A la Paillade le bureau de poste reste dans le noir

Par le 14 décembre 2011

Deux à trois fois par jour depuis trois semaines, le système met à chaque fois une demi-heure pour se remettre en route. Les employés de la poste de la Paillade vivent avec un « gros souci technique », des pannes générales d’électricité . Plus rien ne marche, et les électriciens ne savent pas comment résoudre le problème. Le disque dur d’un ordinateur a fini par griller. Des fuites d’eau déjà existantes se sont aggravées pendant l’épisode cévenol de cet automne. Un agent précise que « la direction est au courant.» Tous les matins, les employés doivent enclencher eux-mêmes le levier du disjoncteur. Les conditions de travail sont très difficiles pour les agents, qui essayent tant bien que mal d’assurer leur « mission de service public ».

Les désagréments pour les usagers sont nombreux, puisque ni les guichets ni les automates (intérieurs comme extérieurs) ne fonctionnent pendant les coupures de courant. Les conseillers financiers reçoivent leurs clients dans la pénombre. D’après un membre du syndicat Sud, « comme le bureau n’est pas très rentable il y a du laisser-aller, mais ce sera réparé avant les fêtes car il y a du chiffre qui arrive. » Il ajoute que « si c’était arrivé à Rondelet ou à la Com’, la direction aurait réagi tout de suite. » Il est en effet surprenant de voir un bureau de poste « dans le top cinq de Montpellier en termes de trafic » livré à lui-même face à un dysfonctionnement de cette ampleur.

« Tous les bâtiments de la Poste sont vétustes à l’arrière. »


Le problème est plus structurel que ce que l’on pourrait croire. « Tous les bâtiments de la Poste sont vétustes à l’arrière. » Depuis trois ans, « il n’y a plus d’entretien ». L’humidité attaque les faux-plafonds qui s’effritent au-dessus des personnels au travail. Certains bureaux n’ont même pas de salle de repos. Le contraste entre la façade et le reste des bâtiments est saisissant. La partie publique de la plupart des établissements a été modernisée dans le but de mettre en valeur les divers produits que la Poste s’est mise à vendre. Autrement dit, la direction nationale a considérablement investi dans le visuel marketing. Mais l’ « arrière-boutique » a été complètement délaissée, obligeant les employés à travailler dans des salles décrépites.

De plus, la qualité de service se détériore. Après la victoire des grévistes à l’été 2010 pour maintenir les horaires d’ouvertures qui conviennent à un bureau fréquenté, la direction emploie une technique particulière pour payer moins de salaires. «A la Paillade, un seul guichet est ouvert dans le but de rallonger l’attente des usagers. Ainsi, le trafic finit par baisser et c’est le prétexte parfait pour licencier.» A cela s’ajoute la multiplication des automates, afin de remplacer au maximum le capital humain. Encore faut-il qu’il y ait de l’électricité.

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à propos de l'auteur

Auteur : Mitia Rames-Aptekier

Formé en Sciences Politiques, Mitia a eu des expériences professionnelles diverses avant de se tourner vers le journalisme d'investigation et les enquêtes qualitatives. Il est passionné d’histoire, d'économie, de politiques publiques, de stratégies de communication, de cinéma, de poésie, de philosophie, de langues, d'écriture, et pratique la musique. Il a par ailleurs gardé d'excellentes relations avec les administrateurs de Haut Courant après son Master en Métiers du Journalisme.