Si le Cinemed rend hommage à Emmanuel Mouret, il est étonnant d’entendre le cinéaste répondre : «Je me considère toujours comme un débutant. Cet hommage, je le prend plutôt comme un encouragement».
Car, depuis Laissons Lucie faire en 1999, Mouret a fait son bout de chemin. Dans un style qui lui est propre, il n’a eu de cesse d’évoquer émois et marivaudages à travers de multiples saynètes.
Dans l’univers de Mouret, il a des femmes gracieuses, des hommes galants et des scènes fabuleusement burlesques. C’est ainsi que les objets du quotidien ont véritable une incidence sur la trame : dans Fais moi plaisir (2009), quand le rideau n’encombre pas le personnage, c’est le grille-pain qui fait des siennes.
Les maladresses s’enchaînent, sur fond de non-dits. D’aucuns le compareront (trop vite) à Beaumarchais ou Marivaux. Parce que faire ce raccourci, c’est oublier que, dans ces histoires-là, il y a cette part de possibles envisagés et d’actes manqués. L’instant d’une soirée, parfois le long d’une journée, les personnages songent à franchir cette ligne immanente qui séparent l’entendement et l’élan. Emmanuel Mouret explique ainsi qu’il préfère «laisser planer le doute et rester ambivalent», parce que «le lieu du cinéma, c’est ce qui est hors champs. Ce qui permet au spectateur de se construire un imaginaire.»
Parce qu’ils sont légers, les films d’Emmanuel Mouret n’en sont que plus doux-amer. La carte blanche qui lui est confiée pour la clôture de ce festival laisse ainsi entrevoir des influences cinématographiques qui lui sont chères telles Les onze Fioretti de François d’Assise de Rosselini ou encore Mon père avait raison de Sacha Guitry.
Parce que le cinéma de Mouret illustre des périodes transitoires où l’avant et l’après ont une incidence toute particulière, il y aura aujourd’hui, pour cette journée de clôture, comme un sentiment d’avant jour au Corum.
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