Gone Girl est adapté du roman éponyme de Gillian Flynn, best-seller publié en 2012 en français sous le titre Les Apparences. Le thriller psychologique tourné par le réalisateur, de Fight Club et Seven entre autre, évoque une femme modèle, Amy (interprétée par Rosamund Pike), qui disparaît dans des circonstances mystérieuses le jour du cinquième anniversaire de son mariage. S’ensuit alors un emballement médiatique télévisuel démesuré pour retrouver l’épouse égarée de Nick Dunne (joué par Ben Affleck), dont la mère est décédée depuis peu. Mari infidèle par ailleurs, il fréquente Andie, une étudiante bien plus jeune que sa femme. Un pays tout entier se passionne alors pour retrouver L’épatante Amy, fille parfaite dont les parents exaltent le portrait dans une série de livres à succès. Dénonçant la société du spectacle et l’hypocrisie des citoyens américains à idolâtrer les apparences, le film se poursuit avec une enquête effrénée où les zones d’ombre s’épaississent autour des deux protagonistes principaux jusqu’au dénouement final, accréditant plusieurs thèses. De la découverte du portefeuille d’Amy dans une voiture au bord du Mississippi à son retour quarante jours plus tard, en passant par sa métamorphose physique pour éviter d’être reconnue et son argent dissimulé, le suspense se veut haletant de bout en bout.
Mais si on se penche sur la biographie d’Agatha Christie, force est de constater que la réalité a, semble-t-il, dépassé la fiction. En 1926, peu de temps après avoir perdu sa mère, Agatha organise minutieusement, elle aussi, sa propre disparition. Celle-ci intervient le jour où son mari, Archibald, lui annonce vouloir passer quelques jours avec des amis. Un prétexte pour rejoindre son amante, Nancy Neele, plus jeune de dix ans. Leur mariage est au plus mal puisque Archie, son surnom, aurait annoncé son intention de divorcer. L’affaire suscite alors l’émoi dans les journaux britanniques qui en font leur Une. La voiture de la femme de lettres est retrouvée abandonnée le lendemain, à environ 80 kilomètres du domicile conjugal. Les hypothèses se multiplient mais les soupçons pèsent sur le mari. Après d’actives recherches, onze jours auront suffi à retrouver la trace d’Agatha, présente depuis le départ dans un hôtel à Harrogate, dans la région anglaise du Yorkshire. Elle s’était inscrite sous le nom de Teresa Neele, soit celui porté par l’amante de son mari (dans le film, Amy Dunne s’appelle Nancy, prénom de ladite maîtresse). Archie la récupère où elle séjourne et le couple ne parlera jamais de cette histoire à la presse. Désir assoiffé de vengeance ou véritable épisode amnésique ? Difficile de le savoir, même si on peut se demander d’où provenait l’argent qu’elle cachait dans une sacoche. Pour la petite anecdote, le couple se séparera un an plus tard. Tandis qu’Archie convolera avec Nancy en 1928, Agatha se consolera dans les bras de l’archéologue Max Mallowan. Sa carrière prendra un nouvel envol puisque ses romans seront tirés à des milliers d’exemplaires jusqu’à sa mort en 1976 (tout comme Amy, pour qui s’ouvre ensuite les voies de la célébrité).
Quand on connaît l’influence de la romancière auprès de ses contemporains (deuxième auteure la plus lue au monde après William Shakespeare), nul doute que celle qu’on surnomme « la Reine du crime » ait pu inspirer Gillian Flynn. Sachant que cette romancière américaine l’érige parfois comme l’un de ses modèles d’écriture, notamment pour son habileté à produire des romans policiers comme Hercule Poirot, il n’y a qu’un pas à franchir. Quoi qu’il en soit, le plus gros succès de la carrière de David Fincher au box-office américain, Gone Girl n’a a priori pas fini de faire couler de l’encre.
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