Domergue et son camp l’UMP s’accordent à dire que « dans une ville comme Montpellier, où l’on dénombre plus de 42000 rapatriés, il est normal de relater ce qu’il s’est passé », en concluant « c’est donc une bonne chose, si je suis élu, je n’interromprais pas le projet ».

« Le projet n’est pas prêt d’aboutir étant donné le manque d’investisseurs »

En plus d’un débat qui divise, les cartes sont brouillées par une adjointe au maire membre de la commission d’appels d’offre qui certifie que« de toute façon, le projet n’est pas prêt d’aboutir étant donné le manque d’investisseurs ». Pour elle qui souhaite rester anonyme, le débat est clos : « je pense que le musée ne se fera pas. » Comme certains l’avait reproché à Georges Frêche à l’époque, cette même adjointe à la mairie lance un autre débat en clamant « si Moure est élu et qu’il réalise le projet, ce sera seulement dans un but clientéliste envers les pieds noirs. »

Le tramway gratuit, bientôt sur les rails ?

Alors que la campagne des municipales commence, la question du prix du tramway, dans un contexte de crise budgétaire et environnementale, est toujours d’actualité. Face à un prix des tickets jugé trop élevé, Chateauroux et Aubagne ont opté pour la gratuité des transports publics. Et si c’était le cas à Montpellier ?

En 2008, durant les précédentes élections municipales, Jacques Domergue ouvrait la porte à la gratuité des transports en commun à Montpellier. Très vite qualifié de « démagogue » par son opposante socialiste aux municipales Hélène Mandroux, le candidat UMP s’était alors rétracté. Aujourd’hui le débat de la gratuité des transports s’est plutôt déplacé vers le coût.
À Montpellier, plus de 300000 personnes se déplacent en tramway chaque jour, ce qui en fait un des plus fréquenté de France. Cependant, le prix des billets demeure un frein pour bon nombre de personnes. À 1,40 euro le trajet, Montpellier est au-dessus du prix moyen du ticket unitaire, tombé en dessous de 1,20 euro selon l’Union des transports publics entre 2003 et 2013. Pour le reste, comptez 2,50 pour un aller-retour, 3,80 pour un ticket à la journée et 12 euros pour un carnet de 10 tickets. Du côté des abonnements, les prix sont tout aussi peu attractifs : 48 euros pour un forfait mensuel et 432 à l’année même si les moins de 26 ans peuvent bénéficier de réductions. Tout comme les demandeurs d’emploi, les handicapés ou les seniors, auxquels sont proposés des forfaits subventionnés, à demi-tarif ou gratuits.

À Châteauroux et Aubagne : on voyage gratuitement

En 2001, Châteauroux teste la gratuité des transports en commun. Une réussite, selon Emmanuel Gerber, chargé de la question des transport à l’agglomération castelroussaine : « La mesure est très appréciée, il y a eu une augmentation de 200 % des chiffres de fréquentation depuis 2001 ». À Aubagne, la mesure est en vigueur depuis 2009. Nathalie Castan, directrice du service transport à l’agglomération, dresse le même constat : « Il y a eu une forte hausse de la fréquentation. Plus 50% la première année et plus 170% aujourd’hui. Et sans avoir développé l’offre ! Sauf, bien sûr, une augmentation du nombre de bus pour les lignes en saturation. » Paradoxalement, la gratuité a un prix. Pour compenser la perte de revenus de la billetterie – environ 7% du budget global – les deux agglomérations ont appliqué la même recette : la création d’une taxe transport de 0,6% de la masse salariale des entreprises et des administrations de plus de 9 salariés. Leur budget transport n’a donc augmenté que d’environ 15% pour servir près de trois fois plus de personnes. Pour les deux communes, l’origine du projet est la même. Aussi, selon Emmanuel Gerber, « mettre en place la gratuité est une volonté politique ( ndlr: de la majorité socialiste précédente ) ». Gratuité qui n’a pas été remis en cause depuis. Nathalie Castan ajoute : « Ce projet est motivé par l’idée de droit au transport, une idée sociale et environnementale. »

Des populations satisfaites

Dans ces communes, plusieurs enquêtes de satisfaction ont montré que les usagers étaient, à plus de 95 %, satisfaits. Par rapport à l’ancien prix des tickets, les ménages réalisent en effet une économie de 200€ à 400€ par an. A Aubagne, la gratuité aurait « capté les personnes qui ne prenaient pas le bus avant. Notamment les jeunes qui, en plus de le prendre pour aller en cours, le prennent aujourd’hui pour sortir en ville ». Elle poursuit : « Selon les enquêtes sur les nouveaux usagers du bus, il y a un report modal d’environ 50% de la voiture vers le bus. » Malgré des résultats intéressants, les deux spécialistes estiment que ces schémas doivent être évalués au cas par cas. Dès lors, si la gratuité est possible pour des agglomérations de taille moyenne, elle est plus difficilement envisageable pour les plus grandes. Emmanuel Gerber souligne : « Le support financier de la billetterie n’est pas neutre. C’est même très important. Notre recette billetterie était de 7% de notre budget transport. Compenser 7%, c’est faisable. Dans les grandes villes comme Montpellier, c’est plus proche de 30% ce qui n’est pas négligeable et bien plus difficile à compenser. »

