Un drame humain
Le corps las et la tête baissée. Chaque jour, elles sont des centaines à se presser aux portes des centres de soins après des actes de maltraitance. Elles ont subi des viols à répétition, parfois sous les yeux de parents ou enfants, des enlèvements, des séquestrations. Elles se plaignent de maux de tête, de douleurs abdominales, certaines d’entre elles n’ont plus d’organes sexuels lorsqu’elles parviennent à atteindre les camps de réfugiés et les hôpitaux. Les hommes ne sont pas épargnés par les crimes sexuels. Des vieilles mains tremblantes aux yeux perdus des enfants, tout laisse penser que la guerre fait rage au Congo.
Une situation stagnante
En 2004, un rapport de l’organisation internationale Amnesty International [[www.amnesty.fr]] faisait déjà mention du drame qui était en train de se dérouler sur le territoire congolais. La situation était urgente et perdurait depuis plusieurs années.
« Dans de nombreux cas, des femmes et des jeunes filles ont aussi été utilisées comme esclaves sexuelles par les groupes armés. Des hommes et de jeunes garçons ont également été victimes de viols. Ces viols ont parfois été accompagnés ou suivis de blessures, d’actes de torture ou de meurtres. Souvent, ce sont des actes commis en public et devant des membres de la famille de la victime, notamment des enfants. Certaines femmes ont même été violées près des cadavres de membres de leur famille. »
Quatre ans plus tard, l’organisation mène toujours des actions pour être entendue. Dimanche 25 novembre 2008, des membres d’Amnesty International manifestaient sur la Place de la Monnaie de Bruxelles pour dénoncer la banalisation de ses actes.
Le 27 novembre 2008 à New York, des organisations non-gouvernementales (Oxfam, Refugees International, World Vision et Human Rights Watch) pressaient l’ONU [[www.monuc.org]] de faire le nécessaire pour mettre fin au conflit en garantissant la sécurité des civils.
Mais concrètement, sur le terrain, la situation ne cesse de se dégrader et les mesures ne sont pas prises. « La situation humanitaire est toujours aussi terrible » d’après Georgette Gagnon, directrice exécutive de la division Afrique de Human Rights Watch. Amnesty International s’indigne: « Dans un contexte d’effondrement de l’autorité de l’État dans l’est de la RDC, les lois nationales et le droit international ne sont plus respectés et toutes les factions armées ont perpétré et continuent de commettre en toute impunité des actes de violences sexuelles. »
Dans un pays où des millions de civils souffrent et meurent des traumatismes engendrés par des années de guerre, les structures de santé, loin de pouvoir accueillir tout le monde, s’effondrent par manque de moyens, surpopulation et pénurie de personnel.
Une arme de guerre
Un reportage de Susanne Babila, « Le viol, une arme de guerre au Congo », diffusé sur Arte en 2007, a mis en image les atrocités vécues par les populations congolaises. Médecins, humanitaires et psychologues s’indignent du silence qui a trop longtemps accompagné les victimes. Il ne s’agit pas d’actes isolés mais d’une véritable missive guerrière, venant toucher la population congolaise dans son intimité, fragiliser les structures familiales, favoriser la transmission du VIH et traumatiser durablement des populations. Le 17 janvier dernier, une résolution du Parlement européen [[http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?type=TA&reference=P6-TA-2008-0022&language=FR]] demandait à l’Union européenne et aux Nations unies « de reconnaître le viol, la grossesse forcée, l’esclavage sexuel et toute autre forme de violence sexuelle comme crimes contre l’humanité, crimes de guerre graves et comme une forme de torture, qu’ils soient ou non perpétrés de manière systématique ». Une condamnation attendue par les victimes.
Liens vers le film de Susanne Babila, « Le viol, une arme de guerre au Congo »:
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