Le 24 mai 2013, le Conseil consultatif des résidents étrangers (CCRE) organisait, avec l’aide d’associations engagées comme La Ligue des droits de l’homme, une « votation citoyenne » en plein cœur de Montpellier. Les 70 membres du CCRE, tous investis fin mars, travaillent activement pour garantir des droits aux résidents étrangers de la capitale héraultaise. Localement, Montpellier souhaite impliquer l’ensemble des citoyens à sa politique. La création de ce conseil en témoigne : « un acte fort » selon Cédric Sudres, conseiller municipal communiste, qui donne la parole à ceux qui ne peuvent pas (encore) l’avoir via les urnes. Ce jour-là, parole aux passants, qui s’expriment sur une question simple : « Êtes-vous pour ou contre l’accès aux urnes pour les résidents étrangers lors d’élections locales ? » Et la réponse est sans appel : sur 831 votants, 95% des habitants répondent par l’affirmative.
« On habite ici, on paye des impôts ! »
Mais, à l’heure du premier tour des municipales, impossible pour les résidents étrangers non issus de l’Union européenne, d’accéder à l’isoloir. Et pourtant, lors de sa campagne de 2012, le candidat Hollande l’avait promis aux étrangers résidant légalement en France depuis cinq ans. Après deux années de présidence, l’engagement n’est pas tenu et l’échéance 2014 est dépassée. Une indifférence qui suscite toujours la mobilisation des associations mais aussi la colère des principaux intéressés.
« C’était une promesse électorale, j’aurais trouvé normal qu’il aille jusqu’au bout ! ». Lamine, chargé de TD en science politique à l’Université Montpellier 1, ne comprend pas. Malien d’origine, il a fait une demande de naturalisation mais n’a toujours pas les papiers français et dispose seulement d’un titre de séjour qu’il doit renouveler chaque année. Si la loi était passée, il aurait donc pu voter dimanche. Et il l’aurait fait, sans aucun doute. Il s’indigne : « Quelqu’un qui est là, qui travaille, qui paye ses impôts, c’est normal qu’il ait son mot à dire sur le choix du maire pour sa ville. » Des devoirs qui devraient logiquement aboutir à des droits pour le Malien, habitant Montpellier depuis bientôt dix ans et qui ne compte pas déménager. Et dont l’accès aux urnes serait pour lui « un honneur ».
Tenter l’aventure, en se pliant aux règles
Alors, impuissant, il suit de près la campagne et laissera les autres, ceux qui ont les papiers, décider pour lui. « J’ai des convictions, même si je ne vote pas. » affirme-t-il. S’il avait pu, il aurait choisi la liste PS de Jean-Pierre Moure, dont il se sent plus proche. Très impliqué pour sa ville, il a même assisté à l’inauguration du candidat UDI, Joseph Francis. Un engagement citoyen certain, dont tous ne peuvent pas se prévaloir. Concernant le droit de vote des résidents étrangers communautaires, il dénonce « un clivage idéologique ».
Mais aucun ressentiment n’est palpable dans le discours du jeune homme. « Je me plie aux règles. » ajoute-t-il, s’il faut être français pour voter, il fera ce qu’il faut. L’envie de prendre part à la vie citoyenne locale l’a poussé à demander des papiers, une démarche possible depuis qu’il n’a plus le statut d’étudiant mais celui de scientifique. Mais cette demande prend du temps. Et encore, les délais ont réduit depuis que la gauche est au pouvoir. De petites avancées donc, mais qui restent bien loin des engagements pris par le président de la République. Lamine garde pourtant espoir et fait tout pour arriver à ses fins, même s’il faut prendre sur soi pour enfin atteindre son objectif, la naturalisation. Un combat qu’il compare à son périple pour arriver dans le pays qui le faisait rêver, la France. Il fallait tenter « l’aventure ».
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