« Pour moi, la peinture est plus qu’un sixième sens. C’est un organe supplémentaire aussi important que le cœur ou les poumons. » Erka peint depuis l’âge de sept ans. Autodidacte, elle avoue dans un sourire : « au début, je gribouillais sur les murs. Maintenant, j’ai changé de support ».
Elle définit son œuvre comme de l’« expressionnisme abstrait ». L’art contemporain dans toute sa splendeur. « Je ne cherche pas forcément à faire une belle technique. Pour moi, l’important est que les gens soient émus par la peinture. »
Toutes les œuvres d’Erka ont un titre. L’un d’eux invite à Chercher la Rose. « Si les visiteurs ne la trouvent pas, ils ont un sentiment de frustration. Mais ils ont envie d’y retourner pour enfin la trouver ! »
« Capable de laisser tomber mon chariot »
Par soucis de perfection sans doute, Erka reconnaît avoir détruit une centaine de ses toiles alors qu’elle en a peint environ deux cents. « Il faut que l’œuvre dépasse l’artiste, qu’elle lui soit au-dessus. En cas de rafistolage ou si le travail est laborieux, ce n’est pas intéressant. » Dès lors, la peinture ne peut procurer aucune émotion et elle termine son existence bien plus vite que prévu.
« Je peins tout le temps dans ma tête. Si j’ai une idée loin de mon atelier, je suis capable de laisser tomber mon chariot et de quitter le supermarché au plus vite pour rentrer chez moi. J’assure que ça m’est déjà arrivé plus d’une fois. »
Une fois pourtant, elle a arrêté de peindre. Elle était dans la tribune qui s’est effondrée à Furiani. Blessée dans le corps comme dans la tête, elle a mis dix ans à s’en remettre. La peinture, son organe supplémentaire, lui a permis de se reconstruire plus facilement.
Son atelier, c’est chez elle, à Biguglia près de Bastia. Une douzaine de mètres carrés, trois fenêtres et vue sur le jardin. « Pour peindre, j’ai besoin d’une ambiance. J’écoute de la musique classique comme Sati ou Mahler. J’aime aussi entendre du théâtre de n’importe quel style. Les voix me mettent sous tension. » Erka se demande même si le Sahara, qu’elle rêve de découvrir, ne pourrait pas lui inspirer ses toiles. « Mes voyages m’inspirent beaucoup. Une a été faite de retour d’Australie où j’ai rencontré des Aborigènes. »
Cela ne l’empêche d’avoir en elle « tous les défauts de l’artiste : passionnée, exubérante, renfermée ». Et certainement d’autres encore. Mais au fond, elle « a bon cœur ». C’est sa mère qui le dit.
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