Montpellier : des tarifs sociaux plutôt que la gratuité

En 2008, Hélène Mandroux avait posé les bases du débat actuel : « Je ne connais pas la gratuité. Il faut bien que quelqu’un paie. Un tarif social serait plus intelligent et plus juste que la gratuité totale. » Et son discours a su prévaloir chez les candidats des municipales de mars. Malgré leurs différends, Jean-Pierre Moure est du même avis. Refusant la gratuité, il plaide pour « une tarification sociale, pour stopper la pression financière qui pèse sur les ménages. Car la gratuité des uns, ce sont les impôts des autres. » Cependant, difficile pour lui d’avancer un prix précis, il propose seulement « un élargissement de la gamme de tarification sociale avec un coup de pouce pour les étudiants boursier. La fourchette se situera entre les prix actuels et ce qui se fait à Toulouse. » Les étudiants non boursier ne semblant pas être concernés. Phillipe Saurel, dissident PS, propose lui un tramway à 1 euro avec des tarifs sociaux. Sans préciser la teneur de ces derniers. Pour l’UMP Jacques Domergue, « La gratuité n’est plus d’actualité. On l’avait proposée en 2008 mais ce n’était pas réalisable. » Le candidat souhaite se tourner vers les 55 000 étudiants : « Nous voulons leur proposer un abonnement mensuel de 10 euros comme cela se fait à Toulouse. Les étudiants n’ont pas trop de budget et peuvent être obligés de frauder. Avec un abonnement mensuel à 10 euros, pas sûr qu’on perde de l’argent car il y aura une baisse de la fraude. » Il n’exclut cependant pas la gratuité pour le futur, s’il arrive aux commandes de l’agglomération et donc, de la TAM. En revanche, face au coût d’une telle mesure et refusant d’augmenter les impôts, il préfère « regarder sérieusement la faisabilité ou non de ce projet. Pour l’heure, ce qui compte c’est le tarif spécial pour les étudiants, pas la gratuité », conclut-il.

« La gratuité pour 30% des personnes en fonction de leurs revenus »

Seule Muriel Ressiguier, tête de liste Front de Gauche, appelle aujourd’hui à la gratuité complète. Pour elle, si « seulement 15% des Montpelliérains utilisent les transports en commun alors que c’est l’avenir, c’est qu’il y a un problème ! » Dans ce contexte, elle souhaite dès 2015 proposer « la gratuité pour 30% des personnes en fonction de leurs revenus, incluant donc une grande partie des étudiants. » Puis augmenter par palier le pourcentage de personnes ayant accès à la gratuité, jusqu’à ce qu’elle soit totale. À en croire les candidats, il faut donc s’attendre, dans tous les cas, à voir les prix des tickets et abonnements de tramway diminuer. À moins qu’ils ne nous fassent marcher…

Une éclaircie dans le ciel montpelliérain ?

Montpellier, 8e ville de France, génère environ 1,2 million de passagers par voie aérienne à l’année. Or, son aéroport n’est pas à la hauteur d’une zone urbaine de plus de 400 000 habitants. Hors agglomération et abandonné des politiques, il n’a jamais suscité un grand intérêt depuis Georges Frêche. Tour de piste à la veille des municipales de mars ?

« L’aéroport de Montpellier a du mal à décoller ». Un refrain bien connu. La raison première ? Précisément une abondance d’aéroports, pas moins de cinq se partagent le trafic aérien en Languedoc-Roussillon. Carcassonne, Perpignan, Nîmes, Béziers et Montpellier, difficile de s’imposer dans ce ciel si fourni.

Un quinté… gagnant ?

La région a toujours prôné la complémentarité des cinq plate-formes aéroportuaires. Mais, aujourd’hui, ce surnombre ne deviendrait-il pas un frein plus qu’un moteur de promotion pour la région ? « Non ! » assène cette dernière, qui détient 6,5 % des parts de l’aéroport de Montpellier mais le finance à hauteur de 18 millions d’euros annuels. L’État, actionnaire majoritaire avec 60% des parts, est suivi par la CCI avec 25 %, le reste étant constitué par le département et les communautés de l’Agglo. La région n’est pas à court d’arguments pour défendre la viabilité des 5 sites, qui génèrent un chiffre d’affaires de plus de 800 millions d’euros. Avec pas moins de 140 entreprises implantées sur les cinq tarmacs, les zones concernées peuvent se prévaloir de près de 7450 emplois directs et induits. Selon la société d’études économiques et de conseil en stratégie Bipe et l’institut BVA, Montpellier Méditerranée produit, à lui seul, la moitié de ces ressources.

