À Montpellier, Hamon veut faire battre un cœur « forcément à gauche »

Par le 11 janvier 2017

Dans une salle pleine, mais pas survoltée, le candidat à la primaire socialiste a lancé sa campagne dans le sud de la France. Revenu universel, droit inconditionnel au temps partiel, visa humanitaire, transition énergétique : Benoît Hamon soigne sa gauche à douze jours d’un scrutin qui peine à mobiliser.

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Une petite foule s’amasse devant les portes du Corum ce mardi 10 janvier. Simples « curieux » ou militants traditionnels du Parti socialiste, ils sont venus assister au premier meeting du candidat à la primaire socialiste dans le grand Sud. « Laissez vos coordonnées pour financer la campagne à Benoît ». À l’entrée, un soutien donne de la voix pour son candidat.

À 19h30, les 745 sièges de l’auditorium Pasteur sont occupés. Une cinquantaine n’a pas réussi à pénétrer la grande salle et doit se contenter de suivre le meeting sur des écrans. Le speaker annonce généreusement plus de 1 000 personnes, les jeunes socialistes s’agglutinent devant les coulisses, la musique de la pub Carrefour retentit : Benoît Hamon peut faire son entrée.

Cinq intervenants pour introduire les thèmes principaux

Cinq intervenants prennent la parole. Le député de la Loire, Régis Juanico, ouvre la soirée. Il justifie sa présence à Montpellier en répétant que ses parents vivent à Lattes et en clamant son amour pour le handball. Le porte-parole de Benoît Hamon se plaît à rappeler que Manuel Valls éprouve des difficultés à remplir des salles de 300 places. « Fraîcheur », « idées neuves », le stéphanois souhaite donner l’image d’une candidature en rupture avec celle de ses concurrents. Pourtant, comme beaucoup au Parti Socialiste, il revendique l’héritage de Michel Rocard et défend le parcours militant et l’expérience de son champion.

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À la suite d’une petite vidéo se voulant pédagogique sur le programme de l’ex-ministre préparée par les jeunes avec Hamon, Gabrielle Henry prend la parole. Élue au conseil départemental de l’Hérault, elle témoigne de son parcours en tant que personne en situation de handicap et relate quelques anecdotes concernant des migrants pour mieux mettre en avant les réponses de Benoît Hamon sur l’exclusion. Au tour de Thierry Salomon, membre de l’association Megawatt et spécialiste des questions de transition énergétique, de prendre la parole. Le speaker nous le répète suffisamment pour qu’on l’entende, cette parole n’est pas celle d’un élu mais émane d’une personne issue de la société civile dont il est le seul représentant ce soir. Présentée elle aussi comme une simple citoyenne, l’invitée suivante est pourtant élue au Conseil municipal de Montpellier. Clare Hart est également chef d’entreprise et présidente de la Fondation agir contre l’exclusion de l’Hérault. Venue parler de l’accueil des réfugiés et la lutte contre le Front national, elle offre une introduction toute choisie à la proposition du candidat d’instaurer un « visa humanitaire ».

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Une deuxième vidéo est projetée, avant de laisser la parole au président du groupe socialiste au conseil municipal de Montpellier, Michaël Delafosse. Le jeune loup du Parti socialiste héraultais chauffe la salle, à défaut de s’être chauffé la voix. Agité, il se tient debout et exhorte la « grande idée de la gauche » face au renoncement d’une partie de son électorat. Un style qui contraste avec celui de l’ancien ministre de la Consommation. Benoît Hamon se dit « très impressionné par vous tous venus ce soir », et ça se voit. Il salue ses soutiens, dont Pierre Cohen l’ancien maire de Toulouse, « l’autre grande ville d’Occitanie ».Il remercie Gabrielle Henry, exemple de la « société inclusive ».

Le fond avant la forme

Calme, le ton posé, Benoît Hamon à l’inverse d’autres candidats ne croit pas qu’il faille adopter une posture de présidentiable. Les yeux aux ciels, les bras levés, il se moque de l’attitude d’Emmanuel Macron. Il développe ses thèmes principaux, la raréfaction du travail et la nécessité de le partager. Il introduit sa mesure phare d’un revenu universel qu’il oppose aux « vieilles politiques qui ne marchent pas » de ses concurrents, celles des hausses et des baisses d’impôts ciblées. Le candidat estime qu’une croissance équivalente aux Trente Glorieuses ne reviendra pas et n’est pas souhaitable.

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Le candidat à la primaire du Parti socialiste mentionne Sanders, convoque Hugo et rend hommage à Rocard et Aubry. Il attaque ses adversaires aussi. Mélenchon sur l’Europe, Montebourg sur Schengen, Valls sur sa rhétorique droitière. Benoît Hamon termine son discours sur la culture, promettant de passer son budget de 0,8 à 1% du PIB et de réduire la concentration de ces subventions en Île-de-France.

À la sortie du meeting, quelques convaincus laissent leurs coordonnées aux équipes afin de participer à la campagne. Optimistes, ils observent une « bonne dynamique » qui pourrait profiter à l’élu de Trappes. Face à l’incertitude électorale ambiante, le candidat veut croire à un « choix dans les orientations politiques » plutôt que sur les personnalités.

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à propos de l'auteur

Auteur : Thibault Durand

Originaire de Lyon, j’ai grandi un clavier entre les mains et l’oreille scotchée à la radio. Attiré dans un premier temps par les grandes problématiques mondiales, j’ai suivi une Licence en Droit et Science politique axée autour des relations internationales. Une première expérience en presse quotidienne régionale m’a ensuite permis d’élargir le champ de mes centres d’intérêt et ma compréhension du monde local. Mon arrivée à Montpellier en Master 1 de Science politique, a contribué à parfaire ces connaissances, ainsi que mon analyse des médias et de leur mécanique, de leurs contraintes mais également des opportunités de ce milieu. J’ai également pu faire mes premières armes dans mon média de cœur : la radio. Comme Warren Ellis, j’estime que « le journalisme, c’est une folle passion. C’est pour les gens intenses et à moitié cinglés qui en ont quelque chose à secouer ! »