« Chaque documentaire est une expérience unique », relève Lucas Mouzas, parisien de naissance qui vit aujourd’hui dans l’Hérault. Le réalisateur de 59 ans vient présenter à l’occasion du 39e Cinemed Chroniques d’Ovalie, sa dernière œuvre. Sans bagage universitaire « à une époque où l’on pouvait encore se former sur le tas » Lucas Mouzas commence à travailler comme photo-journaliste pour une agence parisienne en Amérique Latine avant de basculer rapidement vers la vidéo. « J’ai rencontré des cinéastes canadiens là-bas qui m’ont formé sur un tournage » raconte-t-il. Passé par le reportage télévisé, il réalise « trois films » dans cette partie du globe où il s’intéresse plus particulièrement aux populations amérindiennes. Après son retour en France, Lucas Mouzas préfère poursuivre dans le docu plutôt que de s’essayer au long métrage. « Le réel dépasse bien souvent la fiction » confie-t-il.
Repéré par le Cinemed, il vient y présenter à quatre reprises ses productions, comme A Choeur et à Cri (1999), Sur le sentier de l’école (2006), Le Mystère Toledo (2008)… Cette reconnaissance consacre une œuvre marquée par un fil conducteur: « la transmission, l’éducation que cela soit par l’art ou l’enseignement » .
Avec Chroniques d’Ovalie, Lucas Mouzas s’immerge dans la mêlée du club de rugby du Pic Saint Loup à la politique atypique. Ici, on préfère, par exemple, parler « d’éducateurs » plutôt que d’entraîneurs. Ses trois enfants y ont joué. Le réalisateur a souhaité montrer comment un club pouvait résister à la tentation de la compétition pour valoriser l’enfant. « C’était intéressant de voir jusque où le club laisse l’enfant s’épanouir sans fixer la compétition comme objectif » relate-t-il. Travail au très long cours, ce documentaire aura demandé plus de deux ans de travail, « le temps d’obtenir la confiance des adolescents pour qu’il puisse se confier véritablement ».
« J’ai voulu faire un film sur l’humain, sur l’enfant et son passage à la vie d’adulte » explique Lucas Mouzas. Une manière de dénoncer aussi « l’individualisme » de la société face aux valeurs fraternelles du rugby. Des valeurs de solidarité, de partage que le réalisateur apprécie et fait partager à l’écran. Il fait le parallèle « une équipe de documentaire c’est comme une équipe de rugby, il faut un travail d’équipe pour que cela soit bien réalisé » relève le réalisateur héraultais.
Un travail d’équipe presque artisanal qu’il apprécie particulièrement :« ce que j’aime dans le documentaire c’est qu’on peut bricoler, analyse Lucas Mouzas, et que l’on à une certaine marge de liberté pour s’exprimer ». Cet « amoureux de la région » souhaite désormais travailler avec de jeunes réalisateurs.Pour transmettre, toujours.
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