Pascal Pintre, directeur de l’aéroport de Béziers (235 000 passagers en 2013), estime que cette complémentarité est une force, citant par exemple la région PACA (qui compte Marseille, Nice, Toulon et Saint-Tropez) ou la Bretagne avec sa myriade d’aéroports. « L’idée c’est de savoir comment valoriser cette complémentarité plutôt que de se tirer la bourre. La région Sud de l’arc méditerranéen a un potentiel infini. Le moyen de transport aérien est largement sous-utilisé en Languedoc-Roussillon : seuls 4% des visiteurs dans la région arrivent par voie aérienne », souligne-t-il. Persuadé de l’utilité du travail en réseau, il avance : « L’étude du cabinet Bipe a montré que, si on centralisait tout le trafic sur Montpellier, la région perdrait 700 000 passagers du fait de l’évasion des clients.  » Et pour lui, le mariage pour tous les aéroports, ce n’est pas d’actualité : « Il faut sortir des querelles de clochers. Je réfute la concurrence. La complémentarité, oui. Le travail en réseau, oui. Mais le mariage des 5 aéroports, non. Chacun a un statut différent, ce serait très difficile d’aller au-delà du bon fonctionnement. »

Montpellier Méditerranée en déficit d’attractivité

Le bilan 2013 de l’aéroport de Montpellier est plutôt positif avec près de 1.400.000 passagers. Soit 10,5 % de plus qu’en 2012. Mais il stagne toujours loin derrière ses concurrents directs, Toulouse et Marseille, qui enregistrent respectivement 7,5 et 8,3 millions de passagers. Un facteur en cause : le manque de destinations proposées, une vingtaine seulement à partir de Montpellier. Alors que la Ville rose en offre 70 et la Cité phocéenne plus d’une centaine. Pas étonnant alors que le parking de Marignane, qui abrite l’aéroport de Marseille, soit envahi de voitures immatriculées 34 ! Sans oublier la concurrence féroce du TGV qui engendre une perte considérable de passagers, compétitivité des prix oblige.

Montpellier Méditerranée cumule les fausses notes : sa faible desserte n’en est qu’une de plus sur la partition. Un problème rabâché mais jamais résolu. La liaison aéroport – cœur de ville est un vrai parcours du combattant. Certes elle n’est pas chère (2,60 € le trajet tramway + navette) mais comptez une navette par heure pour rejoindre la place de l’Europe, son terminus, puis 15 minutes pour arriver place de la Comédie. En sens inverse, même combat. De quoi décourager les passagers. Mais tout n’est peut-être pas perdu. Un projet très aléatoire de téléphérique, suggéré par le cabinet Transmobilités pourrait relier la gare St-Roch à l’aéroport. Une solution 2 en 1 : une liaison directe du centre au tarmac et un désengorgement du trafic routier.

Une « patate chaude » en période de municipales

L’aéroport de Montpellier n’est pourtant pas si mal loti : d’aspect moderne, refait à neuf, il se situe à seulement 7 kilomètres du centre-ville. Mais situé sur la commune de Mauguio, il est hors de la fameuse Agglo qui regroupe 31 communes, ce qui peut certainement expliquer le manque d’intérêt des élus à son égard.
Si, en 2009, Georges Frêche avait évoqué le projet de fédérer les aéroports de Nîmes, Béziers et Montpellier, l’idée est, cinq ans plus tard, restée lettre morte. Certains candidats aux municipales 2014 voient en l’aéroport de Montpellier l’opportunité de rehausser la ville à un « rang mondial », comme ils disent. La problématique aéroportuaire serait-elle à nouveau au programme ?

La plupart des prétendants au poste y vont de leur commentaire ou proposition, sans trop s’étaler sur le sujet. France Jamet, candidate du Front national, se contente d’un : « C’est une des patates chaudes de la campagne municipale. » D’autres sont plus incisifs. Jacques Domergue, candidat UMP, annonce un projet percutant. S’il est élu, il ne souhaite garder qu’un seul des cinq aéroports dans la région. « Je n’ai rien contre Perpignan, Carcassonne, Béziers ou Nîmes. Mais ces gens-là doivent venir prendre leur avion à Montpellier. Si les élus peuvent le faire, eux aussi », estime-t-il, sans dire comment il forcera la fermeture des autres sites. Sur son compte Twitter, il renchérit : « Je veux un aéroport sud de France à Montpellier qui soit un véritable Hub (centre, ndlr) du Sud de l’Europe. »

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(capture d’écran du compte Twitter de Jacques Domergue)

