« Chez nous le vin est une vraie tradition qui remonte à plusieurs centaines d’années ! » s’exclame Matej Korenika, vigneron trentenaire à Izola, en Slovénie. Un cri du cœur pour ce passionné vivant dans ce petit pays d’Europe centrale de deux millions d’habitants. La Slovénie a depuis longtemps une tradition agricole, et plus particulièrement viticole. Ses origines remonteraient aux tribus celtes installées dans la région il y a plus de 2400 ans. Historiquement, on distingue trois grandes aires viticoles dans ce pays d’ex-Yougoslavie . « La plus importante se nomme Primorska, elle se situe à l’ouest avec des vignobles bordant la Méditerranée », où Samo Premrn a ses pieds de vigne. Les deux autres régions se répartissent entre les vallées de la Save (Posavje), au sud le long de la frontière croate, et celle de la Drave (Podravje), près de la frontière autrichienne à l’est. Les Slovènes l’affirment : c’est ici que pousse la plus vieille vigne du monde à la maigre production réservée aux chefs d’État de passage. A Maribor, deuxième ville du pays, une vigne daterait de plus de 400 ans ! A l’image de ce pays aux paysages éclectiques entre Alpes juliennes et mer Méditerranée, les différentes régions viticoles répondent à des caractéristiques climatiques et telluriques spécifiques : 52 cépages différents y prospèrent. Avec un petit vignoble d’environ 20000 hectares, la Slovénie dispose d’un vrai savoir-faire avec 30 000 personnes travaillant dans le secteur, selon l’Office National Slovène des Statistiques.
Un vin qui peine à s’exporter
Si les slovènes sont producteurs depuis longtemps, ils sont également de très gros consommateurs de vin. Ils ingurgitent près de 43,6 litres de vin par an et par personne en moyenne. Un chiffre record qui les place sur la deuxième marche du podium des plus gros buveurs de vin juste derrière les Français. Le niveau de la production slovène ne suffit pas à répondre à la demande intérieure. En 2016, le pays a pressé près de 660 000 hectolitres de vin selon l’office slovène des statistiques pour une consommation intérieure de 810 000 hectolitres. Une forte demande qui a longtemps bridé les exportations slovènes. L’indépendance du pays en 1991 puis son adhésion à l’Union Européenne en 2007 ont conduit les vignerons locaux à se tourner vers l’extérieur. « Le vin slovène commence à se tailler une solide réputation, assure Samo Premrn, jeune vigneron de 37 ans, nos possibilités d’exportations s’agrandissent ». Une réalité pour les trois exposants locaux du Salon Millésime Bio puisqu’ils exportent près de 30% de leurs productions dans le monde. « Mes premiers marchés à l’international sont l’Italie, la Suisse et enfin la France » explique Matej Korenika.
Le difficile démarrage du vin bio
Alors pourquoi aussi peu de producteurs slovènes au salon Millésime Bio ? « Le bio est encore embryonnaire en Slovénie, cela représente selon moi 3% des vignobles » témoigne Matej, passé en bio depuis 2013. « Les vignerons slovènes ont peur de passer au bio, rapporte-t-il, du fait de la perte de quantité, du prix jugé trop haut ou encore d’un climat trop difficile notamment du côté de la frontière autrichienne ». Une difficulté à la conversion encore plus forte pour la biodynamie. Matej compte parmi les huit agriculteurs slovènes à exploiter leurs vignes selon cette technique: « En Slovénie, la biodynamie c’est considéré comme l’enfer, soupire le vigneron trentenaire, quand vous commencez à parler du cahier des charges à respecter, les vignerons prennent peur ». Korenika&Moskon, son domaine de 30 hectares est aujourd’hui le principal producteur en biodyamie slovène mais la conversion ne fût pas de tout repos. « Quand nous avons commencé notre conversion pour obtenir le logo Demeter, nous avons dû demander un partage d’expérience à des vignerons italiens ». Un changement de paradigme compliqué qui lui a fait perdre de nombreuses parts de marchés en Slovénie. Néanmoins, la vision des slovènes est en train de changer : « Le mouvement autour de l’agriculture biologique est en train de prendre de l’ampleur, et les gens commencent à y être sensibles », explique Samo Premrn du domaine Pasji Rep. Un effet boule de neige « qui pousse de plus en plus de producteurs à se tourner vers le bio » dans le pays. Et pourquoi pas à venir garnir les stands du Salon Millésime Bio.
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