Des bavures policières comme déclencheur, des perspectives sombres comme origine et des modes d’action similaires : de fait, des ressemblances existent. Mais la révolte grecque n’est pas la crise française : les crise financières et politiques s’en sont mêlées.
Même détonateur
En France, le 27 octobre 2005, deux adolescents, Zyed Benna (17 ans), et Bouna Traoré (15 ans) pris en chasse par des policiers, trouvent la mort dans une centrale EDF à Clichy-sous-Bois. Si les circonstances de l’évènement n’ont toujours pas été officiellement tirées au clair, la négligence des policiers est peu contestable. Dans la soirée, les tensions entre Clichois et policiers éclatent. C’est le début de plus de trois semaines de violences urbaines à travers la France.
À Athènes, c’est la mort du jeune Andreas Grigoropoulos qui a déclenché les violences. L’adolescent a été tué le 6 décembre 2008 dans le quartier d’Exarchia. Il faisait partie d’un groupe de trente jeunes qui lançaient des pierres et divers projectiles contre le véhicule de deux policiers. L’un des policiers est sorti et a tiré trois balles en direction de la victime, touchée mortellement à la poitrine. Le soir même, des affrontements contre la police se sont multipliés et propagés vers d’autres villes grecques.
Mêmes origines du mal ?
Les crises grecques et françaises expriment un profond malaise.
En 2005, le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy s’illustre dans des interventions « choc », déclarant « Je vais nettoyer la cité des 4000 au Kärcher », ou qualifiant les jeunes des banlieues de « racaille ». La situation économique et sociale n’est pas brillante, l’échec des politiques d’immigration et d’intégration cuisant. Si la situation est grave depuis de nombreuses années, le ras-le-bol social est monté en puissance.
Du côté grec, on le sait, la terrifiante et médiatique « crise financière mondiale » guette. 25% de chômeurs chez les moins de 24 ans, précarisation, économie parallèle en expansion, la situation économique est loin d’être réjouissante. Le mécontentement est aussi politique. La classe politique parait inefficace et trempe dans des scandales. L’actuel premier ministre Kostas Karamanlis est le symbole de ces politiques dont les jeunes grecs ne veulent plus.
Si les situations sont comparables, elles sont toutefois loin d’être identiques.
La crise française était le résultat d’une fragmentation sociale très pesante. C’est majoritairement la voix des quartiers « défavorisés » qui s’est exprimée en 2005. En Grèce, c’est dans le quartier d’Exarchia, dans le centre d’Athènes, qu’ont commencées les violences. Ce quartier, connu pour son côté bohème, a souvent été le théâtre de heurts entre forces de l’ordre et groupes anarchistes. La crise grecque parait être le résultat d’une forte lassitude politique et économique, plus que d’une isolation sociale.
Mêmes modes d’action ?
Dans les deux cas, les violences prennent essentiellement la forme d’incendies criminels et de jets de pierres contre les forces de l’ordre. Parfois, des émeutes ont éclaté. Principales cibles des incendies : véhicules [[Au 21 novembre, selon un total établi par la DGPN, 9 071 véhicules avaient été brûlés depuis le début des émeutes]] et édifices publics.
Les nouvelles technologies sont mises au service des violences : en France, les portables avaient permis aux participants de rassembler les plus jeunes, en Grèce, Internet et les blogs appellent à l’émeute.
Si, en France, le Président de la République n’avait pas hésité à décréter l’état d’urgence assorti d’un couvre-feu, en Grèce, l’action gouvernementale et policière grecque semble bien plus timorée. Les émeutes avaient duré un peu plus de trois semaines en France, qu’en sera-t-il en Grèce ?
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