Philippe Saurel, dissident PS, adopte une position plus prudente. Il reconnaît que l’aéroport est un lieu et une plaque d’accès incontournable pour l’économie et le tourisme sur l’axe méditerranéen. Sa situation géographique ne lui échappe pas : « Il n’est pas situé sur l’agglo de Montpellier, du coup il perd un peu de sa valeur. Il n’est pas en contact direct avec la ville, n’a pas de ligne de tram qui le dessert, d’où sa faible importance. » Il rappelle que la ville ne peut agir seule : « Il faudrait passer une série de conventions et des objectifs partenariaux avec les autres villes et communautés de l’Agglo. » Selon lui, il faut montrer patte blanche. « Nous devons harmoniser le territoire face à la crise et nourrir des relations amicales entre les différents aéroports de la région. Je ne serai pas contre fédérer Montpellier, Nîmes et Béziers. Ce serait une façon provisoire d’être compétitif. »

Pour Joseph Francis, candidat UDI, il n’est pas question de lancer des idées sans pouvoir les concrétiser. « Non, la question de l’aéroport n’entre pas dans les points que j’aborde dans mon programme. Tout simplement parce que l’aéroport n’appartient pas à la ville. C’est hors de nos prérogatives. Jacques Domergue aurait dû se taire. Il ne faut pas faire d’annonces politiciennes qui n’aient pas de sens pratique. » Ce qui ne l’empêche pas d’avoir sa propre opinion : « Dans l’idéal, il faudrait que chaque Conseil régional récupère un grand aéroport par région. » concède-t-il. Celui de Montpellier, si ce projet venait à se réaliser, serait cédé à la région. « Pour que ce projet se concrétise, il faut que la région soit accompagnée dans sa démarche par des compagnies privées », explique-t-il. Joseph Francis rappelle que la maîtrise des transports est un critère essentiel du développement économique : « L’attractivité d’un territoire est basée sur les transports. Il faut une plate-forme multimodale, une complémentarité des transports aériens, ferroviaires, routiers et maritimes. Les 3 aéroports de Montpellier, Nîmes et Béziers doivent assurer cette complémentarité et non être en opposition. »

La candidate du Front de Gauche, Muriel Ressiguier, pencherait davantage pour un audit : voir les lignes utiles et comprendre ce qui convient ou pas, en se focalisant sur le point de vue des principaux concernés : les usagers. Seul Jean-Pierre Moure, candidat de la liste PS et EELV, n’a pas souhaité s’exprimer. Comme un aveu ?

Le tracé de la ligne 5 du tramway fait débat au conseil municipal

Lundi 17 février avait lieu l’ultime conseil municipal de la maire PS Hélène Mandroux. Le 52ème de son mandat, pour le moins agité. Certains élus n’ont pas hésité à prendre la parole et utiliser l’invective. Notamment sur la question de la ligne 5 du tramway.

En période pré-électorale, chaque candidat y va de sa stratégie. Celle de Jacques Domergue paraît claire : il veut se faire remarquer. A l’annonce de l’affaire numéro 23, intitulée « Convention financière Ville/Communauté d’Agglomération pour l’adaptation d’équipements de la Ville liés au tramway lignes 4 et 5 », son sang ne fait qu’un tour. Il demande aussitôt la parole.

« Mais sur quel tracé exactement vont porter les aménagements ? »

Anne-Rose Le Van, conseillère municipale de l’opposition (Gauche Anticapitaliste-Fédération pour une Alternative Sociale et Écologique), a été plus rapide. Elle entame les hostilités. « Mais sur quel tracé exactement vont porter les aménagements ? », demande-t-elle. Des incertitudes planent toujours concernant le parcours que va emprunter le tramway de la ligne 5. Notamment le passage ou non au cœur du Parc Montcalm, reliant la rue des chasseurs aux rues de Fontcouverte et de Bugarel. Un espace de plus de 26 hectares. En octobre 2013, un recours de l’association Arfa-Parc Montcalm avait été porté devant le tribunal administratif de Montpellier. Déjà en cause, le tracé de la ligne 5 du tramway. Celui-ci amputerait le parc de 8 hectares, un affront pour cette association qui milite pour la sauvegarde du parc dans son intégralité.
Madame Le Van ne comprend pas l’objet de cette délibération, la question du tracé n’ayant pas encore été réglée.

Jacques Domergue, en vrai plébéien, lance le débat

Jacques Domergue, conseiller municipal de l’opposition (UMP), renchérit. Il peste contre la mauvaise foi des élus. « La ligne 5 du tramway passera par le parc Montcalm », affirme-t-il. Immédiatement contredit par Serge Fleurence, premier adjoint au maire (groupe socialiste) : « Non, Monsieur Domergue, la ligne 5 ne passe pas au cœur du parc Montcalm mais en lisière. Arrêtez de dire de telles choses, après elles sont relayées par les journalistes. C’est faux ».
Mais rien n’arrête Jacques Domergue, qui poursuit son discours. Tel un prophète, il annonce : « Je vais rectifier la vérité !  ». Il continue sur sa lancée : « Il y a deux discours. Celui du président de l’agglomération, qui a entériné un tracé passant en plein milieu du Parc Montcalm. Et celui des candidats, qui, voyant le tollé général provoqué par cette annonce, sont tous revenus sur leur décision ». Une solution lui apparaît comme évidente : « Il faut une nouvelle DUP (déclaration d’utilité publique, ndlr) pour un nouveau tracé ». Il passe aux menaces : « Je vous le dis, si la liste Moure est élue, le tramway passera à travers le Parc ».

