L’amour en question : altérité et absolu
« Il ne faut jamais dire qu’on a un cancer » lui avait affirmé le Pr Debré : « le cancer fait le vide autour de vous. » Franz-Olivier Giesbert a pris le conseil de son médecin à contre-pied pour engendrer Un très grand amour, récit dans lequel il dédramatise sa maladie. Il y raconte l’histoire d’un homme atteint d’un cancer de la prostate, depuis le diagnostic jusqu’à la rémission. Si le cancer est bel et bien présent dans cette biographie romancée, « la maladie n’est qu’un personnage secondaire. C’est avant tout une histoire d’amour. »
L’amour, c’est d’ailleurs l’un des sujets favoris de Franz-Olivier Giesbert : « j’ai voulu partager une expérience sur l’amour. Le chagrin d’amour m’a démoli, pas la maladie« . Donc, résolument optimiste, il s’est même abandonné à quelques envolées lyriques : « les femmes avec qui l’on veut vivre ne sont pas forcément celles pour qui l’on peut mourir« , « il m’a fallu soixante ans pour découvrir les vertus de la fidélité » ou encore « j’ai divorcé de femmes absolument remarquables : la preuve je les avais épousées. » Le titre de son roman n’a pas été choisi au hasard. Référence explicite est faite à Spinoza : le très grand amour est celui qui constitue un « accroissement de soi-même. » Bref, pour Giesbert, cette quête de l’amour absolu nous rappelle un peu la course de Perceval vers le célèbre Saint Graal. On apercevrait presque Blanchefleur… L’amour courtois en somme.
De l’éthique journalistique
Si Franz-Olivier Giesbert est romantique, une partie de l’assemblée l’est un peu moins. En effet, le journaliste Pierre Carles [ Journaliste et documentariste, il développe à travers ses films une critique de l’espace médiatique, dont il dénonce les connivences croisées. Il est l’un des membres fondateur du journal de critique des médias Pour lire pas lu (PLPL), devenu Le Plan B au printemps 2006.]] est très en forme : « pourquoi le Club de la Presse a-t-il invité Franz-Olivier Giesbert en tant que journaliste, alors que ce n’est qu’un imposteur ? » D’une pirouette, le directeur du Point rétorque : « quand on réussit, on a beaucoup d’ennemis. Les caniches aboient, la caravane passe. » Le créateur du [Plan B lui reproche une hypocrisie apparente lorsqu’il affirme, dans l’émission « Huit journalistes en colère« , que « le vrai patron du journal, c’est le lecteur« , l’accusant de connivences. Il n’hésite pas non plus de le taxer de « calamité du journalisme« . Devant une audience agacée, F.O.G. affirme : « je suis l’ennemi à abattre pour les journalistes qui pensent qu’ils peuvent faire leur journal sans se fier au lecteur. Il faut établir un pacte de confiance. Si l’on fait des titres exclusivement racoleurs, le lecteur se lasse. Il faut trouver un juste équilibre entre la loi du marché et les attentes du lecteur. » Selon Giesbert, si certains journaux vont mal, c’est parce qu’ils négligent ce paramètre là. Et de rajouter : »alors, ces journaux tendent la main à l’État. Je suis contre ces aides. Le Point n’en reçoit pas. D’ailleurs nous ne sommes même pas allés aux États Généraux de la Presse. »
Imperturbable, Franz-Olivier Giesbert n’est pas non plus désarçonné lorsqu’une personne de l’assemblée lui demande comment un journaliste de son état, profession prenante, trouve le temps d’écrire nombre de fictions ? Prolifique, il l’est depuis sa jeunesse. Il avoue avoir rêvé de devenir écrivain et être devenu journaliste par nécessité : » entre 12 et 20 ans, je rédigeais environ deux romans par an. » La fiction est donc un échappatoire qui lui est cher : « le journalisme, c’est un métier absorbant, ça vous dévore, il faut aussi faire autre chose… »
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