Les buveurs de bio vus de derrière les comptoirs

Par le 27 janvier 2018

Qui achète et boit du vin bio ? Eléments de réponse chez les cavistes, restaurateurs et dans les supermarchés de Montpellier.

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Vous avez sans doute remarqué, lorsqu’un samedi à 19h, vous allez en vitesse au supermarché du coin acheter une bouteille de vin, que le rayon abrite plusieurs bouteilles étiquetées « bio », et que là, vous vous dîtes « Ah tiens, pourquoi pas ? » Ou alors « Non, très peu pour moi ». Toujours est-il que, selon une étude de Sudvinbio (PDF), le vin bio, labellisé, se porte bien. En 2016, les ventes de vin bio ont progressé de 18 % sur le marché français et de 32 % à l’export par rapport à 2015. Aussi, l’enquête Sudvinbio-Ipsos 2015 (PDF), montre qu’en France, 35,8 % des sondés boivent du vin bio, régulièrement ou de temps en temps.

Mais qui sont les consommateurs de vin bio ? L’enquête Sudvinbio-Ipsos montre qu’il s’agit d’un public plus jeune, plus féminin et plus soucieux de la sécurité alimentaire et des problèmes environnementaux que les consommateurs de vins conventionnels.

L’Occitanie est la première productrice française de vin bio avec plus de 25 000 ha de vignes en bio. Alors, chez les cavistes, dans les restaurants et dans les supermarchés de Montpellier, quelle part le vin bio occupe-t-il ? Est-il un argument de vente ? Et quel est le profil de ses acheteurs ?

Pour y répondre, direction les cavistes, les supermarchés et les grands restaurants de la capitale héraultaise.

Du vin bio partout ou presque

Chez les cavistes généralistes, le bio occupe une place plus ou moins importante. « Aux grands vins de France » ou à la « Maison régionale des vins et des produits du terroir », c’est 60 à 75 % de bouteilles bio. Alors qu’à la cave de « La Courte Échelle » aux Beaux-Arts, il n’y a que 30% de bio : « Je préfère diversifier mon offre car beaucoup de vins bio se ressemblent » prévient le caviste, Philippe Allègre. En revanche, les trois confrères s’accordent sur le fait qu’il y a une réelle demande et que leur stock de vins bio tend à augmenter.

Mais par-dessus tout, ce qui compte d’abord pour eux, c’est que le vin soit bon : « Le bio est un argument de vente car c’est le petit plus » déclare le caviste d’ « Aux grands vins de France ».

La « Cave du Boutonnet » et « La cave des Arceaux » ont, elles, fait du bio leur crédo. Le gérant de la première, Laurent de Zanet, propose 100% de vins naturels et bio. « Aujourd’hui, les gens, et pas que les bobos, sont très sensibles au bio et veulent des produits sains » déclame-t-il. Selon lui, les goûts des vins bio sont plus variés que ceux des vins conventionnels. Chez la deuxième cave, 95 % des bouteilles sont bio : « C’est la région qui veut ça, et c’est aussi la politique de la maison » déclarent les sommelières.

Les gens sont souriants quand on leur dit que c’est du bio

Côté restaurants, les gastronomiques proposent également une grande proportion de vins bio. Rue de l’Aiguillerie, chez « Cellier Morel, La Maison de la Lozère », 60 à 70% des vins sont bio. « Les gens sont souriants quand on leur dit que c’est du bio » s’enthousiasme Alexandre Ségura, le sommelier. À « La Réserve Rimbaud », au bord du Lez, 80% de la carte des vins est bio. La sommelière, Céline Dalbin, précise cependant que le restaurant « n’a pas une démarche pro-bio et que ce n’est pas un argument mis en avant. Notre philosophie est plutôt celle du terroir et de la qualité ».

Enfin, sur trois restaurants non-gastronomiques contactés, deux proposent entre deux et quatre bouteilles bio à leur carte tandis que le dernier y est complètement réfractaire.

-564.jpg Quant aux trois supermarchés visités… ils en ont ! Et de plus en plus : entre 15 et 30 références selon les différentes enseignes. En général mélangés aux autres vins, ils se cachent aussi parfois au rayon bio du magasin. Les prix commencent à 4,50€ environ pour monter jusqu’à 30€.

Le profil des clients n’est pas simple à dresser. Les experts interrogés dégagent quelques tendances lourdes (jeunes, femmes, écolo, qui mangent bio) mais d’autres profils se laissent parfois tenter.

Et les vins naturels ? Là aussi, les cavistes observent une forte demande. Mais ces vins sont plus chers que les bio car plus complexes à produire. Comptez au minimum 10€ « Aux grands vins de France », par exemple alors qu’un vin bio débute à 6€ en magasin spécialisé.

Alors, si vous n’êtes pas complètement réfractaire au bio, la prochaine fois que vous hésiterez chez votre caviste, au restaurant ou au supermarché, lâchez-vous sur l’étiquette verte… c’est sans danger !

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à propos de l'auteur

Auteur : Fanny Rousset

Intéressée par les sciences humaines, je me suis orientée vers la sociologie après le bac. Ce cursus m’a permis de travailler sur une grande diversité de thèmes de société : famille, travail, économie, environnement, éducation… C’est durant mes années de licence que j’ai envisagé le métier de journaliste. Ce métier me permettait en effet de pouvoir aborder des sujets divers et de questionner le monde. En conséquence, j’ai réalisé un stage en Presse Quotidienne Régionale (Midi Libre) en 2013. Aujourd’hui, je suis particulièrement sensible aux questions d’environnement, c’est pourquoi j’aimerais travailler pour un média comme Reporterre ou Actu-environnement par exemple. Je suis aussi intéressée par la presse locale.