Robert Subra, du groupe socialiste, s’interpose : «  On a proposé un tracé qui dessert les logements et les emplois. Il y en avait trois possibles, cellui qui a été adopté par les commissaires enquêteurs était le plus utile. Le préfet a pris cette DUP et cette solution a été acceptée sans remarque ni observation ».

Les élus s’emportent, chacun y va de son commentaire. Comme ce conseiller, au fond de la salle : « Monsieur Domergue parle mais il n’a jamais emprunté le tram ! Il en a même peur !  », fulmine-t-il. Parfait dans son rôle, Jacques Domergue se lève sur-le-champ. Il brandit un ticket rouge, s’apparentant à celui du tramway de Montpellier. Un élu ironise « C’est un ticket de tram de Toulouse ».

Le fin mot de l’histoire

Serge Fleurence rappelle à l’ordre le candidat de l’opposition au son de cloche. Il réitère : « le tracé se fait en bordure nord du parc, il ne le traverse pas ».
Michel Passet, deuxième adjoint au maire (Parti communiste), le soutient. Il s’étonne du retournement de veste de certains élus et partis politiques  : « Je rappelle à tous que le tracé de la ligne 5 a été adopté par le conseil d’agglomération à l’unanimité. Et que toutes les formations politiques représentées ici sont également présentes au conseil d’agglomération. Il est étonnant que vous le votiez là-bas et que vous le contestiez ici », s’agace-t-il. Il tient à souligner un dernier point : « un engagement a été pris par rapport à l’emplacement de la cité de la jeunesse (terrains de l’ancienne École d’Application d’Infanterie, proche du parc Montcalm, ndlr). D’ici peu, des milliers de jeunes vont se déplacer en tramway des universités à la cité de la jeunesse. On ne peut pas revenir dessus », conclut-il.

Philippe Thines, rapporteur de l’affaire, a le dernier mot. Il rappelle qu’il ne s’agissait pas d’évoquer le tracé mais bien les questions de sécurité concernant les travaux des feux tricolores.
Oui, mais c’était sans compter les esprits échauffés de certains en cette période pré-électorale.

Tour d’horizon des partis politiques

Alors que le Parti socialiste tente de se réorganiser en Languedoc-Roussillon et que la bataille s’intensifie pour se positionner en tant que leader, les autres partis politiques ne sont pas en reste. Les prochaines échéances électorales vont se transformer en une lutte pour récupérer un certain nombre d’électeurs qui étaient davantage fidèles à un homme, Georges Frêche, qu’à un parti politique.

Langue d’oc : mon panneau, ma bataille

Coup de projecteur sur Villeneuve-lès-Maguelone ! Depuis le 12 octobre 2010, des panneaux bilingues sont au centre d’une controverse. S’appuyant sur la décision du tribunal administratif de Montpellier, le Mouvement Républicain de Salut Public exige le retrait de la signalisation en langue d’oc. Il n’en fallait pas moins pour indigner toute la communauté occitane.

Identité nationale : un débat peu fructueux à Montpellier

Lundi 11 s’est déroulé à l’Ecole d’Application de l’Infanterie à Montpellier (EAI) le débat sur l’identité nationale. Organisé par le député UMP Jacques Domergue, le préfet de l’Hérault, Claude Baland a néanmoins su tenir les rênes de ce débat décrié. Ambiance.

18h30. Une petite foule se presse aux portes de l’EAI. Des manifestants tendent bruyamment, mais sans débordements, une banderole indiquant « Notre identité n’est pas Nazionale ». Ils viennent pour la plupart du NPA, d’Alternative Libertaire ou encore des Jeunesses Communistes.

À l’entrée, la sécurité nous demande si nous sommes sur la liste des invités. Un débat public sur invitation, surprenant. Heureusement le député Domergue pointe son nez dehors, et nous autorise à rentrer après lui avoir expliqué notre statut d’étudiants journalistes. Dehors, certains y resteront. Pas d’invitation, pas d’entrée. Il fallait montrer plus que patte blanche.

Après avoir traversé la cour sombre de l’école, nous arrivons enfin dans la salle remplie en grande partie de personnes de plus de 60 ans. Au centre de la tribune, le préfet Claude Baland et le député Domergue sont entourés de deux professeurs de droit public. Trois représentants de la société civile sont également venus apporter leur soutien et leur témoignage.

