La bande-annonce s’avérait prometteuse, mais le film en son entier est bien loin du compte.
Le pitch s’annonçait attrayant – comment le système bancaire corrompt la race humaine – mais sa mise en scène réalisée par Costa-Gavras le vide de tout intérêt.
Le casting semble mal choisi : Gad Elmaleh s’essaie en requin de la finance et tend à faire du film une tragi-comédie davantage qu’un thriller financier. Les personnages sont odieux ; mais il fallait bien s’y attendre dans ce milieu, et ne captivent en rien le spectateur. Le choix des répliques s’apparente à une succession d’expressions capitalistes, qui, mise bout à bout finissent d’achever l’attention de l’auditoire qui perd vite le fil de l’histoire.
« Continuons à prendre aux pauvres pour donner aux riches » [[Citation du film]]
Sur grand écran, les financiers s’illustrent ainsi sous leurs plus mauvais jours. Les scènes s’enchainent sans laisser le temps de tout bien comprendre. On passe de Paris à Miami, de Tokyo à New-York et les réactions des uns et des autres sont aussi surprenantes que les rebondissements laissent à désirer. De trahison en faux-semblants l’univers des traders semble aussi palpitant qu’une journée de débat à l’Assemblée Nationale. Encore que les sujets débattus y sont relativement maitrisés. Dans « Le Capital » Gad Elmaleh campe le président d’une des plus grandes banques européennes. Parvenu à ce poste par une sombre manoeuvre de financiers véreux, il enchaine les décisions les plus abracadabrantesques au gré de ses envies, sans stratégie apparente il se fait la marionnette de plus puissants que lui. Comble de l’histoire : il parvient à se maintenir à son poste et renouveler sa présidence à la direction du groupe. Abandonnant derrière lui tout scrupule, et avide de pouvoir et d’argent, il ne semble guider que par la quête du « toujours plus ».
Vraisemblablement le public visé sortait tout droit d’HEC et le plaisir du cinéma se voit complètement mis de côté. Si vous ne sortez pas d’une grande école, il faudra s’accrocher pour suivre l’histoire du début à la fin. Déroutant, certes, mais pas forcément dans le bon sens du terme : en témoigne les ronflements de mon voisin de salle sombre.
Traiter le système bancaire en période de crise aurait pu s’avérer payant, mais on est bien loin de l’authenticité fracassante de « Margin call » . Sorti en 2011 le film suivait des traders de Wall Street à la veille de l’éclatement de la crise des subprimes. Compréhensible et incisif, il plongeait le spectateur au coeur du milieu. Avec « Le Capital » la seule immersion que pourrait connaître l’auditoire serait au coeur de son propre ennui.
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