« Moi je me sens intégré mais j’ai l’impression que c’est la France qui n’arrive pas à m’intégrer »

La première prise de parole du débat chauffe les esprits. Un des premiers intervenants s’exclame : « C’est l’immigration musulmane qui met en question nos valeurs judéo-chrétiennes et laïques ». Au fil des interventions, on comprend rapidement que la plupart de ceux qui s’expriment sont de droite. Et pour cause, des sympathisants d’obédiences différentes n’ont pu assister à la discussion, pourtant ouverte à tous. « J’ai invité les représentants de tous les partis politiques » se défend le préfet. Et pourtant pas de PS, de PC, de Verts ou de NPA.

S’il a démarré sur des chapeaux de roues, le débat s’enlise peu à peu dans les banalités, voire les discussions de café. Peu de propositions concrètes ressortent. On note qu’il est entièrement tourné vers l’intégration des immigrés. « Moi je me sens intégré mais j’ai l’impression que c’est la France qui n’arrive pas à m’intégrer » l’idée est lâchée. C’est bien là toute la problématique de ce débat qui tourne autour de la question de l’immigration, sans jamais donner de définition propre de l’identité nationale.

Alors que le préfet appelait en prémices du débat à ne pas stigmatiser une communauté en particulier, force est de constater que revient dans toute les bouches les mots immigration, problème de cohabitation entre une « communauté musulmane » issue du Maghreb, considérée comme mal intégrée et une communauté de « français de souche » (expressions utilisées à de multiples reprises).

Le débat s’est presque exclusivement axé sur cette thématique, avec des intervenants allant d’étudiants ou de jeunes travailleurs, tentant d’expliquer la condition d’un fils d’immigré maghrébins en France. Parmi les représentants politiques, les conseillers régionaux FN Alain et France Jamet ont été peu soutenu par l’auditoire malgré une diatribe appelant sans surprise à régler le problème de l’immigration. Pour expliquer le sentiment de rejet que ressentent les fils d’immigrés de première ou de troisième générations, un homme questionne : « Va-t-on encore demander à ma fille, qui est née ici en 2009, si elle est française ou non ? ».

22h00 la discussion se termine. Alors que les participants commencent à partir, un bon nombre se lève et entonne la Marseillaise. La majorité de la salle suit, un étrange sentiment nous envahit alors.

Bouclier fiscal : « une parenthèse serait peut être salutaire. »

Il y a quinze jours, à l’Assemblée nationale, Charles de Courson, du Nouveau Centre, et Pierre Méhaignerie, de l’UMP, proposaient un amendement pour que les plus hauts revenus contribuent exceptionnellement à hauteur de 5% en ces temps de crise. Une façon implicite de remettre en cause le bouclier fiscal ou de le remanier. René Couanau, autre député UMP, souhaitait quant à lui suspendre le bouclier fiscal pour les revenus de 2009. Ces deux amendements ont été rejetés. Mais ils témoignent d’une division du groupe UMP à l’Assemblée vis-à-vis de cette mesure. Il n’y a pas que la Gauche qui s’échine à la discréditer. Jacques Domergue, député UMP de l’Hérault, et membre du Conseil Régional du Languedoc Roussillon, est encore hésitant sur la question. Il plaide néanmoins pour une « parenthèse », sans toutefois déroger à la ligne de conduite prônée par Nicolas Sarkozy.

Le coût du bouclier fiscal a doublé entre 2007 et 2008[[En 2007, lorsque le bouclier fiscal plafonnait encore à 60% le prélèvement maximum des plus hauts revenus, l’État a remboursé plus de 246 millions d’euros à l’ensemble des contribuables les plus riches. En 2008, ces remboursements ont quasiment doublé, pour un nombre de contribuables équivalent. Ils se sont élevés à 458 millions d’euros.]]. Pouvez vous nous rappeler quel est son intérêt ?

L’intérêt du bouclier fiscal c’est de faire en sorte qu’aucun français ne paie en impôt, plus de la moitié de ce qu’il gagne. Cela a été mis en oeuvre dès 2007, lors de l’élection de Nicolas Sarkozy, parmi différentes mesures incluses dans le Paquet Fiscal. Mais le bouclier fiscal n’est qu’une partie infime de cette manne budgétaire. Alors aujourd’hui c’est en discussion, c’est vrai, parce que la conjoncture a changé, et parce qu’on est en situation de crise. Donc certains le remettent en cause.

C’était pour remédier au problème des exilés fiscaux, alors sont-ils de retour ?

Il y a eu 15% de personnes en plus, qui sont revenues, ou qui ne sont pas parties… Maintenant je suis incapable de dire si en terme d’efficacité et de rentabilité, c’est une bonne mesure. Ce qui est sûr, c’est qu’en matière fiscale il faut qu’il y ait une certaine lisibilité et surtout un certain suivi. On ne peut pas dire « on va faire en sorte que ceux qui ont de l’argent reviennent en France pour y payer leurs impôts », et le lendemain, dire le contraire. Moi je comprends tous ceux qui se manifestent contre le bouclier fiscal en disant qu’aujourd’hui, nous n’avons plus les moyens, et qu’il faut que les riches paient… C’est un discours audible. Mais je le répète, c’est dangereux parce que la rentabilité sera faible et le message, très négatif. Certains diront qu’en France, on change d’avis toutes les cinq minutes.

Justement, à l’Assemblée nationale, le groupe UMP est très partagé sur cette question…

Oui nous sommes partagés. Comme je viens de le dire, on n’aime pas donner des signaux contraires. Mais la situation économique actuelle n’est pas la même qu’en 2007. Cela peut justifier un réajustement. Est ce que ce réajustement doit aller jusqu’à la suppression du bouclier fiscal, ou pas ?

Deux amendements, proposés par des députés UMP, et visant à suspendre ou remanier de façon temporaire le bouclier fiscal, ont été rejetés à l’Assemblée Nationale. Dans quel camp vous placez-vous ?

Moi je ne suis pas déterminé là-dessus. J’entends les deux types d’arguments. Il y a du bon d’un côté, il y a du bon de l’autre… Mais je pense qu’aujourd’hui, une parenthèse serait peut être salutaire. Sans retoucher au bouclier fiscal sur un mode législatif, mais au moins une parenthèse, comme on le fait avec les parachutes dorés. On ne veut plus permettre aux PDG des entreprises aidées par l’État de toucher des stocks options… C’est l’État qui leur permet de ne pas être en cessation de paiement. Il faut qu’il y ait une logique.

Si l’on mettait le bouclier fiscal entre parenthèse, honnêtement, cela ne rapporterait pas grand chose à l’État. Mais en terme de symbole, pour ceux qui ont des difficultés ou qui perdent leur emploi, ce serait positif.

Nicolas Sarkozy ne souhaite ni commenter la manifestation du jeudi 19 mars, ni remanier son bouclier fiscal. Que faut-il comprendre ?

Non, je ne lie pas le bouclier fiscal à la manifestation. Elle témoigne d’un ras-le-bol et des difficultés que rencontrent les français. Mais le ras-le-bol…

Moi j’ai vu la situation des États-unis, j’y étais pendant trois jours. Et elle est bien pire qu’en France ! Des maisons sont en vente partout… des immeubles de 2000 appartements sont entièrement vides parce qu’ils n’ont pas trouvé d’acheteurs… Mais les américains ne sont pas comme les français. Ils ne descendent pas dans la rue pour manifester leur mécontentement…

Manifester, ici, c’est un droit…

…Ils se retroussent les manches, ils font des petits jobs. Or nous, on a l’impression qu’on en est incapable. Je ne dis pas que c’est la solution idéale, mais il y a sûrement aussi des solutions.

Il est certain, aujourd’hui, que le niveau de l’emploi en France est très mauvais. Les entreprises ferment les unes après les autres. D’un autre côté, l’État et les collectivités locales doivent aussi se retrousser les manches. Il faut mettre de l’argent dans l’entreprise plutôt que dans la communication ou dans des dépenses fastueuses. Voilà ce qu’il faut faire. Combien de temps cela va durer ? Ni vous ni moi ne le savons. Mais à mon sens, on est loin de la reprise.

Bouclier fiscal : « une parenthèse serait peut être salutaire. »

Il y a quinze jours, à l’Assemblée nationale, Charles de Courson, du Nouveau Centre, et Pierre Méhaignerie, de l’UMP, proposaient un amendement pour que les plus hauts revenus contribuent exceptionnellement à hauteur de 5% en ces temps de crise. Une façon implicite de remettre en cause le bouclier fiscal ou de le remanier. René Couanau, autre député UMP, souhaitait quant à lui suspendre le bouclier fiscal pour les revenus de 2009. Ces deux amendements ont été rejetés. Mais ils témoignent d’une division du groupe UMP à l’Assemblée vis-à-vis de cette mesure. Il n’y a pas que la Gauche qui s’échine à la discréditer. Jacques Domergue, député UMP de l’Hérault, et membre du Conseil Régional du Languedoc Roussillon, est encore hésitant sur la question. Il plaide néanmoins pour une « parenthèse », sans toutefois déroger à la ligne de conduite prônée par Nicolas Sarkozy.

Le coût du bouclier fiscal a doublé entre 2007 et 2008[[En 2007, lorsque le bouclier fiscal plafonnait encore à 60% le prélèvement maximum des plus hauts revenus, l’État a remboursé plus de 246 millions d’euros à l’ensemble des contribuables les plus riches. En 2008, ces remboursements ont quasiment doublé, pour un nombre de contribuables équivalent. Ils se sont élevés à 458 millions d’euros.]]. Pouvez vous nous rappeler quel est son intérêt ?

L’intérêt du bouclier fiscal c’est de faire en sorte qu’aucun français ne paie en impôt, plus de la moitié de ce qu’il gagne. Cela a été mis en oeuvre dès 2007, lors de l’élection de Nicolas Sarkozy, parmi différentes mesures incluses dans le Paquet Fiscal. Mais le bouclier fiscal n’est qu’une partie infime de cette manne budgétaire. Alors aujourd’hui c’est en discussion, c’est vrai, parce que la conjoncture a changé, et parce qu’on est en situation de crise. Donc certains le remettent en cause.

C’était pour remédier au problème des exilés fiscaux, alors sont-ils de retour ?

Il y a eu 15% de personnes en plus, qui sont revenues, ou qui ne sont pas parties… Maintenant je suis incapable de dire si en terme d’efficacité et de rentabilité, c’est une bonne mesure. Ce qui est sûr, c’est qu’en matière fiscale il faut qu’il y ait une certaine lisibilité et surtout un certain suivi. On ne peut pas dire « on va faire en sorte que ceux qui ont de l’argent reviennent en France pour y payer leurs impôts », et le lendemain, dire le contraire. Moi je comprends tous ceux qui se manifestent contre le bouclier fiscal en disant qu’aujourd’hui, nous n’avons plus les moyens, et qu’il faut que les riches paient… C’est un discours audible. Mais je le répète, c’est dangereux parce que la rentabilité sera faible et le message, très négatif. Certains diront qu’en France, on change d’avis toutes les cinq minutes.

Justement, à l’Assemblée nationale, le groupe UMP est très partagé sur cette question…

Oui nous sommes partagés. Comme je viens de le dire, on n’aime pas donner des signaux contraires. Mais la situation économique actuelle n’est pas la même qu’en 2007. Cela peut justifier un réajustement. Est ce que ce réajustement doit aller jusqu’à la suppression du bouclier fiscal, ou pas ?

Deux amendements, proposés par des députés UMP, et visant à suspendre ou remanier de façon temporaire le bouclier fiscal, ont été rejetés à l’Assemblée Nationale. Dans quel camp vous placez-vous ?

Moi je ne suis pas déterminé là-dessus. J’entends les deux types d’arguments. Il y a du bon d’un côté, il y a du bon de l’autre… Mais je pense qu’aujourd’hui, une parenthèse serait peut être salutaire. Sans retoucher au bouclier fiscal sur un mode législatif, mais au moins une parenthèse, comme on le fait avec les parachutes dorés. On ne veut plus permettre aux PDG des entreprises aidées par l’État de toucher des stocks options… C’est l’État qui leur permet de ne pas être en cessation de paiement. Il faut qu’il y ait une logique.

Si l’on mettait le bouclier fiscal entre parenthèse, honnêtement, cela ne rapporterait pas grand chose à l’État. Mais en terme de symbole, pour ceux qui ont des difficultés ou qui perdent leur emploi, ce serait positif.

Nicolas Sarkozy ne souhaite ni commenter la manifestation du jeudi 19 mars, ni remanier son bouclier fiscal. Que faut-il comprendre ?

Non, je ne lie pas le bouclier fiscal à la manifestation. Elle témoigne d’un ras-le-bol et des difficultés que rencontrent les français. Mais le ras-le-bol…

Moi j’ai vu la situation des États-unis, j’y étais pendant trois jours. Et elle est bien pire qu’en France ! Des maisons sont en vente partout… des immeubles de 2000 appartements sont entièrement vides parce qu’ils n’ont pas trouvé d’acheteurs… Mais les américains ne sont pas comme les français. Ils ne descendent pas dans la rue pour manifester leur mécontentement…

Manifester, ici, c’est un droit…

…Ils se retroussent les manches, ils font des petits jobs. Or nous, on a l’impression qu’on en est incapable. Je ne dis pas que c’est la solution idéale, mais il y a sûrement aussi des solutions.

Il est certain, aujourd’hui, que le niveau de l’emploi en France est très mauvais. Les entreprises ferment les unes après les autres. D’un autre côté, l’État et les collectivités locales doivent aussi se retrousser les manches. Il faut mettre de l’argent dans l’entreprise plutôt que dans la communication ou dans des dépenses fastueuses. Voilà ce qu’il faut faire. Combien de temps cela va durer ? Ni vous ni moi ne le savons. Mais à mon sens, on est loin de la reprise.

Hélène Mandroux rebat les cartes

Hélène Mandroux a été élue maire de Montpellier en obtenant 51.88 % des suffrages le 16 Mars. Elle accorde sa première interview à Montpellierplus. Le maire évoque la répartition des délégations, le rôle que vont jouer Marc Dufour (MoDem) et Jean-Louis Roumégas (Les Verts) dans son équipe municipale et sa candidature à la présidence de l’agglomération lorsque Georges Frêche démissionnera.

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